LE CONTRAT mars sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 20 cents, soit 0,35 %, à 56,96 dollars le baril après avoir atteint la veille un plus haut de 2019 à 57,55. Le Brent de mer du Nord a réduit sa perte à un cent symbolique (0,01 %), à 67,07 dollars, après avoir reculé en séance jusqu’à 66,69. Il avait atteint mercredi 20 février un pic à 67,38, là aussi un plus haut de l’année. En hausse de 3,7 millions de barils à 454,5 millions de barils la semaine du 11 au 17 février, les stocks américains sont à leur plus haut depuis octobre 2017 en dépit d’exportations record. De plus, la production des États-Unis, devenus l’an dernier le premier producteur mondial, a atteint un nouveau record à 12 millions de barils par jour, de quoi alimenter l’offre sur le marché mondial. Les efforts de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour réduire la production et des indicateurs décevants aux États-Unis, qui font craindre une baisse de la demande, ont toutefois permis au marché de contenir ses pertes. Le Nigeria, membre de l’OPEP, a indiqué qu’il limiterait sa production, qui avait augmenté en janvier à 1,78 million de barils par jour, afin de soutenir les cours.
L’OPEP monte au front
Partagés entre l’effondrement de la production vénézuélienne et l’infatigable développement des schistes américains, tiraillés entre les rumeurs d’avancées des négociations Chine/États-Unis sur le front commercial et le ralentissement économique mondial, les opérateurs ont adopté une position attentiste, à l’image des longues oscillations du Brent entre 59 et 63 dollars durant de nombreuses semaines. Les efforts de l’OPEP pour réduire l’offre globale de brut pourraient néanmoins changer la donne à court terme.
Le cartel a, en effet, drastiquement réduit son offre en janvier, de l’ordre de 800 000 barils par jour en moins par rapport en décembre. L’Arabie Saoudite a fortement contribué à l’effort de limitation de la production, en pompant 350 000 barils par jour de moins qu’en décembre. En outre, les efforts de Ryad pour rassurer le marché ne s’arrêtent pas là, le Royaume saoudien ayant affirmé que sa production et ses exportations allaient encore diminuer en mars.
De ce fait, tout est mis en œuvre pour ancrer les anticipations vers un prochain rééquilibrage du marché, à l’image des dernières déclarations du ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, qui s’attend à un marché équilibré dès le premier trimestre 2019. La faiblesse de la croissance de la demande pourrait ainsi être reportée au second plan, l’OPEP tablant désormais sur une croissance de 1.24 mbj en 2019, contre 1.29 mbj précédemment.
En parallèle, l’Agence internationale de l’Energie (AIE) se montre plus pessimiste en relevant sa prévision de croissance de l’offre hors OPEP à 1.8 mbj, contre 1.6 mbj précédemment. Cette hausse de l’offre devrait, selon l’AIE, contrebalancer les réductions de production du cartel, mais aussi les sanctions américaines contre l’Iran et le Venezuela. Ces prévisions sont partagées par l’EIA, qui prévoit une nette augmentation de la production américaine à 12.41 mbj cette année et 13.2 mbj l’an prochain.
Graphiquement, peu d’évolution à constater en données hebdomadaires. En effet, le biais haussier est maintenu au-dessus de 62 dollars, qui fait office de point pivot à court terme, avec en ligne de mire la ligne des 70 dollars. Seul un retour en clôture sous le point pivot fragiliserait le rebond des cours entamé depuis le début de l’année et augmenterait la probabilité d’un dérapage jusqu’à 53 dollars.