Le groupe automobile japonais s’enfonce dans la crise après avoir annoncé la suspension pour au moins deux semaines de sa production dans toutes ses usines de l’archipel. Le constructeur automobile japonais Nissan, allié de Renault, a annoncé jeudi 19 octobre suspendre la production de ses véhicules destinés au marché nippon dans toutes ses usines au Japon, après avoir constaté la persistance de mauvaises pratiques de certification des véhicules neufs. « Nissan a décidé aujourd’hui (jeudi) de suspendre la production de véhicules pour le marché japonais dans toutes les usines Nissan et Nissan Shatai au Japon », a-t-il indiqué dans un communiqué.
Mettre fin à « d’anciennes pratiques »
En dépit de « mesures correctives » qu’il avait mises en place depuis le 20 septembre, le constructeur dit avoir découvert que dans trois de ses six usines japonaises, « certaines parties de la procédure d’inspection finale (des véhicules, NDLR) étaient toujours réalisées par des techniciens non autorisés à effectuer ces tâches pour les véhicules destinés au marché japonais », selon le communiqué. « On peut croire qu’il est facile de faire cesser d’inspecter des gens qui ne sont pas censés le faire. Mais nous devons prendre (de nouvelles mesures, NDLR) pour mettre fin à d’anciennes habitudes », a déclaré le PDG du groupe, Hiroto Saikawa, lors d’une conférence de presse au siège du constructeur à Yokohama, à l’ouest de Tokyo. La suspension de la production pour le marché japonais devrait durer « environ deux semaines », le temps de prendre les mesures qui s’imposent, a-t-il estimé.
Le groupe compte réinspecter 34 000 véhicules produits entre le 20 septembre et le 18 octobre dans ses usines au Japon, et dit « envisager » de procéder à un nouveau rappel volontaire de véhicules déjà commercialisés. Car la presse japonaise a révélé que cette affaire d’habilitation des certifications est bien plus grave. Ainsi, Nissan aurait falsifié des certificats pour dissimuler le fait que Nissan continuait à faire certifier des voitures par des personnes non-habilitées. L’affaire a été jugée suffisamment grave pour que le groupe repousse de plusieurs semaines la divulgation de son plan stratégique initialement prévu le 8 novembre.
Confiance « trahie » des clients
En raison de cette affaire, qui ne concerne pas les véhicules destinés à l’export, Nissan avait suspendu fin septembre les immatriculations de plusieurs dizaines de milliers de véhicules produits avant le 20 septembre et qui se trouvaient encore en stock dans ses usines. Début octobre, le constructeur était allé plus loin en décidant de rappeler plus d’un million de véhicules déjà commercialisés au Japon et fabriqués entre octobre 2014 et septembre 2017, en vue de les faire contrôler de nouveau selon les règles nationales. Le coût de ce premier rappel devrait se chiffrer à environ 25 milliards de yens (près de 189 millions d’euros), avait précisé Hiroto Saikawa début octobre. Au cours de son dernier exercice fiscal 2016/17, clos fin mars, Nissan a produit plus d’un million de véhicules au Japon, dont 400 000 environ pour le marché national. À quelques jours de l’ouverture du salon automobile de Tokyo (Tokyo Motor Show), la persistance de ce scandale est bien embarrassante pour Nissan et M. Saikawa, qui a pris les rênes du groupe en début d’année pour délester quelque peu Carlos Ghosn, PDG de Renault, président de Mitsubishi Motors et chef d’orchestre de l’alliance entre les trois groupes. « Les clients avaient confiance dans les mesures que nous avions prises et ont acheté nos véhicules. Nous avons trahi leur confiance », a encore déploré jeudi M. Saikawa.
La qualité n’est pas remise en cause
Nissan a toutefois souligné à maintes reprises que cette affaire n’était qu’un problème de procédures, ne remettant pas en cause la qualité de ses véhicules. Outre Nissan, de nombreux groupes japonais ont été confrontés à divers scandales ces dernières années, de Toshiba qui a maquillé ses comptes pendant des années à Takata dont les airbags défectueux ont causé plusieurs décès. Dernier scandale en date dans l’archipel nippon, celui du sidérurgiste Kobe Steel, qui a reconnu ce mois-ci avoir volontairement embelli les caractéristiques techniques de nombre de ses produits, affectant selon lui environ 500 entreprises dans le monde entier.