LE CUIVRE a franchi un nouveau record en près de huit ans la semaine dernière. Les cours du métal rouge évoluent sous la barre des 8 000 dollars la tonne depuis le 20 février 2013. Un nouvel indicateur est venu confirmer en début de semaine dernière la reprise économique de la Chine, le géant asiatique engloutissant quantités de matières premières dont le cuivre. Il s’agit de l’indicateur des exportations qui ont progressé en novembre de 21,1 % sur un an, leur plus forte hausse depuis plus de deux ans, selon des chiffres publiés par les Douanes.
Le cours du métal rouge « reflète en général la santé de l’économie mondiale et en particulier celle de l’économie chinoise », a rappelé Ole S. Hansen, analyste de Saxo Bank. Le prix du cuivre profitait également du cours bas du billet vert puisqu’une baisse de la devise américaine rend le métal rouge moins onéreux pour les acheteurs utilisant d’autres devises. Le dollar index, qui compare le billet vert aux autres grandes monnaies, est resté la semaine dernière proche de son plus bas depuis avril 2018 touché le vendredi dernier. Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 7 774,00 dollars, contre 7 760,50 dollars le vendredi précédent en fin de séance.
Le cours du métal jaune, quant à lui, a oscillé pendant la semaine pour finalement évoluer le vendredi dernier proche de son cours de clôture du vendredi précédent, conforté par l’évolution de la pandémie de Covid-19 et la faiblesse du dollar. La pandémie de coronavirus a continué d’accélérer en Amérique du Nord et cessé de décroître en Europe, renforçant l’intérêt des investisseurs pour la valeur refuge que constitue le métal jaune. De plus, « le dollar reste faible, ce qui apporte un certain soutien aux métaux précieux », a constaté Avtar Sandu, analyste de Phillip Futures, la même raison que pour le cuivre.
« L’or restera très sensible ces prochaines semaines aux discussions sur le plan de relance aux États-Unis, à la prochaine réunion du comité monétaire de la Réserve fédérale américaine (les 15 et 16 décembre) et aux campagnes de vaccination (contre le Covid-19) qui auront lieu dans quelques semaines », a commenté Craig Erlam, analyste de Oanda. Sur le London Bullion Market, l’once d’or valait 1 842,43 dollars le vendredi dernier à la clôture, contre 1 838,86 dollars le vendredi précédent à la clôture.
Le sucre tempère
Le cours du sucre s’est maintenu la semaine dernière à un niveau relativement élevé pour l’année, tiraillé entre une demande en berne et une offre perturbée. Le regain de vigueur du Covid-19 « pose toujours des problèmes côté demande », a souligné Jack Scoville, de Price Group. Mais les mauvaises récoltes en Europe – l’année 2020 a été, par exemple, qualifiée de « catastrophique » – la semaine passée par la filière française du sucre et de l’éthanol – et en Thaïlande sont autant de facteurs de hausse pour les prix, a complété l’analyste.
Après le Brésil, la Thaïlande est le deuxième exportateur mondial de sucre et fournit principalement du sucre blanc sur les marchés internationaux. Le sucre bénéficie également de la bonne forme des deux cours de référence de l’or noir, le Brent et le WTI, qui se sont appréciés de près de 30 % depuis début novembre et retrouvaient le jeudi dernier des prix plus vus depuis début mars. Un prix du pétrole en hausse encourage la transformation de la canne à sucre en éthanol, qui devient plus compétitive face à l’or noir, et réduit donc l’offre de sucre sur le marché. À Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars 2021 valait 395,90 dollars le vendredi dernier, contre 397,30 dollars le vendredi précédent à la clôture. À New York, la livre de sucre brut pour la même échéance valait dans le même temps 14,43 cents, contre 14,44 cents sept jours auparavant.
Le pétrole en baisse
Le brut a terminé la semaine en baisse à New York, tout en se maintenant dans le vert sur l’ensemble de la semaine. Jeudi 10 décembre, le baril a atteint son plus haut niveau depuis neuf mois, soutenu par les espoirs de reprise économique provoqués par l’autorisation de vaccins contre le coronavirus. Le contrat de janvier sur le baril de WTI a clôturé en baisse de 0,5 %, à 46,57 dollars, sur le New York Mercantile Exchange. Sur l’ensemble de la semaine, le baril a gagné 0,7 %. Les cours du pétrole ont perdu un peu de terrain le vendredi dernier, après les sommets en plus de neuf mois atteints la veille, les investisseurs s’accrochant à l’espoir d’une reprise de la demande grâce à l’arrivée des vaccins contre le Covid-19.Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a conclu en baisse de 0,55 % (ou -28 cents) à 49,97 dollars. La veille, il avait terminé au-dessus de la barre des 50 dollars pour la première fois depuis début mars. À New York, le baril américain de WTI pour le mois de janvier a terminé en repli de 0,44 % (ou -21 cents) à 46,57 dollars après un gain de 2,76 % la veille. Les deux cours de référence ont engrangé plus de 30 % depuis le 1er novembre. « L’optimisme sur les vaccins qui s’est emparé du marché depuis quelques semaines semble se poursuivre en raison des approbations successives et du déploiement plus rapide que prévu des premières campagnes (de vaccination) dans les marchés clés pour la consommation de pétrole », a estimé Paola Rodriguez-Masiu, analyste de Rystad.
Le Royaume-Uni a lancé la sienne mardi, une première dans un pays occidental, et les investisseurs attendent désormais que d’autres prennent la suite à travers le monde afin de mettre fin aux restrictions de déplacements et de faire repartir la demande de brut. Outre-Atlantique, un comité d’experts indépendants a voté le jeudi 10 décembre pour recommander à l’Agence américaine des médicaments (FDA) d’autoriser aux États-Unis un premier vaccin contre le Covid-19, développé par le duo Pfizer/BioNTech. Le feu vert devrait suivre dans les prochains jours.
« Avant même leur application à grande échelle, les vaccins semblent déjà provoquer des effets secondaires sur le marché: une myopie aiguë », a ironisé Mme Rodriguez-Masiu. Selon elle, les investisseurs ont choisi « d’ignorer complètement la fragilité dans laquelle (le marché) se trouve encore à court terme ». La reprise de la demande de pétrole brut reste en effet balbutiante, en témoigne la hausse importante des stocks de brut aux États-Unis la semaine passée. « On dirait que l’optimisme sur les marchés financiers, la faiblesse persistante du dollar et la bonne discipline de production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et alliés (OPEP+) pèsent plus aux yeux des marchés que les restrictions de la mobilité et des échanges ainsi que la montée des stocks », a affirmé Eugen Weinberg de Commerzbank. Il se dit « sceptique » et prévoit « une correction des prix au premier trimestre » de 2021.