CONCLU six ans après l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, cet accord portait notamment sur le commerce général, le transport aérien, la fourniture du pétrole, le protocole d’accord portant création d’une commission spéciale mixte en matière commerciale. Mais l’institutionnalisation de la grande commission mixte RDC-Iran ne s’est jamais concrétisée. En tout cas, elle restera encore longtemps en projet au regard de l’ukase décrétée par Donald Trump : quiconque fait du business avec l’Iran doit se désengager des États-Unis.
Partenariat ACP-IRNA
À ce jour, le dernier accord de coopération entre une entreprise iranienne et celle de la République démocratique du Congo remonte à fin mai, quand Jahanbakhsh Hassanzadeh, l’ambassadeur de la République islamique d’Iran en RDC, a confirmé le partenariat entre l’Agence congolaise de presse (ACP) et l’Agence iranienne de presse (IRNA). L’accord porte sur la formation des journalistes, la fourniture des équipements, les échanges d’expériences et les visites d’études. « La RDC et l’Iran ont presque la même histoire dans la mesure où ces deux pays sont victimes de diabolisation de la part de certaines puissances occidentales qui, à travers les médias qu’ils dirigent, diffusent des contre-vérités sur leurs dirigeants… ».
En février 2017, le diplomate iranien déclarait que « la République islamique est disposée à mettre son expérience et ses capacités techniques à la disposition de la RDC ». Les domaines visés sont notamment l’industrie et l’agriculture, confiait-il, tout en rassurant notamment sur l’intérêt du secteur privé iranien à investir et à réaliser des projets en RDC, afin de jouer un rôle actif dans le programme de reconstruction et de modernisation de la RDC. Depuis, l’on n’a rien vu venir, sinon que l’ambassade d’Iran n’organise même plus la foire des produits iraniens qui se tenait au Jardin botanique de Kinshasa.
Cruche Bank
Pourtant, il y a un peu plus de 10 ans, (feu) l’abbé Malu Malu qui s’est bâti une certaine renommée internationale pour avoir présidé la Commission électorale indépendante (CEI) chargée d’organiser les premières élections libres de l’histoire de la RDC, tenait à emmener des investisseurs iraniens à Butembo, où il était compté parmi les actionnaires d’une nouvelle banque, Cruche Bank. Les Iraniens de Malu Malu devaient injecter 10 millions de dollars dans la Cruche. Mais on ne sait pas trop comment et pourquoi, les Iraniens n’ont plus fait le déplacement de Butembo. Et Cruche Bank a été liquidée en 2007, alors que l’abbé en froid avec la hiérarchie catholique locale, meurt de maladie le 30 juin 2016 à Dallas aux États-Unis. Début août 2017, en visite à Téhéran, Léonard She Okitundu, le vice-1ER Ministre et ministre des Affaires étrangères, déclarait que « la RDC est intéressée à renforcer les liens avec la République islamique dans les domaines de l’énergie, de la construction et de l’équipement des hôpitaux, de l’assainissement, de la construction de routes, de la tenue de la foire à Kinshasa, de la reconstruction des bâtiments publics et de la participation à des projets d’urbanisme ».
Fin novembre 2017, grâce à un financement de Téhéran, la Croix-Rouge de la RDC, en partenariat avec le Croissant-Rouge de la République islamique d’Iran et le ministère des Affaires sociales ont ouvert un centre d’appareillage orthopédique à Kalembelembe à Kinshasa. Ce centre comprend les salles de machines, d’orthoses, des prothèses, de coulage, ainsi que celle de la modification de coulage et des ateliers de montage. Il est capable de fournir divers appareils orthopédiques pour les personnes vivant avec handicap et d’offrir une production mensuelle moyenne de 25 à 30 appareils (orthèses, prothèses, chaussures ortho, semelles et cannes anglaises).
Y sont également prévus, des consultations médicales en kiné, visites et suivis médicaux. Il sied de rappeler que l’Iran avait versé, en juin 2010, un montant de 3,2 millions de dollars en vue de soutenir des projets à caractère social en République démocratique du Congo, particulièrement dans les domaines scolaire et sanitaire. Officiellement, la présence iranienne en RDC se limite encore en de petits coups de pouce financier
Affaire uranium
Le seul deal entre la RDC et l’Iran qui puisse vraiment intéresser les États-Unis est le présumé contrat sur l’uranium. L’administration Trump a, on le sait, retiré les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, redoutant que le régime des Ayatollahs ne se dote, en catimini, de la bombe atomique. En 2010, un groupe de députés iraniens a, en effet, effectué « une visite amicale sur invitation des députés de la RDC », soutenait-on officiellement à Kinshasa. Mais la présence des parlementaires iraniens en RDC qui dispose d’uranium naturellement enrichi, est loin de rassurer la communauté internationale, selon les médias occidentaux. Une visite qui pour certains observateurs permet de « baliser le chemin » au pouvoir de Téhéran. Par le biais de la coopération, Téhéran pourrait profiter des faiblesses du pays pour se doter de cet uranium. L’inquiétude est grandissante dans la mesure où la seule mine d’uranium du Congo démocratique, située à Shinkolobwe dans le Sud-Est, officiellement fermée depuis 1960, est régulièrement investie par des groupes mafieux.
Et l’Iran ne serait pas à sa première tentative d’extorsion de l’uranium congolais. En août 2006, le célèbre journal britannique le « Sunday Times » avait révélé qu’une importante cargaison d’uranium 238 en provenance de la RDC à destination de l’Iran avait été saisie en Tanzanie. L’information avait été démentie par les autorités iraniennes et congolaises. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a ouvert une enquête à ce sujet. Il faut relever que c’est l’uranium de la RDC qui a servi à la fabrication de la première bombe atomique larguée en 1945 à Hiroshima pendant la Deuxième guerre mondiale.
Jihadisation de la RDC
Les craintes des puissances occidentales se situent également au niveau du ralliement par les « Mollahs » des populations vulnérables, à la doctrine chiite. Certes, le Congo démocratique est en majorité constitué des populations chrétiennes, mais la pauvreté grandissante, la crise économique, le chômage qui touche près de 80 % des jeunes, sont des facteurs à faciliter l’endoctrinement. En effet, depuis quelques années, les Mollahs iraniens écument les quartiers pauvres des capitales africaines afin de recruter des « futurs kamikazes ».
« L’attitude attentiste et surtout naïve des autorités congolaises, incapables de contrôler les 9 000 km de frontières avec les pays voisins dont l’Angola, le Rwanda, le Burundi etc., laisse dubitatif, et ne rassure surtout pas quant à la sortie de crise du pays », conclut « The Sunday ». L’Iran aurait servi d’intermédiaire dans la vente des armes nord-coréennes à la RDC. En 2015, un rapport confidentiel du comité des sanctions de l’ONU affirme que Pyongyang aurait fait parvenir des armes à l’armée régulière congolaise (FARDC). C’est au cours d’une mission en RDC que les experts onusiens ont découvert que des armes fabriquées à Pyongyang se trouvaient dans les mains de casques bleus et de policiers congolais dépêchés en République centrafricaine.