Les produits et services offerts par les banques

Grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, les offres sont désormais améliorées et diversifiées. Et le téléphone mobile est en passe de devenir la banque de demain car il permettra sans doute d’atteindre les exclus du secteur financier formel.

D’une manière générale, les produits et services offerts par les banques de détail englobent l’épargne, le crédit, les transferts d’argent au niveau national ou international ainsi que les systèmes de paiement à distance utilisant la téléphonie mobile, l’internet, les distributeurs automatiques de billets, les systèmes de paiement par cartes aux différents point de vente. L’amélioration et la diversification des produits, y compris leurs canaux de distribution, sont rendues possibles et stimulées par diffusion de ces nouvelles technologies.

La fourniture des services bancaires par téléphonie mobile permettra sans doute d’atteindre un segment de population non-bancable que n’aurait autrement pas pénétré le secteur financier formel.

Selon les témoignages des consommateurs de produits et services bancaires, l’épargne est le produit financier le plus fréquemment utilisé. La population préfère faire son épargne en dollar (prudence oblige) du fait que le pays a connu durant la décennie 1990, des épisodes de très forte inflation (avec un taux d’inflation moyen de plus de 800 %) qui ont conduit les agents économiques à trouver refuge dans les devises étrangères pour préserver leurs pouvoirs d’achat.

En effet, la plupart des personnes interrogées (97 %) disent préférer constituer leurs épargnes en dollar pour éviter toute éventuelle perte de pouvoir d’achat.

L’offre de produits d’épargne s’est fortement diversifiée et s’adapte progressivement aux différents segments du marché : salariés, travailleurs indépendants, PME, groupes solidaires, négociants, entreprises et fonctionnaires. Il existe par exemple des comptes épargne sans frais rémunérés, des dépôts à terme, des comptes courants rémunérés par mois, des plans d’épargne (pendant 12 mois avec un prêt sur 24 mois), des comptes courants destinés aux fonctionnaires…

Après les produits d’épargne vient les produits de crédit. Le secteur informel a encore de l’emprise sur la vie économique nationale. D’où le faible taux d’inclusion financière du pays. Dans les faits, pour leurs besoins financiers, la plupart des micro-entrepreneurs et des salariés recourent fréquemment aux tontines et aux prêteurs informels (banque Lambert). Ce recours a parfois lieu parallèlement à un accès aux crédits obtenus auprès du secteur formel. La prégnance du secteur informel est encore plus accentuée si l’on prend en compte le fait que les opérations de change, très développées dans les grandes agglomérations, se font dans une large mesure auprès des cambistes opérant dans l’informel. Cette situation est due à la prédominance de la circulation de la monnaie fiduciaire sur la monnaie scripturale en RDC.

Il n’empêche, l’offre des produits de crédit s’est fortement diversifiée. Il s’agit de crédits à la consommation à court et à moyen terme (jusqu’à trois ans), de crédits dit de consommation, de prêts individuels, d’avances sur salaire, de crédits aux entreprises, de prêts aux groupes solidaires, de crédits à double solde, etc. Certains prêts sont consentis à des taux variables.

Utilisation des produits et services

Les produits ou services financiers les plus fréquemment utilisés sont l’épargne et le change de devises. La faible utilisation de certains produits ou services financiers classiques est le fait du bas niveau des revenus, des contraintes d’accessibilité (conditions exigées par les institutions financières) et du manque de confiance vis-à-vis du système financier national (hyperinflation et hyper dépréciation monétaire, assèchement des liquidités dans le circuit bancaire dans les années 1990, notamment à cause des jeux de placement Nguma, Bindo…, non-remboursement par l’État des bons du Trésor jadis placés dans le public, et non-paiement par le passé des sinistrés ayant souscrit aux polices d’assurance).

Les  produits les plus fréquemment utilisés sont en ordre d’importance le compte courant, les crédits fonds de roulement, les crédits d’investissement, le crédit-bail, le crédit immobilier, le découvert, les chèques, les cartes de crédit, l’épargne, l’épargne à terme, le transfert international (via compte), le transfert international (via agences de transfert), le transfert national (mandat, intra IMF…), le transfert d’argent par mobile, le change d’argent (Forex)…

Les demandes de crédit sont plus adressées aux institutions de micro-finance (IMF) et aux coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC) qu’aux banques commerciales (23 %). Les demandes de crédits en dehors du circuit d’intermédiation financière sous la forme d’avance sur salaire et de crédits fournisseurs représentent respectivement 3,8 % et 2 % de la demande. L’accès au crédit dans le système financier formel est limité. Même un prêt à court terme tel que le crédit fonds de roulement n’est pas très utilisé.

Le crédit-bail est faiblement utilisé, mais une bonne partie de la population voudrait bien y accéder. L’utilisation des cartes de crédit est encore faiblement répandue dans le pays, mais il y a une demande potentielle assez importante du produit. Il en est de même pour le crédit immobilier et le crédit d’investissement. Les crédits et moyens de paiement offerts par les banques commerciales (crédit-bail, crédit immobilier, découvert, chèques) sont faiblement utilisés par les clients. La faible utilisation de ces crédits et moyens de paiement de type bancaire tient essentiellement au fait que les demandeurs de services n’arrivent pas à présenter toutes les garanties exigées par les banques commerciales. Les découverts sont faiblement utilisés, mais il existe une importante demande potentielle de ce service.

Les banques commerciales ont tendance à accorder plus de crédits aux personnes instruites qu’aux personnes les moins instruites, à l’opposé des COOPEC. C’est sans doute à cause de la nature des exigences pour l’octroi des crédits et de la capacité des demandeurs à les comprendre et à les satisfaire. Les personnes les moins instruites (niveau primaire) ont besoin d’une assistance pour bien comprendre les termes du prêt sollicité. Pour leur part, les IMF accordent des crédits de manière assez indistincte à la clientèle, le niveau d’étude important peu. Bien des clients qui disposent d’épargne dans des institutions financières hésitent de solliciter un crédit, à cause de l’inadaptation des montants et des durées de remboursement, du niveau élevé des taux d’intérêt et du manque de garanties.

Les banques commerciales accordent plus de crédits aux personnes qui disposent des revenus les plus élevés (qui par hypothèse offrent les meilleures garanties de remboursement) qu’aux personnes ayant des bas niveaux de revenu. Ces dernières s’adressent plus aux IMF et aux COOPEC pour obtenir des crédits

qui généralement, portent sur de faibles montants et qui servent à financer leurs activités génératrices de revenu. Les femmes sont plus souvent clientes des IMF et COOPEC que des banques. En outre, elles disposent généralement d’un revenu plus faible comparé à celui des hommes et ont accès à des crédits de plus faibles montants.

En termes de préférence pour les services bancaires classiques, il y a dans l’ordre d’importance le transfert international de compte à compte, les crédits à long terme (crédit immobilier, crédit-bail, crédit d’investissement) ainsi que l’utilisation des cartes de crédit. Les services de mobile banking suscitent aussi un intérêt particulier de la part des clients.