VINGT ANS déjà… Si l’euro existe depuis le 1er janvier 1999 pour les transactions financières et commerciales internationales, la devise européenne n’est entrée dans le porte-monnaie des particuliers que le 1er janvier 2002. Dans 12 pays pour commencer, avant de circuler dans les 19 États membres de la « zone euro ». Initialement, la devise européenne devait être l’ECU (European Currency Unit). Mais la consonance équivoque de ce nom en allemand « die Kuh » (la vache) gênait les pratiquants de la langue de Goethe. Du coup, l’euro a été retenu comme nom de baptême.
Beaucoup craignaient que ce basculement monétaire provoque un bug informatique. Mais à l’image du passage au XXI siècle, tout s’est passé sans accident majeur. Dès 9 heures, au matin du 2 janvier 2002, par exemple, 450 000 Français avaient déjà retiré des billets aux distributeurs. Tandis que d’autres écoulaient les 40 pièces (allant de 2 euros à 10 centimes) contenues dans les sachets en plastique, les fameux « kits de démarrage ». Alors vendus 15,25 euros (100 francs), les kits encore en circulation aujourd’hui font l’objet d’une spéculation empreinte de nostalgie et se négocient autour des 40 euros.
Si la devise européenne provoque de l’urticaire chez les souverainistes, l’euro s’est imposé dans la vie quotidienne de 340 millions d’utilisateurs. Débarrassés des commissions de change, parfois onéreuses, les particuliers peuvent régler leurs dépenses touristiques dans les 18 autres pays composant cette union. Les entreprises, elles, n’ont plus à se protéger, via de coûteuses opérations de couvertures financières, contre les variations de change pour leurs transactions commerciales opérées dans la zone euro.
1,4 % d’inflation par an
La monnaie unique a aussi simplifié la comparaison des prix entre pays, boosté les mouvements de capitaux, facilité l’accès aux marchés financiers hors de nos frontières et contribué, dans une moindre mesure, à la concurrence bancaire. Et contrairement à une affirmation souvent avancée par ses détracteurs, la monnaie européenne n’a pas favorisé la hausse des prix. Depuis sa création, l’inflation dans la zone euro n’a pas dépassé 1,4 % en rythme annuel, selon une estimation rapide publiée par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.
Dopée par l’énergie et les services, le taux d’inflation annuel est désormais estimé à 1,7 % en avril. Voilà de quoi rassurer un peu la Banque centrale européenne (BCE), soulignent des experts. C’est avant tout le secteur de l’énergie qui dope les prix (5,4 %, comparé à 5,3 % en mars), suivi des services (1,9 %, comparé à 1,1 % en mars), de l’alimentation, alcool et tabac (1,5 %, comparé à 1,8 % en mars) et enfin des biens industriels hors énergie (0,2 %, comparé à 0,1 % en mars).
Cette inflation est plus forte qu’attendue puisque les observateurs avaient tablé sur un taux de 1,6 % auparavant. Reste que l’inflation prise en compte par la BCE est celle qui ne comprend pas les prix des produits alimentaires conditionnés et les prix de l’énergie. L’inflation tombe alors à 1,3 %, contre 1 % en mars. Comment expliquer ce rebond ? Les mêmes observateurs soulignent tout d’abord que l’inflation allemande est repartie vers le haut (+2 %) et a ainsi amélioré le chiffre européen. Mais ils estiment que le calendrier de Pâques a entrainé des hausses de prix, notamment dans le tourisme et le loisir.
Reste que ce chiffre ne devrait donc pas modifier à court terme la politique monétaire de la BCE qui vise une inflation légèrement inférieure à 2 %. Pour le moment, l’institution ne parvient pas à atteindre cet objectif et continue de reporter à plus tard les hausses de taux pour continuer de soutenir l’économie. Les taux ne devraient d’ailleurs pas bouger pendant les deux prochaines années, alors que la croissance européenne montre quelques signes d’essoufflement. Si la France ou l’Espagne s’accrochent, la locomotive allemande est au point mort. Berlin ne vise qu’une croissance de +0,5 % cette année. Malgré cette stabilité de l’inflation, l’euro avait failli disparaître à deux reprises. En 2008, la crise financière venue des États-Unis met à mal le système monétaire européen. La réactivité des membres de l’Union européenne permet d’éviter le pire. Deux ans plus tard, le possible défaut de la Grèce, plombée par un endettement public abyssal, menace de façon encore plus sérieuse sa survie. Pour éviter un effet de contagion mortel, les pays concernés décident de sauver la Grèce. Dans le même temps, l’Union européenne crée le Fonds européen de stabilité. Sa mission : montrer aux marchés financiers que les pays de la zone euro sont unis dans la préservation de la monnaie unique en se dotant d’un système capable de venir en aide aux pays mis en difficulté par une spéculation sur leur dette.
Selon des analystes, avoir une monnaie unique sans convergence économique entre les États n’est pas tenable très longtemps. L’euro reste une devise fragile, soumise à un dumping fiscal et social interne à la zone euro qui la mine et alimente l’euroscepticisme et, pire encore, l’europhobie. Une faiblesse difficile à corriger dans le cadre de l’Europe actuelle qui exige un vote à l’unanimité, soulignent les mêmes analystes.
Des dépôts bancaires garantis
Le mécanisme qui protège les clients d’une faillite bancaire ne se limite pas à la zone euro. Il s’applique à toute l’Union européenne. Chaque pays membre a mis en place son propre fonds de garantie des dépôts. Après la crise financière de 2008, une directive européenne a fixé le montant couvert à 100 000 euros maximum par établissement financier. En France, par exemple, c’est le Fonds de garantie des dépôts et de résolution, créé en 1999, qui est chargé d’indemniser les déposants. Sont concernés les livrets A, les comptes courants et d’épargne.
En revanche, les contrats d’assurance-vie, les espèces, les objets au coffre ou les dépôts auprès d’établissements de paiement comme Compte Nickel ou PayPal en sont exclus. Aux États-Unis, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) assure les dépôts des particuliers à hauteur de 250 000 dollars depuis le 31 décembre 2009.