C’est en gros ce qu’on retiendra utilement de l’étude « The Future of Work : Regional Perspectives » (L’avenir du travail : perspectives régionales), publiée le 19 avril par quatre institutions multilatérales de développement régionales. Si les avancées technologiques offrent aux économies émergentes et en développement l’occasion unique de croître plus rapidement et d’atteindre des niveaux de prospérité plus élevés, il convient de nuancer les propos. En effet, certaines technologies de rupture sont susceptibles de déplacer la main-d’œuvre, creuser les inégalités et contribuer à augmenter le travail informel.
Pour tirer parti des nouvelles technologies de manière à en maximiser les avantages et à en atténuer les effets négatifs, et afin que tous les citoyens puissent les mettre à profit, les auteurs de cette étude considèrent qu’il sera nécessaire d’établir une coopération entre les secteurs public et privé et d’adopter des politiques publiques intelligentes. Telle est l’une des principales conclusions de cette étude, réalisée par les experts de la Banque africaine de développement (BAD), la Banque asiatique de développement (BAsD), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque interaméricaine de développement (BIAD).
Examinant l’impact possible de la technologie sur le marché international du travail, l’étude identifie un certain nombre d’actions concrètes que les pays peuvent entreprendre pour s’adapter à l’évolution de la nature même des emplois et tirer parti des technologies émergentes. L’étude analyse les défis et les opportunités en matière d’intelligence artificielle, d’apprentissage automatique et de robotique, dans le contexte de ce que l’on appelle aujourd’hui « la quatrième révolution industrielle » ou 4RI. Celle-ci pourrait entraîner des problèmes, en particulier une aggravation des inégalités, la disparition d’emplois, et un degré élevé d’incertitude face aux changements technologiques et à l’automatisation. Mais elle pourrait également offrir des avantages en termes de croissance économique grâce à des gains de productivité, à des rendements accrus et à une baisse des frais d’exploitation.
Effets attendus en Afrique
L’étude comprend des chapitres consacrés aux effets d’ores et déjà observés de l’évolution technologique sur les marchés de l’emploi dans les différentes régions du monde. Concernant l’Afrique, l’étude indique que, parmi les politiques de transformation prometteuses sur le continent, figurent la transformation dérivée de l’agriculture, le contenu local et la participation locale, ainsi que la modernisation du secteur des services, la manufacture axée sur les exportations et l’amélioration des infrastructures.
Les technologies de la quatrième révolution industrielle (4RI) – dont les technologies de l’information et des communications, l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique et la robotique – joueront un rôle de plus en plus important en faveur de la transformation économique de l’Afrique dans ces domaines. L’Afrique occupe déjà la deuxième place sur le marché mondial des téléphones portables, et le nombre d’entrepreneurs – principalement jeunes et prospères – utilisant cette technologie ne cesse d’augmenter.
Cependant, souligne l’étude, tout en étant exposée aux perturbations, bonnes ou mauvaises, que les technologies de la 4RI entraîneront dans leur sillage, l’Afrique n’est pas encore en mesure de tirer pleinement parti des opportunités uniques que ces technologies pourraient apporter. Dans toute la région, les chefs d’entreprise considèrent que l’inadéquation des compétences des travailleurs est l’un des principaux obstacles à la progression de leurs affaires. Il est donc nécessaire de revoir les stratégies de création d’emplois et de croissance économique afin de pouvoir relever les défis et saisir les opportunités de la 4RI. L’Afrique en particulier doit s’attaquer au problème du chômage des jeunes.
L’étude a été publiée en marge d’une table ronde au siège de la BAD à Abidjan, à laquelle ont participé Charles Boamah, vice-président principal de la Banque africaine de développement, représentant le président de la BAD, Akinwumi Adesina ; aux côtés des présidents des trois autres banques régionales de développement à l’origine de l’étude : Luis Alberto Moreno (BIAD), Takehiko Nakao (BAsD) et Suma Chakrabarti (BERD). Le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) est la première institution multilatérale de financement dédiée au développement de l’Afrique. Elle comprend trois entités distinctes : la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds africain de développement (FAD) et le Fonds spécial du Nigeria (FSN). La BAD est présente dans 29 pays africains, avec un bureau extérieur au Japon, et contribue au développement économique et au progrès social de ses 54 États membres régionaux.