Le volume des transferts d’argent entre Kinshasa et Luanda est en baisse depuis quelque temps. C’est la conséquence de la décision prise par le gouvernement angolais de faire du kwanza l’unique monnaie à utiliser dans les transactions financières locales.
L’envoi d’argent en Angola, par le biais de petites agences, n’est plus ce qu’il était jusqu’à une date récente. Avant, il était possible de transférer n’importe quelle petite somme, à partir de 20 à 30 dollars. Dorénavant, il faut un minimum de 300 dollars, depuis que Luanda a décidé de remettre sa monnaie, le kwanza, au premier plan par la dédollarisation de son économie. « Entre les deux capitales, l’essentiel de nos échanges se fait en dollars. La décision de Luanda crée pour nous un important manque à gagner qui peut se chiffrer à plusieurs milliers de dollars », se plaint le responsable d’une agence de transfert de fonds dans la commune de Kasa-Vubu. La mesure s’applique également à ceux qui vivent en Angola et souhaitent envoyer un peu d’argent à leurs familles à Kinshasa. « La majeure partie de nos clients est constituée de petits débrouillards et ceux qui remplissent cette condition sont plutôt rares », commente un autre responsable d’une agence d’envoi d’argent. La capitale angolaise n’est pas l’unique lieu où sont installées des messageries de ce type. Il y en a aussi à Mbanza Kongo (province du Zaire) ; à Lubango (province de Huila) ; à Cabinda et à Saurimo (province de Lunda Norte). La forte communauté congolaise vivant en Angola, basée surtout dans les zones minières, fait confiance à ces structures, notamment pour des raisons de proximité, de rapidité et du faible pourcentage prélevé sur chaque envoi (environ 8 % par rapport aux agences internationales). Les plus en vue des agences du secteur sont pénalisées. Elles emploient une cinquantaine de personnes, en termes d’emplois directs, et plusieurs manutentionnaires, hormis le personnel basé à Luanda. Depuis des années, à l’instar de la République démocratique du Congo, l’Angola connaît une forte dollarisation de son économie. D’où l’engagement de changer la donne en redonnant au kwanza, la monnaie nationale, ses lettres de noblesse sur le marché local. La devise américaine ne devrait plus être utilisée que dans les transactions internationales. Les grandes messageries, dont Western Union, ne sont pas concernées par l’augmentation des sommes à expédier en Angola à partir de la RDC. « Les choses sont au beau fixe, le transfert d’argent entre Kinshasa et Luanda, et vice-versa, ne pose jusqu’ici aucun problème, à l’envoi comme à la réception », indique un agent de cette agence. Quant aux autres, elles rassurent leurs clients en disant que les turbulences sont passagères. Les responsables affirment ne rien craindre et être prêts à parer à toute éventualité, car leurs établissements respectent les lois congolaises et angolaises, eux qui vivent à cheval entre les deux pays voisins.