L’heure n’est donc pas aux revendications individuelles mais à la solidarité et au respect catégorique des mesure

C’est le moment d’éduquer les Kinois. Il est temps pour ces derniers de comprendre l’impérieuse nécessité de combattre de toutes leurs forces une pandémie qui frappe le monde entier. Depuis le début de la crise, les professionnels alertent sur le danger du Covid-19 mais ll semble que les Kinois n’aient pas tous compris que nous vivons une terrible période qui remet tous les équilibres en bascule.

LES réflexions du terrain. Les professionnels de santé se plaignent du comportement de la majorité des Kinois concernant l’observance de gestes barrières et le respect du confinement. Pour ce sexagénaire, il faut durcir le confinement, même si cela a des conséquences fâcheuses sur le porte-monnaie. « À cause de la précarité alimentaire, les Kinois se rebiffent à l’idée de devoir suivre les recommandations des autorités et des professionnels de santé. L’heure n’est donc pas aux revendications individuelles mais à la solidarité et au respect catégorique des mesures employées pour sauver des vies », confie-t-il. 

« La situation est complexe et inédite. Elle implique des sacrifices et des comportements inédits. Alors, plutôt que de jeter la pierre sur ceux qui tentent de nous préserver des dégâts de cette crise, observons ce que les autorités nous conseillent », déclare une mère de famille. Peut-être serait-ce aussi l’occasion enfin « d’éduquer » nos enfants qui sont terrés à la maison sur le « bien se tenir » et aussi l’occasion d’expliquer ce qu’est le savoir-vivre, c’est-à-dire la base du fameux vivre ensemble. Pour de nombreuses familles précaires à Kinshasa, confinement rime avec fracture alimentaire. Avec le confinement, certains parents craignent de faire face à des difficultés pour nourrir leurs enfants de manière équilibrée. Si pour beaucoup de parents, le confinement de Gombe a déstabilisé l’équilibre de survie, le confinement intégral et total de Kinshasa, même par intermittence, engendre l’inquiétude chez les plus précaires par crainte de ne pas être en mesure de nourrir correctement ses enfants. 

Fracture alimentaire

Pour une mère de famille, le confinement ajoute aux difficultés des familles. « Elles sont en situation de précarité, et de savoir que les gens ne vont pas sortir pour avoir de quoi nourrir les enfants, ça ne rassure pas. Là c’est plus compliqué », dit-elle. Qui déclare par ailleurs qu’avec la mise en quarantaine à domicile, les violences de tous genres risquent d’augmenter. 

Ici et là, aujourd’hui, les gens continuent à croire que le Covid-19 ne constitue pas une menace supplémentaire à leur précarité économique. « Même si le confinement total peut occasionner quelques difficultés pratiques, il est important que les autorités ne cèdent pas aux caprices des Kinois », insiste un septuagénaire. « Et s’il s’agissait d’une guerre, iraient-ils se comporter de cette manière ? », se demande-t-il. Pour lui, « la santé n’a pas de prix ».

Un étudiant estime que le gouvernement doit faire un point d’étape avec le patronat et autres partenaires avant de décider de durcir le confinement. Face aux craintes exprimées, la Banque Centrale du Congo (BCC) a débloqué 50 millions de dollars pour garantir l’approvisionnement des grands centres urbains en produits de première nécessité alors que la pandémie de coronavirus déstabilise les économies du monde entier. Les 50 millions de dollars constituent la première tranche pour soutenir les importateurs et les distributeurs de produits alimentaires.

La Banque centrale a mis en place un guichet de refinancement de 3 à 24 mois pour accorder des facilités aux opérateurs économiques de manière à assurer les grands centres urbains en produits de première nécessité. Il s’agit d’une facilité. Les demandeurs doivent être des importateurs ou des distributeurs à même de fournir ces produits très rapidement. Ils doivent formuler leur demande de crédit auprès des banques commerciales qui vont les répercuter à la BCC. Et les crédits sont accordés à des taux concessionnels. 

La facilité a pour objectif d’éviter la pénurie des denrées alimentaires de première nécessité, d’éviter la spéculation, la hausse des prix et le rationnement. Les importations et les exportations ont fortement baissé pendant le premier trimestre de 2020, comparé à la même période l’année précédente. Il y a une baisse des importations de 77 % et des exportations de 60 %. Il y a donc risque de pénurie des biens de consommation et des devises, souligne Deogratias Mutombo Mwana Nyembo.