Quel est le poids de la FEC dans le débat social

La Fédération des entreprises du Congo a été créée en 1972, à l’époque du Zaïre sous la dénomination d’Association nationale des entreprises du Zaïre (ANEZA). 

 

C’est le fruit de la fusion de la Fédération des Associations provinciales des entreprises du Zaïre (FERZA), la Fédération nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture (FNCCIA) et l’Association pour la promotion et la défense des intérêts des commerçants congolais (APRODECO). Elle devient Fédération des entreprises du Congo (FEC) en mai 1997 lors du changement de nom du pays.

Type : organisation patronale, à la fois chambre de commerce et d’industrie et syndicat des chefs d’entreprise. Siège : 10, avenue des aviateurs, Kinshasa Gombe. Budget : non publié. Membres : plus de 2 500 sociétés issues de tous les secteurs de l’économie nationale.

Président : Albert Yuma Mulimbi.

La FEC est un partenaire privilégié du gouvernement et des syndicats des travailleurs. En tant que syndicat patronal, elle possède un poids significatif dans le débat social au pays en raison de sa représentativité à travers le pays due au grand nombre de ses sociétés affiliées. En tant qu’un partenaire social, la FEC contribue à « bâtir un dialogue social constructif », au plus près des réalités du terrain et en bonne intelligence avec l’État et les organisations syndicales. La force de la FEC réside dans son réseau territorial et dans ses branches professionnelles.

Elle est le premier réseau d’entrepreneurs de la République démocratique du Congo. Plus de la moitié des entreprises adhérentes à la FEC sont des PME/PMI. Elle met au cœur de son action la création d’emplois et la croissance durable (industrialisation). Elle dialogue avec l’ensemble des acteurs de la société civile et œuvre auprès du gouvernement en faveur d’une meilleure compréhension des contraintes et des atouts des entreprises. Dans un contexte de profondes mutations (économiques, démographiques, numériques, sociétales), elle a pour mission de favoriser la liberté d’entreprendre et de valoriser l’entrepreneuriat.

« Bâtir ensemble »

Pour cela, elle prend des initiatives permettant aux entreprises de bénéficier d’un environnement législatif et réglementaire favorable dans les domaines économique, fiscal, social, environnemental et sociétal et de déployer leurs activités aussi bien en RDC qu’à l’étranger. « De sa création à son développement, la vie d’une entreprise est jalonnée d’étapes délicates. Pour parer aux éventuelles périodes difficiles qu’elle peut rencontrer durant son évolution, la FEC améliore sans cesse ses prestations afin de créer un climat propice aux affaires », explique-t-on. La FEC valorise également les ressources locales, cultive l’esprit d’entreprendre et dynamise l’image de la RDC et de ses entreprises. Pour la FEC, de nos jours, une entreprise se doit d’être innovante tant dans la qualité de ses services que de ses produits. La compétitivité actuelle doit absolument pousser leurs décideurs à se surpasser afin de se faire une place sûre dans le marché qu’elle occupe.

Pour les accompagner dans cette démarche à la recherche de l’innovation, la FEC réunit les meilleures compétences afin de leur apporter des solutions pertinentes afférentes à leurs métiers. Elle guide pas à pas les entreprises vers leur réussite, elle est donc leur partenaire de tous les instants afin de « bâtir ensemble » leurs projets.

Quelques réalisations

La FEC déploie de nombreuses initiatives à l’international grâce à son affiliation à la Confédération syndicale internationale (CSI). La FEC est membre de la Fédération africaine des chambres de commerce, de la Conférence permanente des compagnies consulaires africaines françaises (CPCCAF), de l’Organisation internationale des employeurs (OIE), de la Confédération panafricaine des employeurs (CPE), de l’Association des chambres de commerce et d’industrie de la SADC (ASCCI)… La FEC collabore essentiellement avec les organismes internationaux : la Banque mondiale (BM), le Fonds monétaire international (FMI), la Banque africaine de développement (BAD), l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Corporate Council on Africa, l’Agence française pour le développement (AFD), les chambres de commerce et d’industrie (COMESA), le Bureau international du travail (BIT), l’USAID, la MONUSCO… La FEC participe activement aux travaux de l’Organisation internationale du travail (OIT). Elle a également construit de solides relations de collaboration avec des pays étrangers et des organismes avec lesquels elle organise régulièrement des missions économiques et commerciales.

La promulgation de la loi portant l’adhésion de la RDC à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) ; l’état des lieux de l’économie congolaise : problèmes et pistes de solutions ; l’amélioration du climat des affaires : 286 résolutions issues de la table ronde économique, secteur public-secteur privé ;

La mise en place d’un Centre national d’arbitrage, de conciliation et de médiation (CENACOM) ; l’adoption d’un code d’éthique des membres de la FEC…

La signature, en décembre 2015, avec les organisations professionnelles des travailleurs, de la convention collective interprofessionnelle nationale du travail (CCINT) ; l’élection du président national de la FEC au conseil d’administration du Bureau international du travail pour le mandat 2014-2017 ; élection du président national de la FEC à la CPCCAF…

Dans le cadre de ses missions consulaires, la FEC organise en faveur de ses membres, plusieurs sessions de formations, des activités de promotion, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le président national de la FEC a été réélu au Conseil d’administration de l’OIT pour un mandat de trois ans. La FEC a été réélue à la 1ère vice-présidence de l’Association panafricaine du patronat dénommée « Business Africa ».

Dans le cadre du dialogue public-privé, la FEC a organisé des rencontres sectorielles avec les pouvoirs publics sur des questions intéressant la vie des entreprises. La FEC a organisé en octobre 2014, une séance de travail avec les parlementaires en vue d’instaurer un véritable cadre de dialogue et d’échanges réguliers entre les représentants du peuple et ceux du monde des affaires. La FEC est à l’origine de la mise en place du système de vignette dénommé « Timbre routier », qui a permis d’améliorer l’encadrement des activités dans le secteur de transport routier dans la zone ouest du pays.

Dans le cadre de ses relations, la FEC reçoit plusieurs délégations étrangères constituées de chefs d’entreprises, de personnalités et experts de haut niveau, soit pour des missions de prospections économiques, commerciales, soit scientifiques.

Lobbying et plaidoyer

En 2016, la FEC a procédé à la restructuration de ses services centraux. La restructuration en question visait le renforcement du savoir faire de la FEC en matière de lobbying auprès des pouvoirs publics et le développement des activités de promotion des affaires, c’est à dire les services d’appui aux entreprises.

En tant que syndicat patronal ou organisation professionnelle des employeurs, la FEC s’est fixé comme missions : assumer la défense des intérêts des entreprises membres ; encourager et promouvoir la formation professionnelle de ses membres et celle de leur personnel ; fournir l’information au public et des conseils professionnels sur les relations de travail ; participer à l’élaboration et la mise en œuvre des politiques d’emploi et de la sécurité sociale ; œuvrer pour le maintien de la paix sociale dans les entreprises par un dialogue permanent avec les organisations professionnelles des travailleurs et le gouvernement.

En tant que chambre de commerce : promouvoir les intérêts des entreprises de différents secteurs de l’activité économique, sociale et scientifique, en harmonie avec les biens communs ; coopérer pour le développement et la mise en œuvre du développement économique et social ; maintenir les répertoires pour les pays étrangers ; établir des statistiques socio-économiques ; fournir des indicateurs économiques ; favoriser les réunions d’affaires avec des partenaires extérieurs ; représenter le secteur privé national dans les négociations avec les différents ministères ; renforcer les relations commerciales et la compréhension entre les membres. Mais aussi créer et renforcer une relation harmonieuse entre le gouvernement et les communautés ; organiser des séminaires, conférences, etc. ; transmettre une série de supports de communications à ses membres tels que des lettres d’information, l’annuaire d’entreprises, le guide pratique des dispositions légales pour entreprendre en RDC, ainsi que des publications ponctuelles ; participer au développement du droit…

La FEC revendique une absence de positionnement politique. « La FEC est non partisane, elle ne porte aucun jugement, aucune opinion sur les candidats, elle ne donne aucune consigne de vote, ne labellise personne », résume un membre. Toutefois, certains de ses critiques soulignent que les propositions de la FEC jouent un rôle de « réservoir d’idées » pour les partis politiques.

Jusque-là, la FEC était la « toute-puissante » incontournable. Elle était le porte-voix de tous les patrons, petits et grands. Sauf que les autres organisations patronales expliquent qu’il n’y a plus de raison qu’il n’y ait qu’une seule tête qui dépasse. Après tout, disent-elles, il y a bien plusieurs syndicats de salariés. Ce qui a tout changé, c’est que l’État a décidé de dialoguer aussi avec d’autres associations, dont la Confédération des petites et moyennes entreprises du Congo (COPEMECO) et la Fédération nationale des petites entreprises du Congo (FENAPEC).

Alors combien pèse réellement la FEC ? Est-elle encore aussi prépondérante qu’on le dit ? Combien pèsent les autres composantes du patronat concurrentes ? Et les autres, dont on ne parle jamais ? Les patrons sont-ils obligés d’adhérer à la FEC, comme au bon vieux temps du parti-État ? En théorie, non : aucun chef d’entreprise n’est tenu d’adhérer à la FEC, la liberté de se syndiquer étant valable pour les salariés comme pour les employeurs. L’adhésion à une organisation est un moyen de faire valoir son point de vue. Les patrons ont donc souvent intérêt à adhérer à un groupement professionnel. D’un point de vue pratique (conseils, réseau, aides diverses), ainsi que pour le pouvoir d’influer sur les conditions d’exercice de son métier.