CETTE ANNÉE, l’accent est mis sur le travail d’artistes femmes : quelle sera leur place dans la société ? Comment travailleront-elles ? Comment créeront-elles en 2050 ? La cérémonie a connu comme invités de marque : Mme Bill Kouelany, directrice générale de l’Institut français, et l’ambassadeur de France.
Pendant un mois, le travail de sept jeunes artistes sera mis en lumière par Bill Kouelany. Une exposition futuro-féministe à découvrir. Lors de la soirée d’ouverture, le directeur général de l’Institut français a épinglé « le travail de titan » abattu par les sept jeunes femmes avec leur accompagnatrice, artiste curatrice, Mme Bill Kouelany. Il a remercié tous les invités du jour et le gouvernement congolais. Quant à l’ambassadeur de France, il se dit satisfait du travail abattu par les jeunes femmes. Pour lui, la cérémonie n’a pas été que culturelle, elle est aussi diplomatique, à travers la contribution des gouvernements français et allemand.
Bill Kouelany, la commissaire de l’exposition est née en 1965 à Brazzaville (République du Congo) où elle réside. Elle a commencé à peindre dans les années 1980. Très vite sa peinture s’est radicalisée en réponse à la double tension au Congo en guerre et la mort du poète Tchicaya Utam’Si. « Je me suis retrouvée dans cette poésie peut-être parce que Tchikaya est un égorgé vif », dit-elle.
Parallèlement, elle écrit et notamment pour le théâtre, prolongement nécessaire à sa peinture (« Cafard », « Cafarde », « Sangui », « Songui »…). Elle a aussi réalisé des vidéos et des documentaires en 2007. C’est la première Africaine à participer à la Documenta de Kassel Mentor. Elle a créé un lieu d’expérimentation artistique à Brazzaville, les ateliers SAHM, en 2018.
Transmission artistique
Bill Kouelany accompagne également les sept jeunes artistes autrices d’une transmission tant technique qu’artistique qui exposent. Ce sont Prisca Tankwey (sculpture), Céline Banza en collaboration avec Eleo Nore Hellio (collectif kongo astronautes), Christiana Taboro et Do Nsomene (vidéo-performance), Aïcha Mena (photographie), Monica Toiliye (installation-performance), Rachel Nyangombe (peinture).
L’exposition Kinshasa 2050, les femmes d’abord est le troisième volet d’un projet artistique pluridisciplinaire initié en 2016 par l’Institut français de Kinshasa et le Goethe Institut sur la question du futur de l’art et de la société congolaise en 2050. En mars 2018, un appel à candidature a été lancé aux artistes féminines de la RDC, les invitant à déposer un projet artistique sur le thème suivant : « En tant que femme et artiste, quel regard portez-vous sur la société de 2050 ».
Parallèlement, entre mars et juin, trois séances de formation ont été organisées avec l’aide de Virginie Dupray (studio Kaboko, Kisangani) et Bill Kouelany (les ateliers SAHM de Brazzaville) afin d’encadrer les candidates à conceptualiser leur projet, préciser leur vision et rédiger un dossier de candidature professionnel.
Parmi la vingtaine de projets reçus, sept projet seulement ont été retenus et ont bénéficié d’une bourse pour leur réalisation, grâce à l’utilisation des disciplines artistique très diverses : sculpture, vidéo, photographie, peinture, installation et performance.
Une vision de l’avenir
Les sept artistes congolaises nous invitent à partager leur vision de l’avenir, du rôle et du statut des femmes en RDC en 2050. Sept regards et œuvres d’art qui abordent chacune à leur manière les questions de liberté, d’émancipation, de conquête, d’introspection, de séduction, de manipulation et de leadership. Femmes d’abord est une exposition manifeste, par et pour les femmes congolaises de demain.
Plasticienne internationale, Bill Kouelany a participé à plusieurs salons et expositions, notamment en 2002, 2004 et 2006, marquant sa participation au Dak’art en 2006, elle avait reçu le prix de la Francophonie (France) du Montalvo Arts Center (USA), plus une invitation à la Documenta de Kassel (Allemagne 2007). En 2012 elle est la commissaire d’exposition pour le travail de son ami l’artiste camerounais Goddy Leye, à la biennale de la photographie et en off de la biennale Dak’art. Mentor, elle a créé, en 2012, un lieu d’expérimentation artistique à Brazzaville : les ateliers SAHM et initié différents projets hors congé tels que les esthétiques en partage présentées à Dak’art.
Commissaire de l’exposition Kinshasa 2050 : les femmes d’abord, elle accompagne dans la production des œuvres, sept jeunes artistes dans une transmission tant technique qu’artistique. « Parmi les sept femmes, nous avons trois dont les idées nous ont inspirée : Do Nsoseme, photographe, musicienne. C’est une sapeuse, poétesse, photographe et blogueuse congolaise née en 1994, diplômée de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa. Et après un parcours dans l’événementiel, la communication et le design, elle se consacre en 2015 à la poésie et la pratique du slam…