En organisant, lundi 1er septembre dans le plus prestigieux stade d’Italie, le « match de football interreligieux pour la paix », le chef de l’église catholique a réussi à donner un autre élan au défi de renforcer le dialogue entre les différentes sources de croyances. Les vedettes rassemblées à Rome étaient de différentes nationalités : le camerounais Samuel Eto’o, les argentins Diego Maradona, Lionel Messi et Ezequiel Lavezzi, les italiens Gianluigi Buffon, Roberto Baggio et Andrea Pirlo, l’allemand Mezut Ozil, l’israélien Yossi Benayoun, le français David Trezeguet, le colombien Carlos Valdenama, l’ukrainien Andriy Chevtchenko… Si la majorité de ces joueurs de football sont d’obédience catholique, les autres invités sont des stars de religion ou d’origine juive, boudhiste, musulmane, hindoue. Des représentants de toutes ces religions ont planté, dans un gros pot blanc, un olivier, en symbole de la paix. Sur le terrain, les footballeurs ont été répartis en deux équipes, conduites, la première par Maradona, Baggio et Buffon et, la seconde, par Del Piero, Trezeguet et Javier Zanetti. C’est cette dernière qui a remporté le match, par un score sans appel de 6 buts à 3.
Le défi est que le dialogue interreligieux ne reste pas restreint à quelques élites, mais descende dans la rue.
Cardinal Jean-Louis Tauran,
Deux encadreurs ont suivi les deux formations : l’argentin Gerardo Martina et le français Arsène Wenger. Les chroniqueurs sportifs ont reconnu que la partie s’est déroulée « paisiblement », sans trop d’engagement physique. Il n’y a eu ni carton jaune, ni carton rouge. A la fin du temps réglementaire, l’équipe gagnante a reçu un trophée constitué d’un olivier, en métal argenté. Un « manifeste pour la paix », signé par les cinquante joueurs qui ont répondu à l’invitation du Vatican, a été lu dans huit langues.
Ces modèles pour les jeunes
« La religion doit être un vecteur de paix et non de la haine », pouvait-on lire dans ce document. Au cours de la réception, accordée à ses hôtes, peu avant le début de la rencontre sportive, le Souverain pontife a souligné que « ce match sera, certainement, une occasion de rassembler des fonds pour soutenir des projets de solidarité. Il sera également une opportunité, pour réfléchir sur les valeurs universelles que le football et le sport peuvent favoriser : la loyauté, le partage, l’accueil, le dialogue, la confiance en l’autre. Il s’agit des valeurs qui conduisent chaque personne à s’ouvrir, en dépassant la race, la culture et le credo religieux. » Le chef de l’église catholique, supporter du club San Lurenzo de Buenos Aires, a rappelé à ces stars du football, qui étaient accompagnés des membres de leurs familles, leur capacité d’être des modèles pour les jeunes qui les suivent de près, à travers tous les pays du monde. « Par votre attitude quotidienne, chargée de foi et de spiritualité, d’humanité et d’altruisme, vous pouvez rendre un témoignage en faveur des idéaux de convivialité pacifique civile et sociale, pour l’édification d’une civilisation fondée sur l’amour, la solidarité et la paix. Voilà, la culture de la rencontre. Travaillez dans ce sens », a-t-il déclaré. A plusieurs occasions, il n’a cessé de revenir sur « la responsabilité des footballeurs vis-à-vis de leurs très jeunes supporters ». Il leur a demandés de ne pas mettre, au centre de leurs préoccupations, le monde de l’argent et de la publicité, mais à « être des modèles irréfutables, sur le plan éthique. » Cette rencontre au tour du ballon rond a été l’aboutissement d’une initiative proposée, l’année dernière au Pape, par l’ancien joueur argentin Javier Zanetti. Elle a bénéficié d’un important sponsoring, notamment des marques Fiat (automobile) et Piretti (pneumatique). Les fonds, collectés pour la circonstance, seront répartis à plusieurs organisations caritatives, dont l’une s’occupe de l’encadrement des enfants défavorisés, à Buenos Aires : « Un’Alternativa di vita ». Ce match a permis de vulgariser bien de concepts. « Ce match grand public a offert l’occasion de populariser un discours interreligieux, qui a besoin d’être plus connu et, surtout, plus pratiqué, dans le monde actuel, afin de démarquer les religions de la violence », a indiqué Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio, très impliquée dans le dialogue interreligieux.