Plus de 12 000 milliards de dollars de perte cumulée en 2020 et 2021, prévient le FMI

Pour les analystes, c’est un scénario encore plus sombre pour une récession historique. La récession mondiale, consécutive à la Covid-19 sera plus forte que prévu cette année, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international publiées la semaine dernière.

LE FONDS monétaire international (FMI) table désormais sur une contraction du PIB mondial de 4,9 %, contre 3 % en avril dernier. Plus de 12 000 milliards de dollars de perte cumulée pour l’économie mondiale en 2020 et 2021 à cause de la pandémie de coronavirus. Cette « crise pas comme les autres » est bien pire que prévu et la reprise sera plus lente qu’espéré, a prévenu ce mercredi 24 juin le FMI. Gita Gopinath, son économiste en chef, a dévoilé une prévision de récession de 4,9 % cette année. « C’est bien pire que les 3 % anticipés en avril en plein cœur de la pandémie, quand le FMI soulignait déjà qu’il s’agissait de la pire crise depuis la Grande Dépression des années 30. »

Et pour certains pays notamment en Europe, la contraction du Produit intérieur brut est vertigineuse : France (-12,5 %), Espagne et Italie (-12,8 %). « Un degré élevé d’incertitude entoure » ces prévisions, reconnaît Gopinath alors que l’épidémie n’est pas terminée et que des foyers resurgissent là où elle semblait endiguée, comme en Allemagne où les autorités ont annoncé ce mardi 23 juin des re-confinements locaux. 

Pour l’heure, aucun pays n’échappe au pessimisme ambiant à commencer par la Chine, d’où est parti, en décembre 2019, le virus mortel. L’institution de Bretton Woods n’y voit désormais qu’un 1 % de croissance, loin des 6,1 % réalisés en 2019, qui constituait déjà un plus bas historique du fait de la guerre commerciale entre Pékin et Washington. La crise sanitaire va porter un coup encore plus dur et fort aux États-Unis, dépourvus de filet de sécurité sociale et malgré les gigantesques plans d’aide du gouvernement, soit quelque 3 000 milliards de dollars. Le PIB de la première puissance du monde va ainsi s’effondrer de 8 %, contre 5,9 % estimé en avril.

Pessimisme ambiant

La reprise en 2021 sera, elle, moins soutenue (+4,5 %). Partout ailleurs dans le monde, des chiffres catastrophiques : pays de la zone euro et Royaume-Uni (-10,2 %), région d’Amérique latine et des Caraïbes (-9,4 %), Afrique du Sud (-8 %), Japon (-5,8 %), Moyen-Orient et Asie centrale (-4,7 %) ou encore Inde (-4,5 %).

Dans son rapport, le FMI prend acte que la pandémie « a eu un impact plus négatif sur l’activité au premier semestre 2020 que prévu ». En outre, prévient-il, « la reprise devrait être plus progressive que prévu ». En 2021, la croissance mondiale devrait ainsi atteindre 5,4 % (-0,4 %). C’est environ 6,5 points de pourcentage en moins que dans les projections de janvier avant la propagation du virus dans le monde.Dans les économies où les taux d’infection diminuent, la reprise est actuellement plus longue en raison de la persistance de la distanciation physique au second semestre. De plus, la reprise est « inégale », souligne Gita Gopinath. Certains secteurs comme les ventes au détail rebondissent, d’autres tels que les secteurs des services « à forte intensité de contacts comme l’hôtellerie, les voyages et le tourisme restent déprimés », constate-t-elle. Les pays fortement tributaires de ces secteurs seront « probablement profondément affectés pendant une période prolongée », souligne l’économiste du FMI.

Pour les économies luttant encore pour endiguer la pandémie, les mesures de confinement continuent de peser. Par ailleurs, la possibilité de « résultats alternatifs » ne s’explique pas seulement par l’évolution de la pandémie », constate le FMI. En effet, l’ampleur du récent rebond des marchés financiers questionne tant elle semble « déconnectée » des changements dans les perspectives économiques. Enfin, au-delà de la pandémie, d’autres risques compromettent l’économie mondiale, souligne le FMI, citant « l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine », « l’effilochage des relations entre l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la coalition des producteurs de pétrole » ou encore « les troubles sociaux ».