Les voyants du cadre macroéconomique sont au vert mais vigilance tous azimuts

Réunis autour du 1ER Ministre, les membres du comité de conjoncture économique du gouvernement, élargi à la FEC et l’ANEP depuis le début de la crise sanitaire dans le pays, ont consacré leur réunion de la semaine dernière à l’analyse du cadre macroéconomique.

Même lieu, même cadre, mêmes personnages et même date, la réunion hebdomadaire de ce mardi 23 juin avait comme invitée Nene Nkulu, la ministre d’État, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale. Trois dossiers ont été soumis à l’analyse des membres du comité de conjoncture économique du gouvernement, à savoir la note de conjoncture présentée par Élysée Munembwe Tamukumwe, la ministre d’État, ministre du Plan ; la note d’information du ministre des Mines ; et les propositions de mesures de Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) pour l’encadrement de la situation économique.    

Stabilité monétaire

Après l’analyse de ces dossiers sous le contrôle de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, les membres du comité de conjoncture économique du gouvernement ont noté sur le premier dossier « la décélération du rythme de formation des prix et le ralentissement de la dépréciation monétaire ». Généralement, l’évolution du taux de change résulte notamment du comportement de l’offre des devises induit par les transactions de la balance des paiements et de l’engagement de certaines dépenses publiques en devises. En effet, cette stratégie a contribué à améliorer le niveau de l’offre de devises en circulation et a atténué ainsi les pressions sur le marché des changes. 

Il faut rappeler que l’année 2019 a été marquée, sur le marché des biens et services, par la poursuite de la désinflation ou la décélération du rythme de formation des prix observée dans un contexte de stabilité externe de la monnaie nationale, favorisée par une bonne coordination des politiques monétaire et budgétaire. Cet élan a été brisé cette année pour diverses raisons.

Prenant la parole à l’issue de la réunion, Jean Baudouin Mayo Mambeke, le ministre d’État, ministre du Budget, a souligné que cela ne devrait pas pour autant détourner l’attention du gouvernement car « ne sommes pas à l’abri et nous devons préserver absolument le cadre macroéconomique », a-t-il déclaré. C’est dans ce cadre-là, a poursuivi le ministre du Budget, que le gouverneur de la Banque centrale a proposé un ensemble des mesures pour pouvoir préserver justement le cadre macroéconomique. « Ces mesures seront traduites d’abord dans le protocole de gestion des politiques budgétaire et monétaire entre la Banque centrale et un certain nombre de ministères sectoriels dont les Finances et le Budget », a souligné Mayo Mambeke. 

Pour le reste, la Banque centrale a déjà fixé le cap : elle poursuivra cette année une politique monétaire « prudente et proactive » en adéquation avec les objectifs du programme de référence conclu avec le Fonds monétaire international (FMI). Un programme de référence a été conclu, pour la période allant d’octobre 2019 à mai 2020, en prélude de la conclusion éventuelle d’un programme formel au second semestre 2020. 

Le gouverneur de la Banque centrale souligne que n’eussent été les efforts manifestes pour contenir les pressions sur le marché des changes, en exécutant certaines dépenses de l’État en devises, en 2019, la situation du cadre macroéconomique serait davantage tendue aujourd’hui. Par ailleurs, le lancement des émissions des valeurs du Trésor, en octobre 2019, contribue à l’atténuation des injections de la liquidité bancaire liée au déficit public. 

En tirant les leçons de la crise financière internationale de 2008, on ne peut qu’être prudent et vigilant. C’est pourquoi, le législateur a conféré à l’Institut d’émission, à travers la loi n°18/027 du 13 décembre 2018 relative à l’organisation et au fonctionnement de la BCC, outre l’objectif de la stabilité des prix, celui de la stabilité financière. 

Matières premières

Par rapport à la note d’information de Willy Kitobo Samsoni, le ministre des Mines, les membres du comité de conjoncture économique du gouvernement ont constaté que sur le tableau de principaux produits miniers d’exportation de la République démocratique du Congo, le diamant apparaît aujourd’hui, et tant mieux, à côté de cuivre, cobalt, zinc et or. Il a été observé une tendance haussière des prix sur le marché international pour le cuivre. Quant au cobalt, il y a « quelques frictions » qui risquent de ramener les prix à la baisse. Par ailleurs, sur le marché international, l’étain et l’or se comportent bien, mais, pour ce qui est de l’or, le niveau des prix ne se traduit pas dans le paiement des opérateurs miniers au Trésor public. « Le ministre des Mines a été invité à mener des enquêtes », a dit le ministre du Budget.

En 2019, l’évolution des cours des matières premières sur les marchés internationaux a été largement tributaire des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. D’autres facteurs ont également conditionné la production de ces produits et, partant, leurs prix, à l’instar des conflits géopolitiques et des conditions climatiques dans certaines régions. Aujourd’hui, il faut faire avec la pandémie de nouveau coronavirus.

Le cours de cuivre s’établit à 2 659 dollars la tonne. Pourtant, en avril dernier, il était à 5 058 dollars la tonne, en baisse de 21,4 % sur un an. En 2019, le prix du cuivre s’est accru de 2,8 % sur le marché de Londres, en s’établissant à 6 183 dollars la tonne à fin 2019, un niveau qui n’avait plus été observé depuis début juillet 2018. Cette évolution a été soutenue par la demande chinoise. Le prix du cuivre a été également tiré à la hausse par des tensions sur l’offre suite notamment à l’arrêt de plusieurs mines et fonderies au Pérou et au Chili.

Le cours de l’or se stabilise à 1 735 dollars, toujours recherché par les investisseurs. Cette hausse du cours de l’or s’est nourrie de la persistance des craintes relatives au contexte économique et politique mondial, induisant la restauration du statut de l’or en tant que valeur refuge. L’once du métal jaune a dépassé les 1 500 dollars à fin décembre 2019. 

Le prix de la tonne de cobalt est actuellement à 29 000 dollars. En 2019, il a chuté de 51,3 % sur le London Metal Exchange (LME), passant de 72 847,6 dollars à fin décembre 2018 la tonne à 35 500 dollars à fin décembre 2019. Après avoir connu une poussée fulgurante en mars 2018 pour se hisser à près de 95 000 dollars la tonne, le cours du métal bleu a continuellement dégringolé depuis le second semestre 2018. Cette baisse résulte d’une offre excédentaire sur les marchés mondiaux. Le prix du zinc s’établit à 2 082 dollars venant de 1 903 dollars la tonne en avril dernier, en baisse de 35,1 % sur un an. Environ la moitié de la production est destinée à la galvanisation. Quant à l’étain, son prix s’établit à 16 885 dollars la tonne.

La Banque centrale projette que la croissance économique devrait légèrement fléchir à court terme et se relever à moyen terme, dans un contexte d’assainissement de l’environnement macroéconomique au plan interne et de baisse des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. La croissance du PIB réel devrait s’établir à 4,1 % en 2020 et pourrait se situer à 5,4 % en 2021. 

Cette révision à la baisse de la croissance sur la période prévisionnelle serait principalement tributaire du ralentissement de la branche « industries extractives » du fait de l’arrêt prévu des activités de Mutanda Mining en 2020 et du faible relèvement attendu de l’activité économique en 2021, consécutivement à l’entrée en production de quelque projets miniers, notamment de la mine de cuivre-cobalt de Deziwa.