Le ministre des Transports et Voies de communication, Justin Kalumba, a lancé depuis jeudi 20 mars au Beach Ngobila à Kinshasa la campagne « port obligatoire de gilet de sauvetage ». Il a déclaré que toutes les embarcations naviguant sur les cours d’eau congolais devraient désormais compter autant de gilets de sauvetage que de passagers à bord. Bien que le ministre place cette campagne dans le cadre du programme d’assainissement des conditions de navigation sur le fleuve et sur les lacs congolais, des experts trouvent que ces mesures restent trop insuffisantes pour sécuriser les passagers à bord des engins roulant sur les eaux. «
Nous pouvons comprendre qu’en cas de naufrage il y ait peut être des pertes matérielles. Des marchandises qui se perdent, le bateau lui-même qui fait un échouement. Mais nous devons sauver l’essentiel c’est-à-dire la vie humaine. Voilà la pertinence de cette campagne qui impose à tous les armateurs de détenir des gilets de sauvetage
Justin Kalumba, Ministre congolais de Transpor
Nous pouvons comprendre qu’en cas de naufrage il y ait peut être des pertes matérielles. Des marchandises qui se perdent, le bateau lui-même qui fait un échouement. Mais nous devons sauver l’essentiel c’est-à-dire la vie humaine. Voilà la pertinence de cette campagne qui impose à tous les armateurs de détenir des gilets de sauvetage », a expliqué Justin Kalumba. Du côté des armateurs, ils se demandent dans quel marché ils vont pouvoir s’approvisionner d’autant plus que les équipements d’embarcations et autres gilets de sauvetage sont introuvables. Pour assurer la fourniture du marché congolais en gilets de sauvetage, le gouvernement a signé un protocole d’accord avec les Etablissements GTL qui n’ont importé jusque là que 3 000 pièces. Ce qui est très insignifiant au regard du nombre de passagers qui voyagent sur les bateaux, pour ne pas citer des barges bondées.
Est-il réaliste de prendre une telle mesure sachant que son application sera nulle. Le ministre a indiqué qu’« aucune embarcation ne peut quitter le port d’attache s’il ne justifie du nombre de gilets équivalent au nombre de personnes à bord ». Où vont-ils se ravitailler ? Or Justin Kalumba promet les premières sanctions contre les commissaires fluviaux pour faire respecter la mesure. « Si nous trouvons un bateau qui quitte son port d’attache sans le nombre de gilets équivalent au nombre de personnes à bord, la première sanction s’applique sur le commissaire fluvial », a-t-il fait savoir. Mais le ministre de transport devrait plutôt mettre l’accent sur l’approvisionnement de ces équipements par la SCTP, société de transport public de la RDC, qui ne se contente que de 300 gilets de sauvetage achetés pour son bateau d’une capacité de 250 passagers qui assure le trafic entre Kinshasa et Brazzaville.
Ignorant les autres itinéraires.
Ce n’est donc pas pour demain que les accidents de navigation seront évités. Effectivement, de nombreux cas sont régulièrement enregistrés sur les cours d’eau congolais, causant plusieurs victimes. Pour y mettre fin, le ministre des Transports a pris une série de mesures notamment celle d’interdire à toutes les embarcations de naviguer la nuit et le retrait du permis d’appareillage en cas de surcharge et d’embarquement de passagers en surnombre.
C’est le surcharge qui est souvent à la base de plusieurs naufrages. Sur le lac Kivu, plus de 70 passagers ont été sauvés de justesse sur un bateau dénommée « Biega » en difficulté parti de Goma vers Bukavu. On note toujours une controverse entre le comité des armateurs congolais et la Régie des voies fluviales sur la cause de ces accidents assez fréquents. Parfois ces sont des bateaux vieux de plusieurs années, surchargés et dont des heurts brisent facilement la charpente causant parfois des déchirures dans la coque où ailleurs. Le comité des armateurs accusent régulièrement la Régie des voies qui, selon eux, s’empressent à percevoir des multiples taxes sans songer au balisage des biefs navigables. Au delà de toutes ces causes d’accident, il faut noter aussi le manque d’expérience de certains capitaines non formés, qui ne sont même pas capables d’interpréter les signaux. C’est pourquoi l’on continue à enregistrer des accidents sur le fleuve comme le fait observer le rapport d’un bateau privé entré en collision avec un boat provoquant 9 morts, 22 disparus et une cinquantaine des rescapés en décembre dernier au niveau de Maluku.