Invité à Kinshasa, en septembre 2014, dans le cadre du forum économique I-PAD, Miguel Azevedo, alors directeur-général à la Citibank pour l’Afrique subsaharienne, avait également proposé aux autorités de la RDC de se pencher sur les grandes perspectives du développement de l’industrie du gaz et du pétrole plutôt que de considérer toujours l’industrie minière comme moteur du développement du pays. Curieusement, le gouvernement de la RDC ne compte tirer aucun profit sur le gaz en 2019, du moins si l’on se réfère au budget du prochain exercice qui gèle tout acte générateur de recettes sur le gaz.
À titre d’exemple, l’autorisation de stockage de carbure de calcium et gaz acétylène qui ne dispose d’aucune prévision des recettes en 2019 alors que courant 2018, cette taxe a rapporté 44 838 937 FC pour des prévisions semestrielles de 35 725 854 FC.
Pas de prévisions des recettes non plus pour l’autorisation d’importation et de commercialisation de carbure de calcium et de gaz, quand bien même que le Trésor a déjà encaissé 16.7 millions de FC à fin juin 2018 et qu’à fin décembre, cet acte générateur de recettes rapporterait, selon les estimations de la DGRAD, quelque 68.9 millions de FC.
Concernant l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu, 65 milliards Nm3, Aimé Ngoie Mukena, l’ancien ministre des Hydrocarbures, avait fait comprendre à la commission Ecofin de l’Assemblée nationale qu’il avait obtenu l’avis de non-objection de la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP) sur un projet de contrat d’exploitation. La signature de ce contrat peut intervenir incessamment.
Ngoie Mukena était, en effet, invité par la commission de l’Assemblée en charge du Budget, pour se justifier sur la non-exécution de nombreux projets d’exploitation du pétrole et du gaz restés en veilleuse. Il sied de rappeler que si côté rwandais, l’exploitation du gaz a déjà commencé et produit du courant avec la firme rwando-étasunienne Kivu Watt, côté congolais, aucune visibilité, sinon l’État et le ministère des Hydrocarbures ont été trainés, en 2016, en justice, par la firme Kivu Lake Energy Corporation (KLEC) qui s’est estimée flouée au profit des tunisiens Engineering Procurement & Project Management (EPPM) dans l’attribution provisoire du marché relatif au recrutement d’une société pour l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu en vue de la production de l’électricité.
En 2017, au lieu de l’exploitation, le gouvernement avait opté plutôt pour le dégazage du golfe de Kabuno où le gaz méthane aurait menacé d’exploser depuis quelques mois.
Mais, début juin 2017, le ministre des Hydrocarbures attribuera, derechef, par sa lettre-décision n°001/PPP/M.Gaz.Elec/CGMP/Min-Hydro/2017, le marché d’exploitation du gaz du lac Kivu au consortium EPPM et Swede Energy DRC Transcentury Limited. Il avait dit se fonder sur l’ordonnance de la Cour suprême de justice n° RA 1553 du 15 mars 2017, qui rejette le recours de la société KLEC. En outre, le 22 mai 2017, la DGCMP lui avait accordé un avis de non-objection dans sa lettre n°0346/DGCMP/DG/DRE/D4/BNJ/2017, sur son rapport de réévaluation combinée.
En clair, il y a plus d’une année que le ministre des Hydrocarbures a reçu le fameux avis de non-objection et a même attribué le marché. Marcel Collet, le directeur du parc marin des Mangroves, a fait un plaidoyer auprès du gouvernement pour qu’il lance l’exploitation du gaz dans la région de Muanda. Mais la RDC est encore à l’étape des certifications des réserves gazières et pétrolières. Pour ce faire, un budget de 55 966 400 000 FC, soit un peu plus de 32 millions de dollars est prévu pour 2019.
Par ailleurs, le groupe pétrolier franco-britannique Perenco a fait part, voilà deux ans, de son intérêt à exploiter du gaz qui, depuis des lustres, a été brûlé par torchère lors des opérations d’extraction du brut. Perenco, compte des réserves de 20 milliards de m3 en offshore et 10 milliards en on shore sur son champ pétrolier. À Muanda, PERENCO utilise déjà le gaz pour alimenter les générateurs de la centrale de Kinkazi.
Il nous revient également que la Minière de Bakwanga (MIBA) a en projet l’exploitation du gaz dans la région du Grand Kasaï.