Il faut intégrer durablement les petits exploitants et les producteurs commerciaux dans les chaînes de valeurs régionales et mondiales. C’est le point de vue de Steve Kayizzi-Mugerwa, vice-président délégué de la Banque africaine de développement (BAD), si l’on veut assurer productivité et compétitivité aux produits agricoles africains. Pour sa part, Anabel González, directrice principale du pôle commerce et compétitivité auprès de la Banque mondiale, pense que le secteur des services tient une place de plus en plus importante dans les programmes de développement en Afrique et dans ceux de la Banque mondiale. Dans de nombreux pays de la région, souligne-t-elle, les services constituent le secteur qui enregistre la plus forte croissance, créant ainsi de nouveaux emplois et de nouvelles activités économiques. Ce secteur stimule aussi la production dans d’autres secteurs. Pourtant, la productivité du secteur des services demeure faible. Pour être plus compétitifs, les gouvernements doivent réduire les barrières commerciales et adopter des réformes législatives complémentaires. Ces réformes s’imposent aussi pour permettre à l’Afrique de renforcer son intégration dans les chaînes de valeur mondiales, affirme-t-elle. Quant à Angel Gurría, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il faut promouvoir plus d’investissements dans les infrastructures, adopter des procédures commerciales plus rapides, renforcer l’intégration régionale et créer des institutions plus efficaces pour consolider les progrès enregistrés et en faire davantage. « Cela permettra à l’Afrique sub-saharienne d’exprimer pleinement son potentiel. De même, il faut une transformation structurelle plus rapide pour stimuler la productivité, créer plus d’emploi et améliorer la cohésion sociale.
Le Rapport biennal sur la compétitivité en Afrique, produit conjointement par la BAD, l’OCDE, la Banque mondiale et le Forum économique mondial, comporte les profils de compétitivité détaillés de 40 économies africaines, ainsi que des résumés exhaustifs des vecteurs de compétitivité dans chacune d’entre elles. Grâce aux nouvelles technologies (révolution des transports, des télécommunications, l’avènement de l’informatique, etc.), l’économie mondiale en général et le commerce international en particulier enregistrent des bonds formidables. La production, la distribution sont animées par des firmes oligopolistiques qui ont délibérément choisi le marché mondial comme échelle. La mondialisation consacre ainsi l’avènement de produits universels qui sont consommés partout de la même manière. Elle opère en même temps une mutation profonde qui se manifeste dans tous les secteurs.
« Tout est marchandisé »
Désormais tout est marchandisé, tant au niveau de la production que de la circulation et de la distribution des biens et services. La mondialisation peut donc être définie comme l’échange généralisé entre les différentes parties de la planète, l’espace mondial étant alors l’espace de transactions de l’humanité. Les pays africains, à l’instar des autres pays développés ou non, ont intérêt à participer aux échanges internationaux. Mais cette insertion nécessite une participation active à l’élaboration des politiques et aux négociations au sein des institutions. Malheureusement, la plupart, pour ne pas dire la totalité des pays africains, jouent un rôle encore trop marginal dans ces institutions, même lorsque des aspects déterminants de leur développement sont en jeu. Cette marginalisation des pays africains au niveau de ces institutions reflète la faiblesse de leur poids économique au niveau international.
En effet, malgré les nombreux efforts des dirigeants africains au lendemain des indépendances et les opportunités offertes par la globalisation, l’Afrique n’a pas su tirer son épingle du jeu. La fin du colonialisme avait libéré de nouvelles énergies et les dirigeants étaient résolus à ce que leurs pays rattrapent le monde développé. Les pays africains doivent faire un bond qualitatif en faisant preuve d’audace, affirmant que le continent pourrait trouver des raccourcis vers le développement. C’est de cette manière que tous les secteurs de l’économie vont connaître une révolution. Cependant, en dépit des progrès accomplis, l’Afrique aborde le XXIème siècle dans la catégorie des pays les moins avancés. Elle est le seul continent où la pauvreté est en hausse, autour de 500 millions de pauvres. Et, quoi qu’elle représente 10 % de la population mondiale, l’Afrique ne génère que 1,5 % des échanges commerciaux mondiaux. Ce retard profond des pays africains pose des questions capitales : des problèmes structurels et institutionnels, la nature et l’impact des réformes entreprises, l’aide extérieure et les mesures d’allègement de la dette…