L’ACI a récemment nommé une nouvelle Directrice Régionale pour le continent africain et selon elle, les coopératives peuvent porter l’Afrique vers un niveau supérieur.
Le Docteur Chiyoge Sifa, qui est entrée en fonction à l’ACI Afrique le 1er mars, avait précédemment exercé les fonctions de directrice du Programme Coopératif au sein de l’Agence de Transformation de l’Agriculture Ethiopienne (ATA) à Addis Abeba en Ethiopie. Là-bas, elle avait piloté l’élaboration d’une stratégie de développement étalée sur cinq ans pour l’instauration de coopératives agricoles qui rassemblaient un éventail diversifié de protagonistes.
Elle estime que les gouvernements africains devraient considérer les coopératives comme des « partenaires clés » dans la réalisation de leurs objectifs socio-économiques : « Les coopératives détiennent une dimension sociale qui dépasse les avantages économiques ; elles constituent un moyen d’aboutir à une autonomisation sur le plan social. »
Le Dr Sifa pense également que les coopératives peuvent représenter « la plate-forme idéale pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes » et pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire.
Dans une interview accordée à eDigest, elle a expliqué que l’économie de l’Afrique avait longtemps reposé sur l’agriculture et l’exploitation des minerais mais que, au cours des dernières années, les choses avaient commencé à évoluer, avec l’émergence de coopératives dans de nombreux secteurs niches nouvellement apparus. Et le Dr Sifa d’ajouter que les coopératives autonomisent les communautés locales et contribuent à développer l’économie africaine. Elle a expliqué que les coopératives peuvent créer des opportunités et aider au développement de différents secteurs tels que le commerce de détail, le secteur bancaire ou l’industrie manufacturière.
Bien que le concept de coopération fasse partie intégrante de la culture africaine, le Dr Sifa a indiqué que les coopératives se sont développées en Afrique grâce aux efforts de promotion consentis par les gouvernements ou les ONG : « Contrairement à ce qui s’est passé dans le reste du monde, il a fallu une intervention extérieure qui plaide en faveur de la coopération. »
Forte de son expérience avec le mouvement coopératif qui remonte aux années 1990, le Dr Sifa a déclaré qu’un des défis majeurs pour la région réside dans le fait que la population a tendance à percevoir les coopératives comme un phénomène démodé ou comme un modèle d’entreprise qui s’adresse aux personnes pauvres ou défavorisées. Elle a dit qu’il était essentiel « de décharger le promoteur du poids qu’il porte ». « Nous sommes reconnaissants à certains gouvernements africains d’avoir promu les coopératives et d’avoir mis en place des législations et des politiques favorables à la coopération. », a-t-elle ajouté.
Toujours selon la nouvelle directrice régionale, les programmes scolaires devraient également adopter le modèle de l’entreprise coopérative. Le Dr Sifa a indiqué que cela se produit déjà dans certaines universités « pionnières » où elle a déjà contribué à enseigner aux étudiants certaines valeurs coopératives dans le cadre d’un cours de gestion des politiques, notamment à l’Université Africaine Nazaréenne au Kenya. Les étudiants avaient paru s’engager avec enthousiasme dans les discussions et être particulièrement désireux d’en apprendre plus sur ce modèle.
Un problème auquel le Dr Sifa entend apporter une solution est le grand nombre de « fausses coopératives » existant actuellement (c’est-à-dire des coopératives sans coopérants) et qui sont répandues en Afrique ainsi que dans d’autres parties du monde. Elle a expliqué que certaines entreprises qui cherchaient au départ à adopter des valeurs coopératives finissaient par opérer selon un modèle d’entreprise différent. D’après le Dr Sifa, une des explications possibles à ce phénomène serait l’absence d’une éducation adéquate à propos des valeurs et des principes coopératifs. Elle a annoncé que l’ACI collaborerait avec les gouvernements nationaux aux fins d’identifier ces « fausses coopératives » et parvenir à une solution commune.
La Conférence Mondiale et l’Assemblée Générale de l’ACI qui se tiendront au Cap, en Afrique du Sud, au mois de novembre prochain, constitueront un des moyens d’accroître la visibilité de ce mouvement en Afrique et d’encourager l’éducation dans ce sens. Le Dr Sifa a salué l’initiative de l’ACI qui, pour la première fois de son histoire, organise ces événements sur le continent africain, et elle espère que cela contribuera à attirer l’attention des médias locaux et internationaux.
Photo : Directrice Régionale de l’ACI Afrique, le Dr Chiyoge Buchekabiri Sifa.
Be the first to comment