Primauté du franc dans les transactions commerciales !

La Banque centrale vient de hausser le ton en matière de taux de change. Elle s’est rendu compte que la RDC est l’un de rares pays au monde où la monnaie nationale circule concurremment avec les monnaies étrangères.  Une situation anormale héritée des années 1990 où la dépréciation monétaire journalière de plus 20 % rendait impossibles toutes les prévisions et les épargnes en monnaie locale. Aujourd’hui, même avec un franc stable grâce à une inflation maitrisée, le recours aux devises étrangères a du mal à disparaitre. 

La Banque centrale du Congo (BCC) a présenté sa nouvelle réglementation du change. Elle remplace la réglementation en cours depuis 2003, jugée inadaptée à la conjoncture actuelle. Parmi les innovations, la BCC consacre la primauté du franc sur toute autre monnaie dans les transactions commerciales à travers le pays. Sur le plan social, le paiement de tous les frais de soins médicaux, les factures d’électricité ou d’eau, le paiement du loyer à usage résidentiel doivent désormais se faire exclusivement en francs. « C’est une question de fierté nationale et une confiance qui manquait beaucoup aux Congolais qui utilisaient des monnaies étrangères même dans les opérations de routine», estime un économiste. Et d’ajouter que l’institutionnalisation du dollar comme monnaie de change au détriment du franc occasionne des pertes au profit d’un intermédiaire dont on peut bien se passer car, n’ayant aucune valeur dans la transaction.

Imaginons simplement la gymnastique d’un fonctionnaire de l’Etat payé en franc, mais qui doit à son tour payer son loyer en devises. Ce dernier devra débourser 95 000 francs pour s’acheter 100 dollars auprès de cambistes. Lorsque le bailleur est payé, il repartira changer la somme à 92.000 francs pour s’acheter des biens de consommation. Dans cette opération, constate-t-on, le locataire a dépensé plus qu’il ne devait. La mesure de la Banque centrale va soulager d’abord cette catégorie des citoyens parce qu’ils n’auront plus à recourir à un intermédiaire : le cambiste. Un employé de banque interrogé estime que cette décision va permettra à la Banque centrale d’augmenter ses réserves en devises indispensables à mettre à la disposition importateurs. En effet, chaque semaine, la Banque centrale mobilise auprès des banques commerciales d’importantes sommes d’argent en devises au profit des opérateurs économiques pour leur permettre de s’approvisionner en biens de consommation sur les marchés extérieurs. Si les devises ne sont pas disponibles dans les banques, les cambistes qui sentent le besoin, surfent sur le taux de change au nom de la loi de l’offre et de la demande.

Ce qui entraine des hausses de prix sur le marché des biens et services. Pour ce cambiste rencontré place le Château, à la Gombe, le ciel s’assombrit pour sa profession. « Je vois combien il sera plus dur pour nous de survivre. Harcelés par la police qui nous oblige d’opérer dans des espaces plutôt fermés, cette mesure est un coup de massue pour notre profession », se plaint-il.