La corruption gangrène les régies financières. Y mettre fin est une gageure. Pourtant, la DGDA croit que c’est possible.
La corruption, le détournement des fonds, la fraude, les tracasseries et l’impunité sont les maux qui ternissent l’image de la Direction générale des douanes et accises (DGDA). « Trop, c’est trop », s’est indigné Déo Rugwiza Magera à la clôture de la onzième session annuelle des directeurs de l’administration des douanes, le 28 janvier. En déclarant la guerre à ces pratiques, le directeur général des douanes s’inscrit dans le schéma du gouvernement qui cherche à tout prix comment maximiser les recettes internes au-delà des assignations budgétaires pour l’exercice 2016.
Les directeurs de la DGDA ont passé en revue les instructions du ministère des Finances sur la mobilisation des recettes au cours du premier semestre de 2016 en dressant le bilan des activités douanières de l’année dernière. Cet exercice leur a permis d’identifier les faiblesses dans le mode de fonctionnement. La loi de finances 2016 assigne à la DGDA 2 579 milliards de francs. En 2015, les assignations budgétaires de la DGDA s’élevaient à 2 579 milliards. Au 31 décembre, l’administration douanière a mobilisé 71,42 % des recettes prévues. Comparées aux réalisations de l’exercice fiscal 2014, celles de 2015 ont représenté un taux d’accroissement de 2,60 %. Mais ce taux d’accroissement, a reconnu Déo Rugwiza Magera, est relativement faible par rapport aux années antérieures, notamment l’année 2012 au cours de laquelle le dépassement était de l’ordre de 32,52 % par rapport à 2011. En 2013, les recettes douanières ont dépassé de 29,19 % celles de 2012, alors que celles réalisées en 2014 ont connu un accroissement de 4,64 % par rapport à 2013.
Une mission difficile
La tâche paraît difficile à cause des perturbations économiques marquées notamment par la chute des prix du pétrole et du cuivre sur le marché mondial. Ce qui est à la base du ralentissement des activités des sociétés minières. Les directeurs centraux et provinciaux ont été instruits sur « l’impérieuse nécessité » de réaliser les prévisions budgétaires assignées à leurs entités respectives. Désormais, ils seront jugés conformément au contrat-programme de performances qu’ils ont signé à l’issue des travaux. Ils ont l’obligation de le traduire en acte dans la gestion quotidienne des services dans le strict respect des dispositions légales et règlementaires, et l’encadrement du personnel. Rugwiza Magera leur a demandé de s’impliquer davantage dans le suivi des opérations de dédouanement des marchandises et dans le contrôle des activités des services. D’autant qu’une certaine passivité a été observée du fait des pratiques de corruption, de détournement des fonds, de fraude, des tracasseries et de l’impunité. Cette lutte est affaire de tous, car « il sera illusoire de croire que l’on saura redresser la barre sans remporter la bataille contre les antivaleurs », a-t-il martelé.
Les rapports des missions de contrôle et d’audit dans les provinces ont révélé que beaucoup reste à faire sur le plan de l’éthique professionnelle. C’est peut-être là le terrain de la bataille à mener en 2016 en vue de la mobilisation tous azimuts des recettes. Selon le ministre des Finances, la mauvaise passe sur le plan international ne constitue pas une excuse pour ne pas atteindre l’objectif des recettes de l’ordre de 2 579 milliards de francs à mobiliser. Au contraire, l’environnement international actuel peu favorable et le ralentissement général des activités économiques devraient conduire à mobiliser davantage les recettes internes. Il attend des douaniers professionnalisme et conscience dans l’accomplissement de leur mission afin de compenser le manque à gagner causé par la conjoncture. Yav Mulang attend du personnel de la DGDA un engagement citoyen pour accroître les recettes douanières.