L’UNILU s’est invitée au débat sur les perspectives 2030-2035

Quelles stratégies mettre en place pour que le sol et le sous-sol contribuent au développement de la RDC ? Que faut-il faire pour mettre fin aux tensions autour du code minier ? Des scientifiques ont tenté de répondre à ces deux questions lors du symposium qui vient de se tenir à Lubumbashi. 

 

Le symposium organisé par l’Université de Lubumbashi (UNILU) a vécu. Pendant trois jours (14-16 mai), les communications et les échanges ont tourné autour de ce thème central : « Sol et sous-sol de la RDC. Perspectives 2030-2035 ». Des scientifiques ont tenté de répondre à deux problématiques majeures, à savoir les stratégies à mettre en place pour que le sol et le sous-sol contribuent au développement de la RDC et ainsi que celles qu’il faut pour mettre fin aux tensions autour du code minier. 

À travers cette réflexion prospective, a laissé entendre le recteur de cette université, le professeur Gilbert Kishiba Fitula, l’UNILU voudrait apporter son étincelle de feu à la politique de développement du pays. Les assises n’avaient qu’un seul but : « Celui de mettre à la disposition de la RDC des réflexions scientifiques pour son développement durable ». Pour lui, « les ressources naturelles de la RDC exigent une exploitation et une protection durable des forêts, une agriculture à réinventer, des ressources hydriques comme atout, du pétrole comme denrée à rentabiliser, des ressources minières comme nécessité d’un nouveau paradigme ». Le gouverneur du Haut-Katanga, Célestin Pande Kapopo, a souligné que la tenue de ce forum dans le Haut-Katanga arrive à point nommé, au regard de ressources du sol et du sous-sol dont regorge le pays. Il a invité l’UNILU à plus de réflexions, surtout sur l’après-mine dans le Haut-Katanga.

Comment faire en sorte que la République démocratique du Congo devienne un pays émergeant à l’horizon 2030-2035 ? À l’ouverture de ce colloque scientifique rehaussée de la présence de plusieurs personnalités scientifiques, politico-administratives…, les participants ont suivi les communications du professeur émérite, l’historien Théophile Obenga de l’université Marien Ngouabi de Brazzaville, et de l’ancien 1ER Ministre, Augustin Matata Ponyo.

La communication de Théophile Obenga a porté sur les « Référentiels pour l’émergence de la République démocratique du Congo. Repères chez Cheikh Anta Diop ». Il a proposé un schéma : il faut d’abord mettre en place un comité de pilotage pour la modernisation de la RDC, puis faire l’inventaire des ressources naturelles, ensuite rechercher les investissements et enfin lancer l’industrialisation du pays. 

Quant à lui, Augustin Matata abordé « Fonds vert et Fonds bleu, quel capital ? Quel investissement ? Quelles perspectives de développement durable d’ici 2030-2035 ? ». Il a déclaré que la croissance économique de la RDC requiert que le pays diversifie son économie et soit industrialisé. Convaincu que la diversification de l’économie et l’industrialisation du pays sont notamment fonction d’un « leadership fort » et d’une « bonne gouvernance ». Appréciez : « Dans aucun pays au monde, il y a eu développement sans une vision. Le chef de l’État a donné une vision, fondée sur la Révolution de la modernité. Mais au leadership visionnaire, il faut un leadership exécutif. Le chef du gouvernement est l’animateur principal de la mise en œuvre de la vision du chef de l’État. Au-delà de ce leadership, il faut un leadership opérationnel parce que l’engrenage du développement part du sommet de l’État jusqu’au niveau le plus inferieur. Les entreprises publiques font partie de l’engrenage. C’est vraiment un élément clé de l’appréhension de la complexité du développement ». 

Si la RDC veut devenir un pays émergeant et aller vers une croissance économique, a posé Augustin Matata, elle doit « changer de modèle économique ». Il a soutenu que le pays ne peut pas se développer en ne misant que sur l’exploitation brute de ressources naturelles.  Au cours de ce symposium de l’UNILU, les participants ont reconnu que la RDC regorge d’une multitude de minerais, de 80 millions de terres arables, de 52 % d’eaux douces du monde et d’importants espaces de pâturage. Cependant, la RDC est aussi le pays dont 90 % de la population sont pauvres et qui dépense 1,5 milliard de dollars par an pour l’importation de produits alimentaires, a rappelé le professeur Mujinga de l’UNILU avec beaucoup d’à propos. 

Les recommandations

Le symposium était réparti en six ateliers : mines, agriculture, affaires foncières, environnement, paysannat et économie. Les travaux ponctués par des exposés et suivis des débats nourris ont débouché sur les recommandations suivantes : sur l’environnement, les participants ont demandé la conservation des plantes métallophytes pour la restauration écologique par phytostabilisation des sites contaminés dans l’arc cuprifère katangais ; la localisation de nouveaux sites industriels à émission atmosphérique en périphérie au nord-ouest de la ville de Lubumbashi. 

Dans le cône de pollution, mettre en place des actions existantes suivant différentes typologies de sols pollués ; vulgariser la carte du cône de pollution pour contribuer à la sensibilisation et procéder au zonage des sites à risque ; vulgariser le modèle simple et facile à appliquer des projets d’agroforesterie dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Ils ont aussi proposé d’introduire dans le programme de formation et dans toutes les spécialités, les cours d’entrepreneuriat afin de booster le leadership ; d’encourager la transformation des produits agroforestiers (entreprenariat agroforestier) ; de revisiter la législation congolaise, en associant surtout les spécialistes ; de renforcer les compétences des scientifiques ; de décourager les industriels pollueurs même s’ils payent les taxes… 

Sur l’agriculture : la création de réserves stratégiques des produits agricoles par l’achat au prix rémunérateur des productions paysannes ; la réduction des taxes et autres redevances formelles liée à l’agriculture et à la pèche ; l’harmonisation des lois avec celles des pays voisins et les appliquer avec le même régime ; la mise en place d’une carte de sol détaillé à l’échelle des provinces. Il faut aussi répertorier les différents bassins de reproduction selon leurs spéculations appropriées ; vulgariser l’importance socio-économique des termitières auprès des communautés locales. Les participants ont aussi recommandé de vulgariser le modèle simple et facile à appliquer des projets d’agroforesterie dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique ; d’introduire dans le programme de formation et dans toutes les spécialités les cours d’entrepreneuriat afin de booster le leadership ; d’encourager la transformation des produits agroforestiers (entreprenariat agroforestier). 

Sur l’exploitation minière, les participants ont entre autres recommandé au gouvernement de guider les études indépendantes sur les sites contaminés par les entreprises minières ; d’imposer des mesures correctives et des mécanismes de contrôle dans le secteur de l’environnement ; d’interdire aux femmes et aux enfants l’accès aux sites miniers et aux sites industriels suspects ; de documenter les milieux contaminés et les cas des contaminations et de pollution. Aux entreprises, de publier les rapports environnementaux, de sécuriser les sites et de prévoir un plan de réhabilitation après l’exploitation. Aux communautés locales, de prendre conscience des risques sanitaires et de leurs droits comme population locale ; de respecter les normes d’interdiction d’accès aux sites à risque… Sur le paysannat, les participants ont proposé les solutions ci-après : la prospective comme approche rationnelle pour envisager la société de demain ; le replacement du paysan au centre de la révolution agricole qui se veut à la fois quantitative et qualitative, en privilégiant le savoir-faire, le vouloir-faire et le pouvoir-faire du paysan ; l’adoption d’une nouvelle forme du paysannat à généraliser sur l’ensemble du territoire national en s’inspirant du modèle Kanyama-Kasese. Mais aussi la mécanisation de l’agriculture, l’apport de l’INERA et des facultés agronomiques, la mise en valeur des terres incultes, l’entretien des routes de desserte agricole, l’exploitation rationnelle des sols, la création des industries agricoles et textiles, la promotion des produits agricoles locaux, la délocalisation rationnelle des communautés locales, l’élaboration d’un plan général d’aménagement du territoire en tenant compte des richesses du sous-sol…