KINSHASA, Au moins 57 personnes ont été tuées mardi lors du déraillement d’un train dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC), mais le lieu du drame, difficilement accessible, laisse présager que d’autres victimes pourraient mourir faute d’assistance.
Le drame est survenu à environ 65 kilomètres au nord de Kamina, une localité située à quelque 600 km au nord-ouest de Lubumbashi, la capitale de la riche province minière du Katanga et siège de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC).
Le bilan passe du simple au double selon les sources. “Le nouveau bilan provisoire est de 57 morts”, a déclaré mercredi à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, d’après qui une enquête doit éclaircir les circonstances de l’accident.
Plus tôt dans la journée, il avait indiqué qu’au moins 37 personnes avaient été tuées et que la police avait dit qu’il devait “y en avoir plus”.
“Un responsable local a parlé cet après-midi d’une soixantaine de morts et 86 blessés”, a indiqué quant à lui à l’AFP sous couvert d’anonymat un journaliste de Kamina, qui s’est rendu sur les lieux mardi.
“Jusqu’à aujourd’hui, au moins cent cadavres ont été sortis et sont en train d’être enterrés car il n’y a pas de morgue” à proximité, a pour sa part expliqué Timothée Mbuya, président de l’ONG des droits de l’Homme Justicia, basée à Lubumbashi, et qui a dépêché sur place l’un de ses membres.
Dans un communiqué publié mercredi soir, la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) a déploré une “tragédie” et souligné que, “dès l’annonce de l’accident, une équipe médicale de la Monusco à Kamina s’est rendue sur les lieux et a administré les premiers secours”.
“J’ai demandé à nos services d’apporter toute l’assistance nécessaire aux autorités provinciales et à la population”, a précisé Martin Kobler, chef de la Monusco, cité dans le communiqué.
Mercredi après-midi, une délégation d’officiels, dont le ministre de la Santé et le vice-gouverneur du Katanga, est arrivée par hélicoptère à quelques kilomètres de l’accident et a dû marcher dans une brousse épaisse pour atteindre le train.
Le train devait rallier Kamina à Mwene-Ditu, plus au nord, dans la province diamantifère de Kasai-Oriental. Des sources concordantes affirment qu’en plus des marchandises, des centaines de personnes voyageaient dans les wagons et sur les toits, souvent après avoir payé une taxe illégale.
“La cause de l’accident est la locomotive que l’on venait d’acheter, et qui s’est emballée”, a indiqué M. Mende, ajoutant qu’une enquête a été ouverte pour déterminer les causes précises du drame. “Le moteur s’est emballé et le train a déraillé dans un virage”, a ajouté le journaliste de Kamina.
“Sur 19 voitures, 15 sont totalement couchées au sol. Des personnes sont coincées et il faut une grue de 100 tonnes pour relever les voitures, mais l’endroit est inaccessible: il y a la rivière Mwyi entre les rails et la route, et la zone est marécageuse, accessible seulement à pied”, a précisé le journaliste.
– “Beaucoup de cris de personnes coincées” –
Une unité de l’armée a été envoyée sur place pour dégager des victimes, donnant la priorité aux survivants, selon la même source.
“Le militant que j’ai sur place m’a dit avoir entendu beaucoup de cris de personnes coincées dans les wagons car il n’y a pas eu d’intervention d’urgence appropriée”, a expliqué le défenseur des droits de l’homme Timothée Mbuya.
Ces jours-ci, la zone de l’accident est frappée par une forte chaleur et “le risque de putréfaction est plus grand”, s’est inquiété le journaliste. “Déjà, a-t-il souligné, il y a une odeur nauséabonde qui se dégage des lieux car il y avait parmi les marchandises des chinchards” (poissons de mer).
Les accidents de train sont assez fréquents en RDC, dont le réseau ferroviaire mis en service à l’époque coloniale belge n’a été que peu entretenu depuis l’indépendance, en 1960. La SNCC, en plein redressement économique, dispose d’équipements souvent vétustes.
La Banque mondiale finance un projet qui doit notamment restaurer la “viabilité financière et opérationnelle” de la SNCC, secouée par des grèves à répétition d’employés réclamant leurs arriérés de salaire. Via la Banque mondiale, la SNCC a déjà acquis de nouveaux rails et des locomotives.
En septembre 2012, au moins quatre personnes avaient été tués et 37 autres blessées lors d’un accident de train au nord de Lubumbashi.