Lorsqu’il s’agit d’accéder aux prêts, les portes des institutions bancaires en RDC ne sont pas bien ouvertes aux petites et moyennes entreprises, pourtant présentées comme des stimulateurs du développement.
Toutes les analyses développées, ces derniers temps, dans le pays et dans la région, convergent autour de la promotion des activités des petites et moyennes entreprises, vues comme des vrais moteurs du développement. Lors de leur sommet, tenu à Kinshasa, en février dernier, les Chefs d’Etat et de gouvernement des vingt pays membres du Marché commun pour l’Afrique orientale et australe (Comesa) ont insisté sur la nécessité de soutenir, à travers notamment des crédits bancaires, ces structures porteuses d’espoirs. Elles ont l’avantage d’être plus proches des populations et susceptibles de se diffuser plus rapidement et d’accroître, significativement, l’offre d’emplois. « Faute d’expérience en matière de gestion des grandes structures industrielles et commerciales et devant la difficulté de mobiliser des gros capitaux, la micro, petite et moyenne entreprise représente une voie plus appropriée pour nos populations d’entrer dans la culture d’entreprise et de tirer rapidement les dividendes de la mise en valeur de nos ressources naturelles », avait déclaré Joseph Kabila, président en exercice de cette organisation régionale. Mais, dans son pays, l’accès aux crédits bancaires pour les PME ressemble à ce passage dans un chas d’une aiguille. Marginalisées, les banques commerciales ne leur accordent que difficilement des prêts. L’Association congolaise des banques (ACB) s’en défend. Pour son président, Michel Losembe, l’intelligibilité des projets bancables et le faible taux de bancarisation dans le pays font partie des contraintes qui empêchent l’octroi des crédits aux PME. Selon lui, les PME doivent présenter des projets intelligibles, pour avoir plus de chances de recevoir les crédits bancaires qu’elles demandent. L’intermédiation, qui devrait les aider dans ce sens, n’est pas très exploitée. Son taux reste l’un des plus bas au monde. La plupart des PME ne sont pas incluses dans le circuit bancaire, dans un pays où le taux de bancarisation ne dépasse pas les dix pour cent de l’ensemble de la population. La Banque centrale du Congo (BCC) souhaite d’ailleurs que ces unités puissent bénéficier des formations appropriées, sur la vie bancaire. Pour l’ACB, il existe également une inadéquation entre la demande en crédits et le dépôt de liquidité que les banques reçoivent de la BCDC. « L’activité des crédits n’intervient qu’en deuxième position. Les banques sont là, premièrement, pour collecter l’épargne. Elles ne créent pas l’argent qu’elles prêtent. Elles sont là pour prêter les fonds qu’elles collectent », indique Michel Losembe. « Il faut que les Congolais aient, à nouveau, confiance dans leur système financier, qu’ils viennent y déposer des fonds qui circulent pour l’instant en espèces. A partir du moment où les banques deviennent le gardien de cette liquidité, elles vont commencer à financer les parties de l’économie qui en ont besoin et créer un effet de levier qui permette un décollage économique », expliquait-il. Les banques commerciales congolaises ne possèdent donc pas des moyens adéquats pour être très actives dans le marché de prêt, compte tenu du faible taux des épargnants.
Frein au développement
Sur une vingtaine d’institutions bancaires, rares sont celles qui sont souples à accorder des crédits aux PME. Quelques nouvelles venues tentent de le faire, mais sans trop d’efficacité. Le taux d’intérêts très élevés, tournant autour de 20%, n’incite pas à la demande des crédits, surtout que des échéances de remboursement sont généralement courtes, ne dépassant pas 36 mois. Face à ce tableau, la vision du gouvernement, consistant à voir les PME jouer un rôle central dans les objectifs du développement de la RDC, par la création d’une classe moyenne, vire pratiquement à l’illusion. Il est difficile d’envisager un développement économique sans un apport réel des banques, reconnues comme la pierre angulaire du développement et un vecteur déterminant de la croissance économique. Pour la Banque mondiale, la possibilité d’accéder au crédit constitue un indicateur important dans l’identification d’un environnement propice à l’investissement.
Elle en tient compte dans l’élaboration du rapport Doing Business. L’apport des commerciales dans le développement de l’économie en RDC reste, à ce titre, faible.
Or, l’objectif principal des banques commerciales est de «ré-intermédier» l’économie. « On accompagne la croissance dans une moindre mesure. Nous sommes loin de ce que nous devons faire », a reconnu Michel Losembe, devant les étudiants de l’université de Kinshasa, en juin dernier.