LE CUIVRE a réagi favorablement à l’annonce selon laquelle l’économie chinoise a connu une croissance plus que prévue au premier trimestre 2019. Cette embellie est due notamment à l’apaisement des craintes sur le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis, a laissé entendre Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. La croissance en Chine sur un an a atteint 6,4 % au premier trimestre, stable par rapport au quatrième trimestre 2018 et plus élevée qu’attendu par les analystes, qui tablaient sur 6,3 % de croissance selon la médiane d’un consensus compilé par l’AFP.
La Chine est le premier importateur de matières premières. Le cuivre, utilisé pour la confection de circuits électriques, qui servent ensuite aussi bien dans l’immobilier, l’automobile et l’électroménager, est particulièrement dépendant de la croissance chinoise. « Les facteurs macroéconomiques continuent de peser lourdement sur les cours du cuivre à court terme », ont commenté les analystes d’ANZ.
Selon eux, le métal rouge, surnommé Dr Copper en raison de l’utilisation de son prix par certains économistes pour prédire l’état de l’économie mondiale, a perdu ce rôle prescriptif depuis 2016. « Les perspectives de production sont devenues plus importantes pour le marché, et la croissance chinoise commence à diverger de celle du reste du monde », ont-ils expliqué.
Du côté de l’offre, « des problèmes dans plusieurs mines sont devenus des sources majeures d’inquiétudes » pour les acteurs du marché, poussant les prix à la hausse, ont estimé les analystes de Barclays. Des blocages de mines au Pérou et la mise aux normes environnementales de plusieurs fonderies au Chili, premier producteur mondial, ont participé à la hausse récente des cours.
Pessimisme du marché
Le prix du cuivre échangé sur le London Metal Exchange (LME) a souffert sur la semaine alors que les perspectives de l’économie mondiale se sont assombries. Outre le cuivre, l’aluminium et le zinc ont reculé, tandis que le nickel, le plomb et l’étain se sont inscrits dans le vert.
« Après les révisions à la baisse des perspectives de croissance de la zone euro par la Banque centrale européenne (BCE), la Chine a ajouté au pessimisme du marché avec des données sur les exportations en déclin », a commenté Alastair Munro, courtier chez Marex Spectron.
Les investisseurs ont en effet peu apprécié les données des douanes chinoises sur les importations et exportations en février. Le marché des métaux est particulièrement vulnérable à ces chiffres, puisque la Chine est le premier importateur mondial de matières premières. Les importations de cuivre ont ainsi chuté en février, à 311 000 tonnes, contre 479 000 tonnes en janvier et 352 000 tonnes en février 2018. « Ceci dit, les importations de minerais de cuivre ont augmenté », ont tempéré les analystes de Capital Economics. Cela suggérerait que la demande réelle chinoise reste robuste, mais que le pays privilégie la production de ses fonderies nationales.
Dans ce contexte, le marché a délaissé le thème du conflit commercial sino-américain, qui avait dicté le cours du cuivre, et des autres métaux dans une moindre mesure, ces dernières semaines. « Le cuivre était devenu le moyen de parier sur le conflit commercial », les investisseurs tablant sur le lien unissant la demande de métal rouge avec la croissance chinoise, ont résumé les analystes de Bank of America Merrill Lynch.
Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 6 375 dollars, contre 6 450,50 dollars la semaine d’avant. L’aluminium valait 1 876 dollars la tonne, contre 1 920,50 dollars. Le plomb valait 2 089 dollars la tonne, contre 2 075 dollars. L’étain valait 21 420 dollars la tonne, contre 21 355 dollars.
Le nickel valait 13 170 dollars la tonne, contre 13 060 dollars. Le zinc valait 2 708 dollars la tonne, contre 2 720 dollars.