On a tendance à en parler comme s’ils étaient de simples gadgets. Pourtant, ils devraient bientôt devenir la norme. Les objets connectés débarquent, et avec eux, c’est un changement de paradigme et de nouvelles questions de sécurité qui se posent. D’ici 2020, nous devrions avoir sur Terre 20,8 milliards d’objets connectés. Encore naissant, le marché de l’Internet des objets (IoT) devrait devenir la norme d’ici 5 ans, lorsque 15 % de tous les objets seront connectés. Or, cette arrivée massive de nouveaux produits ne peut décemment se résumer au fait qu’ils nous « faciliteront la vie ». Reliés à nos Smartphones, tablettes et/ou ordinateurs, ces objets, que l’on fait entrer chez nous comme s’ils étaient anodins, sont loin d’être totalement sécurisés.
Sous couvert d’améliorer notre quotidien, ces thermostats, montres et autres objets connectés sont très gourmands en données personnelles. Informations sur votre santé, votre localisation, vos activités… Le confort qu’offrent ces produits ne doit pas se faire au détriment de la protection de la vie privée.
Personne ne pense à sécuriser une cafetière
Au-delà des informations sur vous que vous prenez le risque de révéler, les objets connectés sont également un danger si des personnes mal intentionnées s’y intéressent. L’attaque par déni de service contre l’hébergeur français OVH ou encore le récent piratage de Dyn, qui avait mis une partie d’Internet à plat, montre qu’ensemble, des objets connectés peuvent constituer une armée et mettre en place un « réseau zombie » capable de supporter une attaque. En attendant, existe-t-il une façon de sécuriser autant que possible ces objets connectés ?
La plupart des constructeurs n’ont pas la culture de la sécurité
« Non », affirme Fabrice Epelboin, spécialiste des questions de cybersécurité et enseignant à Sciences po Paris, interrogé par Mashable FR. « Mon conseil serait tout simplement : évitez absolument d’en acheter », poursuit le partisan de la neutralité du Net qui a cofondé feu Owni. Selon celui qui est aujourd’hui à la tête de Yogosha, une entreprise spécialisée dans la détection de failles informatiques), il est évident que la grande majorité des produits connectés disponibles sur le marché n’ont pas été pensés pour être sécurisés. Un oubli volontaire et motivé par des raisons économiques ? « Même pas. Trop souvent, les objets sont d’abord pensés sous l’angle de leur utilisation dans la vie quotidienne. La question de la sécurité, elle, demeure complètement à la marge », analyse Fabrice Epelboin. Surtout, le problème vient du « développement agile » propre au fonctionnement des start-up. « Elles mettent un produit sur le marché, recensent ses bugs, puis seulement cherchent à l’améliorer », explique-t-il. Contrairement aux logiciels, les mises à jour ne peuvent pas être automatiques. Fatalement, un produit imparfait restera donc en utilisation – et c’est comme ça qu’une attaque visant des caméras connectées peu fiables est capable de couper Internet au Liberia. Ainsi, tant qu’un objet n’est pas attaqué, le constructeur ne pensera pas à sa sécurisation.
Ces gadgets qui vont changer la face du continent
On nous présente l’Afrique comme le continent de l’avenir, malgré les défis socio-économiques. Mais avec la mondialisation et la démocratisation de l’accès à l’Internet, l’avenir de l’Afrique s’écrira à l’encre de la technologie et des possibilités infinies et non encore explorées qu’elle offre. L’Afrique n’y échappera pas. Elle devra évoluer, en même temps que le reste du monde, sous le diktat technologique des objets connectés. Plus connus sous les noms de Smartphones, imprimantes 3D, smartwatches, voitures connectées, il faut désormais y ajouter toute une panoplie d’objets qui accompagnent les secteurs les plus prioritaires pour le continent comme l’agriculture, l’énergie, la santé… Petit tour des objets qui changeront la face du contient. Première motivation de l’Afrique pour se positionner dans cette niche des objets connectés, les chiffres de cette économie florissante. Le spécialiste américain des réseaux et serveurs connectés, Cisco Systems, estime que l’économie des objets connectés en Afrique représentera 500 milliards de dollars à l’horizon 2025. Cinq cents milliards de bonnes raisons qui s’appuient sur une estimation de 50 à 70 milliards d’objets connectés d’ici 2020 en Afrique. En somme, c’est une véritable mine pour l’émergence d’une économie numérique et connectée. Au-delà, ces objets connectés vont indubitablement changer la vie quotidienne sur le continent.
Robots et capteurs pour l’agri
Secteur prioritaire pour l’Afrique, l’agriculture devrait permettre de nourrir la population grandissante. Mais la mécanisation du secteur pour exploiter les terres arables africaines, pose le problème de la pollution. Le dilemme sera d’exploiter au mieux le secteur agricole, tout en l’inscrivant dans la durabilité, c’est-à-dire le respect de l’environnement et l’optimisation des ressources premières épuisables. Plusieurs objets smart (intelligents) peuvent participer dans l’accomplissement de cet objectif. Le géant américain de l’arrosage Hunter Industries a conçu « Hydrawise », un système intelligent qui établit des plannings d’irrigation d’un champ en fonction des prévisions météorologiques, à partir de données reçues via des stations météo connectées à Internet.
Toujours dans le domaine agricole, une armada de robots connectés en semi-autonomie assurent désormais à la place des agriculteurs, qui les contrôlent à distance, les activités de désherbage, de binage et même parfois d’ensemencement. « Oz », un robot conçu par Naïo Technologies, basé en France, est capable de réaliser des opérations de désherbage entre les rangs de culture et même au-delà, grâce à un système embarqué de navigation et d’orientation. Il faut ajouter à ces automates commandés grâce aux merveilles technologiques, les innombrables capteurs qui ont fait florès à travers le monde. Ainsi, grâce à un système de capteurs, Phytec propose un senseur rattaché aux fruits ou aux légumes et capable d’en recueillir des informations comme la maturation, le taux de croissance et l’hydratation. De même, le capteur développé par l’entreprise suédoise Harvest Geek permet de mesurer l’humidité et la fertilité des sols, avant de fournir un bilan sur l’état de la plante et l’évolution des fruits et légumes qu’elle porte. Un secteur connexe à l’agriculture, l’élevage, se met au hightech. Silent Herdsman, développé par la société israélienne Afimilk, permet de suivre tout cheptel et fournit des informations sur le comportement de chaque animal, son état… Le capteur Luda de l’entreprise suédoise éponyme sert à la gestion de l’alimentation des fermes et exploitations d’élevage, en fournissant des informations sur les réserves de silos et en établissant des projections. On ne comptera pas les colliers GPS pour le suivi du bétail et les capteurs servant au monitoring qui accompagnent les éleveurs pour surveiller la rumination et l’ingestion des animaux.
Bracelets et montres pour la santé
La conversion vers les objets connectés est aussi profitable au domaine de la santé, que ce soit pour la prévention ou l’accessibilité des soins aux populations. Dans un continent où le rapport entre le nombre de médecins disponibles pour les populations est alarmant, la santé 2.0 constitue un renfort pour les médecins sur le terrain. Le français Withings a développé un thermomètre portable qui grâce à 16 capteurs vous fournit la température corporelle sans contact avec le corps tout en donnant des conseils pour faire baisser le niveau de fièvre. Liva, un bracelet connecté, enregistre toutes vos informations santé (bilan, allergies, vaccins, pathologies…). Au scanner de votre portable, il permet au médecin de pouvoir rapidement établir le diagnostic le plus précis, tout en prescrivant des médicaments en tenant compte des informations fournies. Aujourd’hui, grâce à des logiciels intégrés à des lunettes ou des téléphones connectés, on peut transmettre à distance, grâce à son appareil photo, des images qui serviront de base au diagnostic du médecin situé à des kilomètres de là.
Dans le même sillage, les montres connectées, smartwatches, permettent de suivre l’activité physique et les alertes du corps, du réveil au coucher. Ces smartwatches donnent des informations sur le rythme cardiaque, la circulation sanguine, la tension artérielle… Ces montes intelligentes permettent d’ausculter un patient à distance et de lui prodiguer des soins en cas de nécessité ou de suivre l’évolution de la maladie. Pour compléter la panoplie, il y a les pacemakers qui régulent le cœur d’un patient, les lecteurs de glucose pour les patients diabétiques et les capteurs pour surveiller les maladies chroniques … L’e-santé est un filon à exploiter pour l’Afrique, pour une amélioration des soins, de la prévention et de la gestion de la santé publique.