Les secteurs liés au pétrole retrouvent le sourire

Les cours du baril de brut ont enchaîné une huitième séance consécutive de hausse, pour atteindre 56,47 dollars la Brent livraison juin. Les secteurs liés au pétrole ont le sourire sur les places européennes

Les pétrolières tirent les indices vers le haut. Les meilleurs niveaux de l’année, 57,10 dollars en clôture le 6 janvier, ne sont plus très éloignés. Il faut remonter à février 2012 pour trouver une série aussi longue de huit séances de hausse ininterrompue.

Chez les sociétés de services, Schlumberger progresse de 2,8 % à 74,86 euros, tandis que Bourbon gagne 2,5 % à 10,43 euros et que Vallourec s’apprécie dans les mêmes proportions, à 6,46 euros. Il faut également noter le bon comportement de CGG (+1,4 %). Total affiche +0,4 % à 48,94 euros, tout près de ses meilleurs niveaux de l’année (49,50 euros le 13 janvier).

L’or noir est soutenu par une inflexion sur les stocks américains et les rumeurs de maintien de contraintes de production en Arabie Saoudite, pour favoriser la tenue des cours. Le regain de tension géopolitique autour de la question syrienne n’est pas étranger non plus à cette évolution.

La demande moins que prévue

La soif de pétrole s’apaise en 2017 mais les États-Unis produiront plus. La consommation mondiale de pétrole devrait croître un peu moins fortement que prévu en 2017, tandis que les pays non-OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), dont les États-Unis, pomperont davantage de barils, des tendances susceptibles d’influer sur un marché s’approchant de l’équilibre, a estimé l’Agence internationale de l’Énergie (AIE).L’AIE a abaissé sa prévision de croissance de la demande mondiale d’or noir, tout en prévenant dans son rapport mensuel sur le pétrole que sa prévision pourrait « se révéler optimiste ». Elle anticipe désormais une hausse de 1,3 million de barils par jour (mbj) à 97,9 mbj de la consommation mondiale d’or noir, contre une prévision précédente de +1,4 mbj. Ce ralentissement, observé pour la deuxième année consécutive après le pic de croissance (+2 mbj) de 2015, s’explique principalement par une perte d’appétit des pays développés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud. Bien que l’AIE estime toujours « probable » un resserrement du marché pétrolier cette année, elle a souligné que cette demande moins vigoureuse pourrait influencer l’équilibre de celui-ci, tout comme la hausse de production en provenance des pays n’appartenant pas à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.

Reprise de l’activité

Après un déclin de 790 000 bj en 2016, ceux-ci devraient pomper 485 000 barils par jour (bj) de plus cette année, à 58,1 mbj, grâce notamment à une forte reprise de l’activité de forage outre-Atlantique, où la remontée des cours au-dessus de 50 dollars le baril attire à nouveau les investissements dans les hydrocarbures de schiste. « La production américaine de brut atteindra 9,5 mbj à la fin de l’année, soit 690 000 bj de plus qu’à la fin 2016 », a indiqué le bras énergétique de l’OCDE. Revers de la médaille. De quoi contrecarrer au moins partiellement les efforts engagés début 2017 par l’OPEP et onze autres pays producteurs, dont la Russie, pour réduire la production et permettre à un marché qui était plombé par une offre excédentaire d’être désormais « très proche de l’équilibre », selon l’AIE.

En mars, l’offre mondiale a reculé de 755 000 bj à 95,98 mbj, un niveau qui reste toutefois supérieur de 195 000 bj à celui de l’an dernier à la même période.  À elle seule, l’OPEP a produit 365 000 bj de moins le mois dernier, à 31,68 mbj, en raison d’un rythme de production moindre en Arabie Saoudite, au Nigeria et en Libye – ces deux derniers pays n’étant pas tenus par la limitation de l’offre.  À mi-parcours, le cartel pétrolier a ainsi réalisé presque en totalité (99 %) son engagement pris en novembre 2016 de baisser sa production de 1,2 mbj pour une période de six mois renouvelable, à compter du 1er janvier dernier. Au sein de ses onze pays partenaires, qui avaient décidé de suivre son exemple, dont le poids-lourd russe, la promesse de baisser leur offre de 558 000 bj était respectée à 64 % en mars, une amélioration par rapport aux 38 % observés le mois précédent. Lors de sa prochaine réunion à Vienne, fin mai, l’Opep pourrait décider de poursuivre les efforts de réduction de la production sur l’intégralité de 2017, une mesure à laquelle sa figure de proue, l’Arabie Saoudite, est perçue comme favorable. Une telle décision aurait pour effet de réduire des stocks mondiaux encore surabondants et d’apporter un soutien supplémentaire aux cours, a estimé l’AIE. Mais la médaille aurait un revers: la hausse des prix encouragerait davantage le secteur du pétrole de schiste aux États-Unis et les autres producteurs, a-t-elle mis en garde