« Les affaires du milliardaire nigérian prospèrent très vite dans les pays où il a implaté ses entreprises.
Les investissements africains de Dangote Cement commencent à porter leurs fruits, après un commentaire de directeur général au moment de la publication de ses résultats intermédiaires comptant pour le premier trimestre 2015, rapporte l’Agence Écofin.
Il ressort, en effet, des résultats que le chiffre d’affaires (114,7 milliards de nairas, soit environ 577 millions de dollars) du premier groupe cimentier nigérian s’est affiché en hausse de 10,8% sur la période, comparé à celui de 2013. Le résultat net ressort à 68,6 milliards de nairas (344,6 millions de dollars), en hausse de 44,5% comparé à celui du premier trimestre 2013.
La principale explication à cette performance tient à la hausse des volumes de ciment produits. Ils ont atteint 3,8 millions de tonnes sur la période, tirés par les contributions de nouvelles usines notamment au Sénégal, au Cameroun, mais aussi au Nigeria où le groupe a lancé de nouvelles unités de production. Le groupe avoue aussi avoir profité de la baisse des prix du pétrole, qui a eu un impact réducteur sur les dépenses énergétiques, permettant ainsi d’avoir une politique des prix plus flexible.
L’annonce des résultats n’a cependant pas eu l’effet d’un boost sur les performances boursières de l’entreprise. Après une période de hausse soutenue entre mars (+4,58%) et avril 2015 (10,08%) son titre connaît des hauts et des bas depuis le début de ce mois.
Dans le même temps, de nombreux investisseurs institutionnels étrangers semblent encore observer l’évolution des choses sur le Nigeria Stock Exchange, après les désinvestissements massifs du début d’année, du fait notamment de l’incertitude qui planait sur les élections et un contexte macroéconomique touché par la baisse des prix du pétrole, la principale ressource de revenus du pays.
Sénégal : bras de fer avec un concurrent
Au Sénégal, par contre, la guerre fait toujours rage entre deux cimentiers présents au Sénégal : le géant nigérian Dangote et son rival français Vicat. Alors que Dangote a démarré ses activités au Sénégal depuis décembre 2014, son concurrent français accuse l’État sénégalais d’avoir favorisé le milliardaire nigérian.
Le Français Vicat est bien décidé à faire condamner l’État sénégalais. Ce qui provoque la colère du cimentier qui n’a pas dit son dernier mot. Selon Boubacar Camara, président du Conseil d’administration de la Sococim, la filiale locale du cimentier Vicat au Sénégal, les autorités sénégalaises ont permis à Dangote d’outrepasser toutes les réglementations sociales et environnementales que nécessitent les activités liées à la cimenterie.
Dans une interview accordée à AFRIK.COM en mars 2014, Boubacar Camara affirmait que depuis qu’il a implanté son usine de ciment au Sénégal, Dangote n’a respecté aucune réglementation : ni minière, ni foncière ou environnementale ». Pour le responsable de Sococim, « il ne fait pas de doute que Dangote a été favorisé. Le Sénégal l’a laissé faire. Mais la conséquence, c’est le traitement inégal des investisseurs du pays, alors que le code des investissements, le code de l’UEMOA et le code minier garantissent une égalité entre investisseurs ».
Selon le dirigeant de Sococim, « les arbitres des deux parties sont désormais désignés, la procédure suit son cours au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), à Washington. Le lancement de l’usine rend l’évaluation du préjudice plus facile ».
« Il n’y avait pas de problème dans le secteur du ciment au Sénégal avant l’arrivée de Dangote », estime Boubacar Camara. Le groupe français a même été jusqu’à déposer, le 6 novembre dernier, une demande d’arbitrage à la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) à Abidjan pour « distorsion de concurrence ».
De son côté Dangote a toujours refusé de commenter ce litige dans la presse. Néanmoins, le géant nigérian accuse Vicat « de propager des informations mensongères à son encontre », affirmant que le groupe français n’a pas hésité à adresser de faux rapports aux autorités sur les tests environnementaux réalisés par Dangote Cement ».
Le litige entre les deux parties date de la présidence de l’ancien chef d’État Abdoulaye Wade. Il n’est visiblement pas prêt d’être résolu.
Cameroun : plus de 18 000 tonnes déjà vendues
Voilà un peu plus de trois semaines que le ciment sorti de la nouvelle usine de Dangote Cement implantée à Douala, est sur le marché camerounais. Plus de 18 000 tonnes ont déjà été écoulées dans le pays. C’est 15% de la production globale annoncée par la filiale camerounaise d’une des entreprises de l’homme le plus riche d’Afrique. Elle devrait atteindre 50% à la fin du mois d’avril 2015. C’est du moins ce que souhaitent les responsables de Dangote Cement Cameroon qui viennent de recevoir la presse nationale et internationale à Douala. Ils se disent néanmoins déjà satisfaits des premiers pas de leur bébé au pays de Roger Milla.
Le ciment Dangote est présenté comme un ciment rempli de qualités. « Il est extrêmement fin, a une couleur appréciée et la force d’un matériau qui durcit assez rapidement », explique Pidy Kobba. Dangote Cameroun veut exposer ses produits dans 50 % des points de vente de matériaux de construction disséminés à travers le Cameroun. Il sera présent dans tout le pays, réparti ici en cinq régions qui comprennent des zones administratives et géographiques bien ciblées. La plus importante est celle qui comprend le Littoral, le Sud-Ouest et la localité de Kribi. C’est là que sera domiciliée la plus grande quantité de distributeurs. Soit 39%.
La troisième rassemble l’Ouest et le Nord-Ouest. La quatrième regroupe le Nord, l’Extrême-Nord et l’Adamaoua. Le management de l’unité de production indique que 39% des distributeurs seront basés dans la zone Littoral-Sud-Ouest et Kribi. La seconde accueillera 24 % des vendeurs, la troisième 12%, 14% dans le Nord et 11 % dans l’Extrême-Nord. Le top management de Dangote Cement au Cameroun s’apprête à lancer une campagne de promotion au cours de laquelle elle fera davantage connaître la filiale locale de la multinationale nigériane.