Parc des Virunga : l’exploitation du pétrole continue à alimenter la polémique

Des réactions continuent à pleuvoir contre les activités de l’entreprise Soco dans le parc de Virunga. Parmi les dernières en date, on note celle du Fonds mondial pour la nature (WWF), qui a carrément appelé, le 24 avril 2014, cette entreprise à suspendre les opérations de prospection sismique dont le début a été prévu le samedi 19 avril 2014.

Le WWF, qui croit que l’exploration pétrolière apporterait un nouveau risque inacceptable pour l’environnement et les communautés de Virunga, exhorte la société à se retirer de cette aire protégée. Citant un article paru dans les médias, le WWF a noté avec regret qu’« au mépris des protestations locales et de l’opposition internationale, la société britannique Soco International PLC va commencer ce samedi, la phase de prospection sismique de son projet d’exploration pétrolière controversée sur le lac Edouard à l’intérieur du parc national des Virunga».

WWF a en effet jugé irresponsable de la part de Soco de poursuivre son projet en dépit de l’opposition du gouvernement britannique, de l’Unesco, du parlement européen, de la société civile congolaise et de tant d’autres. « L’entreprise met les moyens de subsistance de milliers de personnes à risque », a souligné cette organisation.

Des risques pour l’environnement

Dans son plaidoyer, WWF a noté que durant la phase de prospection, les pêcheurs se verront restreindre l’accès au lac dans les zones d’opérations, alors que le lac Edouard constitue une source de vie irremplaçable. « Il apporte nourriture et eau potable à plus de cinquante mille personnes et la pêche génère plus de trente millions de dollars par an », a précisé cette structure.
Pour cette institution, les risques de pollution identifiés dans la propre étude d’impact de Soco indique que l’exploration et l’exploitation du pétrole pourraient détruire les habitats fragiles du parc, contaminer l’air, l’eau et le sol. « Il y a des risques importants pour les communautés riveraines du lac alors que, selon la même étude d’impact, seule une centaine d’emplois directs seraient créés lors de la phase d’exploration », a soutenu WWF, qui croit que l’exploration pétrolière apporterait un nouveau risque inacceptable pour l’environnement et les communautés de Virunga.

L’entreprise met les moyens de subsistance de milliers de personnes à risque .
WWF

WWF conseille, en effet, de se pencher sur les ressources pétrolières du pays, qui sont nombreuses, et d’autres opportunités, pour développer le secteur pétrolier en République démocratique du Congo au lieu de mettre en péril le formidable potentiel de développement durable que représente le parc des Virunga. « Les pêcheurs, les agriculteurs et les entrepreneurs locaux qui dépendent de Virunga s’opposent avec véhémence à la présence de Soco dans leur parc, et de nombreux membres de la communauté internationale les ont rejoints », a rappelé le directeur de WWF-République démocratique du Congo, Raymond Lumbuenamo. «Virunga, a-t-il poursuivi, pourrait être une source d’espoir pour l’Est de la République démocratique du Congo si la pêche, l’agriculture, l’hydroélectricité et le potentiel écotouristique étaient développés de manière durable.  Soco ne doit pas menacer l’avenir de ce parc irremplaçable ».

Il est, par ailleurs, rappelé que, suite à l’engagement de la compagnie Total de ne pas explorer au sein du parc, Soco reste aujourd’hui la seule compagnie à envisager un tel projet. Le lancement de ces tests sismiques débute dans un contexte de forte tension. Depuis plusieurs mois, en effet, de nombreux témoignages font part des menaces et intimidations reçues par des personnes s’exprimant ouvertement sur le pétrole.

En février 2014, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a accepté la plainte déposée par WWF qui a exposé « des éléments et des problèmes qui méritent un examen approfondi » concernant des violations présumées des droits de l’homme et des protections environnementales liées aux opérations de l’entreprise dans le parc.

Le 15 avril, le conservateur du parc national des Virunga, Emmanuel de Merode, a été la cible de tirs, le blessant gravement alors qu’il roulait sur la route entre Goma et Rumangabo. Ses jours, heureusement, ne sont aujourd’hui plus en danger. Le 17 avril, le documentaire « Virunga » présenté en avant-première au Festival du film de Tribeca révèle de sérieuses allégations concernant les agissements de Soco.