WILLY Kitobo Samsoni, le ministre des Mines, a proposé au gouvernement le dé-confinement dans les sites miniers à la suite des mouvements de grève des travailleurs de Tenke Fungurume Mining (TFM) dans la province du Lualaba et de ceux de CDM dans le Haut-Katanga. Sur fond de revendication des primes, de bonnes conditions d’hébergement et des salaires, quelque 7 800 travailleurs réclament la reprise du travail. Le gouvernement qui préconise une approche prudentielle par rapport à la pandémie de Covid-19. a décidé d’envoyer une mission interministérielle sur place.
Lors de la session numérique de DRC Mining Week ou la Semaine minière de la RDC, Willy Kitobo a souligné qu’à cause de la pandémie de coronavirus, non seulement le pays va perdre 20 % des revenus dans le secteur minier du fait de la chute des prix des matières premières sur les marchés mondiaux, mais aussi plusieurs projets miniers seront reportés à cause des restrictions sur les exportations des minerais bruts. Presque tous les projets sont renvoyés à l’année prochaine, alors que certains d’entre eux auraient dû être terminés cette année et donner un peu plus de production.
C’est dans ce cadre que le gouvernement a examiné les mesures les plus idoines pour maintenir les activités. La RDC est le leader mondial dans la production de cobalt, et africain dans la production du cuivre. D’après le ministre des Mines, le gouvernement a trouvé un modus operandi avec les opérateurs pour éviter la suppression d’emplois. Aux compagnies minières, les assurances ont été données quant à leurs activités après le Covid-19. Willy Kitobo a annoncé aussi la détermination du gouvernement à appuyer les sous-traitants à travers des mesures concrètes dont les allégements fiscaux et les autres charges.
Optimisme
Le ministre des Mines est optimiste. D’après lui, les signaux de la reprise de l’économie mondiale sont encourageants. En effet, la Chine, principale consommatrice de métaux de RDC, tient à rependre rapidement ses importations. Contrairement à certaines prédictions, il n’y aura donc pas d’apocalypse, a-t-il insisté. La RDC a en tête d’obliger les compagnies minières à transformer leur production localement avant l’exportation, mais comment vont-elles réagir ? En Tanzanie, par exemple, cette mesure a donné lieu à un véritable bras de fer entre l’État et les sociétés minières.
En attendant, le gouvernement compte apporter un appui financier aux compagnies minières touchées par les effets de la pandémie de Covid-19. En cas de force majeure, l’État pourrait mettre la main à la poche, a laissé entendre le ministre des Mines. La force majeure est une clause contractuelle qui exempte l’une des parties de ses obligations, en raison des facteurs indépendants comme la crise sanitaire actuelle. Bien que les compagnies opérant en RDC aient rencontré des difficultés liées à l’obtention des équipements nécessaires à leur activité d’extraction, aucune n’a pour l’heure invoqué ce dispositif légal.
Cette mesure publique serait tout de même utile en cas de dégradation de la situation, alors que l’industrie minière rapporte beaucoup à l’État. Les pouvoirs publics font tout pour limiter la propagation du virus dans les provinces minières : confinement, suspension du trafic routier, installation d’un nouveau centre de dépistage, etc. Avis d’experts : installer davantage de centres de dépistage, d’isolement et de traitement devient donc un impératif pour éviter la fermeture des mines qui serait fatale pour l’économie de la RDC.
Guerre commerciale
En effet, le secteur minier est le poumon de l’économie nationale, avec une contribution autour 32 % au produit intérieur brut (PIB) et de 95 % aux recettes d’exportation. Selon ce que la Banque centrale du Congo (BCC) souligne dans son rapport annuel de 2018, le rythme de croissance du volume des échanges mondiaux des biens et services a progressé de 3,8 %, en baisse de 1,6 point de pourcentage par rapport à 2017. Ce ralentissement a résulté principalement de l’instauration des droits de douane, particulièrement entre les États-Unis et la Chine.
S’agissant des prix des métaux, ils ont été caractérisés par une hausse de 7,6 %, expliquée notamment par des perturbations de l’offre sur certains marchés, combinées aux effets des mesures budgétaires adoptées par la Chine pour relancer l’activité économique, dans un contexte de tensions commerciales avec les États-Unis. La croissance de l’activité économique s’est consolidée en 2018 sur fond de l’embellie des cours des matières premières sur le marché mondial.
L’activité économique a poursuivi son trend haussier en 2018, après la reprise observée l’année précédente. En effet, l’économie congolaise a enregistré une croissance de 5,8 % de son PIB réel en 2018, soit une hausse de 2,1 points par rapport à 2017. Cette vigueur, explique la BCC, est consécutive essentiellement au bon comportement affiché par le secteur primaire et à l’amélioration de la demande extérieure nette.
La robustesse du secteur primaire, dans un contexte de bonne tenue de cours des principaux métaux d’exportations dont le cuivre et le cobalt, est consécutive au dynamisme de la branche « Extraction », dont la contribution a été de 4,40 points de croissance contre 1,96 point une année auparavant. Cette évolution fait suite à l’entrée en production des nouvelles entreprises et à la reprise des activités de la société Kamoto Copper Company (KCC). En 2018, la branche « Extraction » a progressé à un rythme annuel de 16,9 %, contre 7,8 % en 2017, induisant une contribution à la croissance économique de 4,40 points contre 1,96 point une année plus tôt, sous l’impulsion essentiellement des produits miniers.
Hormis le zinc et le diamant dont la production a baissé, des évolutions à la hausse sont reflétées dans les volumes des principaux produits, notamment le cuivre et le cobalt. Outre le maintien des cours des matières premières à des niveaux rémunérateurs, le dynamisme de cette activité résulte de la reprise de la production de KCC et de la hausse de la production minière de deux autres entreprises privées. L’indice d’activité d’extraction des métaux non ferreux a progressé de 18,4%, s’établissant à 122,09 points en 2018. La production totale du cuivre, chiffrée à 1 094,6 milliers de tonnes en 2017, s’est établie à 1 225,2 milliers en 2018.
La production des partenaires de la Gécamines a atteint 1 206,9 milliers de tonnes, soit 11,9 % de progression par rapport à son niveau de l’année précédente. Celle de la Gécamines, quant à elle, s’est accrue de 15,8 %, se chiffrant à 18 376,4 tonnes. En 2018, le niveau de la production du cobalt s’est relevé à 109,4 milliers de tonnes, soit une progression de 32,7 %, à la faveur essentiellement de l’évolution favorable de la production des partenaires de la Gécamines, laquelle a atteint environ 109,2 milliers.
Après une baisse de 2,0 % en 2017, la production du zinc s’est davantage contractée pour se situer à 1 046,7 tonnes en 2018, soit un recul drastique de 91,5 %. Cette contreperformance est attribuable notamment à l’arrêt des activités des entreprises productrices de ce minerai. En 2018, l’activité des autres produits d’extraction s’est globalement inscrite en hausse, l’indice de production est passé de 63,1 points en 2017 à 69,2 points.
La production du diamant a chuté de 19,9 % en 2018, après avoir enregistré en 2017 une croissance de 21,7 %. Hormis le choc observé au niveau de son cours, la production de ce minerai est restée plombée par la situation sécuritaire dans les principales zones d’exploitation du pays. La production de l’or a progressé de 16,4 %, se situant à 36,8 tonnes à fin 2018, consécutivement aux nouveaux investissements réalisés dans ce secteur, dans le cadre du démarrage de la production souterraine et de l’optimisation du système de manutention automatisé.