Mitsubishi : la fin de sa présence en Europe est dans l’air

Le constructeur japonais a décidé de se concentrer sur l’Asie et de geler les nouveaux projets de véhicules en Europe. C’est clair : le troisième partenaire de l’Alliance Renault-Nissan devrait à terme mettre fin à sa présence dans l’Union européenne.

LA MARQUE, connue pour ses liens passés avec PSA, était en France depuis 1978. « Mitsubishi, c’est fini en Europe ? », s’interrogent des observateurs. Le troisième constructeur de l’Alliance Renault-Nissan va se concentrer sur l’Asie. Confronté à des pertes exceptionnelles, la firme aux trois diamants a annoncé la semaine dernière qu’elle gèle le lancement de nouveaux modèles en Europe. Fini notamment le projet de petite voiture sur la plate-forme CMF-B de la Clio dans une usine Renault, évoqué par Thierry Bolloré, ex-directeur général de la firme tricolore ! Officiellement, MMC ne quitte pas le Vieux continent. Mais, le recentrage proclamé sur ses marchés traditionnels de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), où il affirme avoir 10,6 % du marché, et la volonté de se développer en Océanie, Afrique, Amérique du Sud, laissent peu de place pour le reste ! En Chine, MMC annonce qu’il va resserrer ses liens avec le constructeur local GAC. Et en Europe ? Rien. La présentation du nouveau plan ne lui fait aucune place, si ce n’est pour indiquer le début des ventes d’utilitaires Renault sous son logo en juillet 2020, au terme de décisions antérieures. MMC, qui détient 1 % du marché européen à peine, ne pouvait être plus clair… par omission.

Des liens avec Daimler, PSA

Le constructeur avait commencé à vendre en France… en 1978 à travers le distributeur Sonauto. Il a connu son heure de gloire en Europe avec ses 4×4 Pajero, des tout-terrains purs et durs popularisés dans les années 90 et 2000, dont MMC  annonce aujourd’hui l’abandon. La firme a aussi connu un certain succès avec les petites Colt, coproduites aux Pays-Bas avec les Smart Forfour (Daimler) entre 2004 et 2013. Elle a été très liée au groupe PSA, à qui elle a vendu des SUV Outlander que le français a  commercialisés sous le nom de Peugeot 4007 et Citroën C Crosser entre 2007 et 2012.  Puis, elle lui a livré des SUV plus petits ASX, rebaptisés Peugeot 4008 et Citroën C4 Aircross entre 2012 et 2017. En échange, Mitsubishi a pu bénéficier des diesels tricolores pour ses propres véhicules. MMC a par ailleurs fourni des mini-véhicules électriques i-Miev à PSA (Peugeot Ion et Citroën C-Zéro) de 2010 à 2020.

La fin de la collaboration avec PSA lui a porté un coup très dur en Europe. Mais le constructeur était parallèlement réputé pour ses pick-up L200. Las: ce marché périclite depuis 2019, quand la France a frappé les versions quatre portes d’un énorme malus de 20 000 euros. Dès lors, il ne reste plus véritablement à MMC dans l’Hexagone qu’un seul vrai porte-drapeau, le SUV Outlander hybride rechargeable. Il s’en est vendu 3 171 en France l’an passé, soit le tiers des ventes totales de la marque dans l’Hexagone  (9 422). 

Du coup, l’annonce du gel des futurs SUV hybrides rechargeables de la marque en Europe ne laisse plus beaucoup d’espoir de rebond commercial à la firme dans l’Union européenne. Sur l’ensemble du Vieux continent, MMC a écoulé 138 000 véhicules à peine  l’an passé, dont 34 700 Outlander PHEV. Premier marché européen : l’Allemagne (54 000), suivie de la Grande-Bretagne (26 800), l’Espagne (14 800). Au premier trimestre de son exercice fiscal 2020-21 (avril-juin), Mitsubishi Motors a accusé une perte nette de 1,4 milliard d’euros ! Sur l’ensemble de l’exercice, il prévoit une perte nette record de 2,9 milliards d’euros, contre un déficit de 220 millions d’euros en 2019-20.