LE MARIAGE devrait être définitivement scellé courant janvier prochain, après une assemblée générale chez Tiffany, en début du même mois, car le nouvel accord nécessite l’approbation des actionnaires, indique une source proche du dossier. Dès que ce feu vert sera obtenu, l’union pourra être officialisée, car les autorisations déjà données par les autorités concernées, comme la commission européenne restent valables. « Cela reste une très belle acquisition, même si le Covid-19 l’a rendu moins flamboyante, estime Arnaud Cadart, et tout le monde devrait y trouver son intérêt : Tiffany, en plein confinement, peut s’adosser à un groupe puissant comme LVMH qui met la main sur une entreprise porteuse à long terme. »
LVMH et Tiffany ont finalement décidé la semaine dernière d’aller au bout de leur union, avec un mariage un petit peu raboté. Ce mariage annoncé pour le meilleur fin 2019 dans un contexte très porteur en matière économique et financière a depuis connu le pire, avec la crise du Covid-19 qui a failli avoir raison de cette union. Le diamant a perdu des carats mais il brille de nouveau. LVMH et Tiffany ont finalement décidé le jeudi 29 octobre de recoller les morceaux et de s’unir, à un prix revu en baisse de quelque 425 millions de dollars, soit 131,50 dollars par action de Tiffany contre 135 initialement. Tel est le prix de la paix, annoncée officiellement par le géant du luxe. Par rapport aux 16,2 milliards de dollars initialement prévus, cela représente « une réduction de l’ordre de 425 millions », a précisé à l’AFP une source proche du dossier, soit un montant final d’environ 15,775 milliards de dollars.
Selon cette même source, « c’est un très bon deal et tout le monde est content, Tiffany car la baisse de prix est raisonnable et LVMH parce que cela permet d’économiser beaucoup d’argent et d’incertitudes ». Cet accord équilibré trouvé avec le conseil d’administration de Tiffany permet à LVMH de travailler à l’acquisition de Tiffany en toute sérénité et de reprendre le cours des discussions menées avec le management » du joaillier sur les modalités d’intégration, a affirmé Bernard Arnault, le PDG de LVMH, en se disant « plus que jamais convaincus du potentiel formidable de la marque » américaine.
Frayeurs
« Nous continuons de croire dans la puissance et la valeur de la marque Tiffany et dans les incontestables bénéfices stratégiques et financiers à long terme de cette union », a déclaré, pour sa part, Alessandro Bogliolo, le directeur général de Tiffany. « Depuis la rupture des fiançailles en septembre, les mots assez violents qui ont été échangés entre les deux groupes n’auguraient pourtant pas forcément d’une issue heureuse », souligne auprès de l’AFP Arnaud Cadart, le gérant de portefeuilles chez Flornoy.
La romance semblait en effet avoir tourné court, lorsqu’en septembre le géant mondial du luxe avait annoncé n’être « plus en mesure » de racheter Tiffany, invoquant la mauvaise gestion en temps de pandémie du joaillier américain et une demande de report du gouvernement français liée au conflit commercial entre les États-Unis et l’Union européenne (UE). « Au début de la crise, Tiffany s’est vraiment laissé vivre ce qui s’est traduit par une perte important au premier trimestre.
Mais un dividende élevé a néanmoins été versé, payé par un emprunt de 500 millions de dollars. D’où la réaction très virulente de LVMH”, analyse Arnaud Cadart.
« Les dirigeants de Tiffany ont entendu le message et repris la main avec des résultats visibles dans leurs publications du deuxième et du troisième trimestre et une offensive sur le terrain judiciaire », complète-t-il. Juste après la rupture annoncée par LVMH, la bataille s’était en effet engagée sur ce terrain, avec une plainte du joaillier américain auprès d’une Cour de Justice du Delaware, suivie d’une contre-attaque de LVMH devant la même juridiction.
Tiffany estimait de son côté que la société française ne cherchait qu’à se soustraire à ses engagements et à ne pas payer le prix sur lequel les entreprises s’étaient mises d’accord.