RVA : vers des journées « ciel sans avion »

La tension est vive, depuis un mois, au sein de cette entreprise du portefeuille de l’Etat. Les différents contrats signés ou résiliés, sans avis des travailleurs, énervent la délégation syndicale qui est bien décidée à tout paralyser, en cas de statu quo. 

La nouvelle tour de contrôle en construction à N’djili. (DR)
La nouvelle tour de contrôle en construction à N’djili. (DR)

La goute qui a fait déborder le vase, est le nouveau contrat d’assistance technique, signé entre le ministère du Portefeuille et la firme française ADPI. Les prestations antérieures de cette entreprise sont qualifiées d’infructueuses par les travailleurs. Un délégué syndical indique que le business plan de ce nouveau prestataire prévoit le licenciement ou la mise en congé technique de 3.000 agents, pour réduire les charges salariales de la société. Cette option risque de paralyser l’entreprise, en raison du nombre de procès prévisibles. « Le ministère du Portefeuille prétend réduire les charges, par le licenciement des agents, alors qu’il recrute trois experts, qui coûteront 56.000 euros par mois », argumente ce syndicaliste. La première mission de cette firme, entre 2008 et 2011, aura été un échec, avec des indicateurs peu reluisants, pour la RVA : marché de gré à gré, surfacturation du coût de la construction du pavillon présidentiel de l’aéroport de N’djili, endettement excessif, perte de plus de 400 emplois. Les recettes générées par la taxe « Idef » ou « Go pass », étaient logées dans des banques à l’étranger.

Le ministère du Portefeuille prétend réduire les charges, par le licenciement des agents, alors qu’il recrute trois experts, qui coûteront 56.000 euros par mois.

Un syndicaliste

Cette crise relance le débat sur la réforme des entreprises publiques, en RDC. La mission a été confiée au Comité de pilotage des entreprises publiques (COPIREP). Des financements importants ont été mobilisés et ont permis la construction et la modernisation de plusieurs ouvrages : 60 millions de dollars de la chinoise Exim Bank, pour les travaux de réhabilitation de la piste de l’aéroport de N’djili, 30 millions de dollars de la Coopération allemande, pour l’aéroport de Goma, 16 millions de dollars de la Rawbank, pour des travaux de génie civil des aéroports de l’intérieur du pays.

Autre son de cloche 

Au ministère du Portefeuille, le nouveau contrat, signé avec la firme française, est perçu comme une urgence et une nécessité, au regard de la situation financière de l’entreprise, a déclaré un conseiller de la ministre. Le seul point d’honneur de la société est la mise en route de « Go pass », une innovation introduite par l’ADPI. Cette taxe n’a pas vocation de participer au fonctionnement de la société, mais au développement de ses infrastructures. La même source renseigne que ce nouveau contrat ne vise pas le changement de la direction de la RVA, mais l’assistance et l’appui à des postes jugés peu performants, dont la direction financière.

Ce bras de fer, engagé depuis quelques mois, risque de provoquer des journées « ciel sans avion » dans un pays où l’aéronef est le seul moyen de relier les deux extrémités d’un immense territoire de 2.345 millions km2, dépourvu d’un réseau routier et ferroviaire intégré.

INFO BOX

  • Le réseau aéroportuaire de la RDC dispose de 52 aéroports et aérodromes
  • La plupart de ces aéroports et aérodromes nécessitent une réhabilitation
  • Le chantier de modernisation n’a, jusqu’ici, couvert que les pistes des aéroports de N’djili, de la Loano et de Goma