Presqu’île de Bakassi : quand le pétrole échappe au Cameroun

Le 21 décembre 1993, les troupes nigérianes envahissent la péninsule de Bakassi plus précisément Jabane et Diamond. Le 29 mars 1994, le Cameroun saisit la Cour internationale de justice de La Haye qui reconnaît la souveraineté sa souveraineté sur la presqu’île. Le 12 juin 2006 intervient la signature de l’accord de Greentree à New-York (États-Unis) entre le Cameroun et le Nigeria, qui fixe les modalités de retrait et de transfert d’autorité à Bakassi. Le Nigeria reconnaît que la souveraineté sur le territoire est camerounaise conformément à l’arrêt de la Cour internationale de justice du 10 octobre 2002.

En août 2006, s’effectuent le retrait effectif de l’armée nigériane de Bakassi et le transfert de l’autorité du Cameroun en présence des représentants des États-Unis, de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne et du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, président de la Commission mixte Cameroun-Nigeria, Saïd Djinnit.

Le 14 septembre 2013, sonne la fin de la période transitoire. Les Nigérians vivant à Bakassi doivent choisir entre garder leur nationalité ou prendre la nationalité camerounaise. L’article 3 de l’accord dispose que « le Cameroun, après que le Nigeria lui aura transféré l’autorité, garantit aux ressortissants nigérians vivant dans la presqu’île de Bakassi l’exercice des libertés et droits fondamentaux consacrés par le droit international des droits de l’homme et les autres règles pertinentes du droit international ». En particulier, Yaoundé s’engage, entre autres, à ne pas forcer les ressortissants nigérians vivant dans la presqu’île à partir.

Des rencontres politiques et diplomatiques se succèdent pour régler le problème. Après des tractations, les troupes nigérianes peuvent quitter Bakassi. Les puits de pétrole restent exploités par Total, société française et Shell, société anglo-néerlandaise. Les intervenants se distribuent la rente sur le pétrole exploité à Bakassi. Le Nigeria exploitait le pétrole de Bakassi après l’invasion de 1993. Aux termes des pourparlers, le Cameroun devait récupérer tout ce qui lui appartient dans la zone de Bakassi, y compris les puits de pétrole en exploitation par le Nigeria. Quand le verdict du 10 octobre 2002 de la Cour internationale de justice de la Haye tombe, beaucoup de choses se sont passées. Tout le monde y trouve son compte. Abuja obtient une option pour plusieurs années sur le pétrole exploité et les représentants des quatre États témoins, les États-Unis, France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.

L’Allemagne avait demandé à être associée à l’exploitation de Bakassi en tant que puissance colonisatrice du Cameroun, tandis que la France est entrée dans le jeu en tant qu’ancienne puissance tutrice. Ses intérêts sont confiés par la société Total.

La Grande-Bretagne est dans le partage en tant qu’ancienne puissance coloniale du Cameroun. Les Pays-Bas, qui ont en copropriété la société Shell avec la Grande-Bretagne, sont également de la partie. Si, aujourd’hui, la presqu’île de Bakassi appartient bien au Cameroun, ce n’est pas le cas du pétrole et du gaz qui s’y trouvent. S’agissant des 76 puits exploités par Total et Shell dans la zone et dont les revenus allaient au Nigeria, le Cameroun n’a rien reçu depuis que Bakassi lui est totalement revenue.