La reddition de comptes de l’exercice budgétaire 2016 est un préalable pour l’examen du projet de loi de finances publiques portant exercice 2018, avait déclaré le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku Ndjalandjoku, à l’ouverture de la session parlementaire en cours, le 15 septembre. Session essentiellement consacrée au vote du budget de l’État. Aubin Minaku avait exhorté le gouvernement à déposer « au plus vite » au Parlement le projet de budget pour l’exercice 2018 et de la loi de reddition de comptes pour l’exercice 2016, afin de permettre aux deux chambres parlementaires de les examiner dans « les délais usuels ».
Et de faire écho des préoccupations des populations : « D’aucuns se posent plusieurs questions sur la situation socioéconomique actuelle du pays. Pour une frange de l’opinion, on se demande pourquoi, contre toute attente, nous nous sommes retrouvés dans une situation de profonde précarité au moment où le pays devait bénéficier des retombées d’une croissance proche de 10 % enregistrée sur trois exercices… ».
Outil de règlement des comptes
Sans nommément le citer, tel un snipper, Aubin Minaku a semblé avoir directement taclé l’ancien 1ER Ministre, Augustin Matata Ponyo. On sait que les rapports entre les deux personnalités, pourtant du même bord politique, sont restés difficiles au point de se lancer des piques (phrases assassines) par médias interposés. Le speaker de la Chambre basse du Parlement avait, en outre, décrié ce qu’il a qualifié de « comble d’une gestion sur base caisse ». L’ancien 1ER Ministre (2012-2016) aurait, selon une certaine presse, convoité sans succès le poste de gouverneur de la Banque centrale. Augustin Matata est de retour aux affaires, mais dans le rôle de « consultant » du gouvernement.
« L’Assemblée nationale attend se montrer intransigeante face à tout responsable redevable qui tentera d’une manière ou d’une autre de se soustraire à cette exigence démocratique (…). L’heure n’est pas au discours, les Congolais attendent de nous, clarté, lisibilité », avait renchéri Aubin Minaku bien qu’il ait exclu de faire du contrôle parlementaire un outil de chantage ou de règlement des comptes entre politiques.
Toutefois, le président de l’Assemblée nationale avait annoncé la mise en place d’une commission spéciale qui aura la charge de suivre et d’évaluer l’exécution des recommandations de l’Assemblée nationale ainsi que des lois adoptées et promulguées par le président de la République. L’on se souviendra que le budget 2017 concocté par Matata Ponyo a été rejeté par l’Assemblée nationale à la suite d’une motion incidentielle du député Clément Nzau, indépendant proche de la Majorité présidentielle (MP). Selon le député Nzau, Matata n’avait jamais pris en compte les recommandations des élus et qu’il venait de franchir le seuil du tolérable avec un budget de 4.5 milliards de dollars.
Déficit béant
D’ores et déjà, au ministère du Budget, on laisse entendre que Matata Ponyo avait légué à son successeur, Samy Badibanga Ntita, un déficit criant de près de 310 milliards de francs. Plutôt 530 milliards, persiste et signe son prédécesseur et ancien haut cadre au Budget, Adolphe Muzito, dans l’une de ses dernières tribunes. Cet écart des chiffres permet, à lui seul, de se faire une image du prochain débat en chambres sur le dernier budget de l’actuel « consultant » du gouvernement. Des informations en notre possession, émanant d’un rapport de la Cour des comptes, renseignent que les recettes globales mobilisées à fin décembre 2016 s’élèvent à 4 889,8 milliards de francs, contre une prévision de 6 694,5 milliards, soit un taux de réalisation de 73 %.
« Malgré cette contreperformance, les dépenses contraignantes ont été exécutées dans la limite de leurs prévisions, entraînant des sous-consommations dans certains titres ou rubriques », poursuit ledit rapport.
Les dépenses globales exécutées à fin décembre 2016 se chiffrent, en effet, à 5 198,6 milliards de francs contre une prévision de 6 694,5 milliards, soit un taux d’exécution de 77,7 %. La dette intérieure a été payée à 268 % de ses prévisions, soit 53 603 821 485 francs sur 20 milliards quand bien même que les fournisseurs locaux de l’État menés par la Fédération des entreprises du Congo (FEC) ont continué à solliciter de l’État le paiement de leurs dus.
Les budgets annexes (hôpitaux généraux, universités et instituts supérieurs…) ont été exécutés à 126,6 milliards de francs contre une prévision de 830,4 milliards, soit un taux d’exécution de 15,2 %. Par contre, la rubrique acquisition des biens, matériels et prestations a été exécutée à plus de 140 %, soit plus de 1.025,1 milliard de francs contre une prévision de 728,5 milliards. Autre sujet à polémique, le taux de change. Alors que le cours indicatif du franc congolais, par rapport au dollar avait déjà dépassé le seuil névralgique de 1 000 FC, passant de 927,9, à fin décembre 2015 à 1 215,6 FC à fin 2016, le gouvernement a continué à payer au taux de 920 FC/USD. Et le taux de croissance du PIB s’est établi à 2,4 % contre une prévision initiale de 6,60 %, revue à 5,30 %. L’inflation fin période s’est située à 18,20 % face à un objectif initial de 2,60 %, revu à 3,20 %.
En 2016, le niveau des réserves de change s’est situé à 845,4 millions de dollars, représentant 3,7 semaines d’importation. Alors qu’en 2015, les réserves internationales étaient de 1 403,6 million de dollars, représentant 5,8 semaines d’importation des biens et services. Comparé à son niveau de 2014 situé à 1 644,5 millions de dollars, correspondant à une couverture de 7,9 semaines, il s’est observé une baisse des réserves de 799,1 millions de dollars. Par ailleurs, les recettes globales mobilisées à fin décembre 2016 s’élèvent à 4.889,8 milliards de francs contre une prévision de 6 694,5 milliards, soit un taux de réalisation de 73 %.