Le gouvernement a jeté son dévolu sur un opérateur étranger pour l’achat des vivres qui seront distribués aux agents et fonctionnaires de l’État. La commande de plus de 1,6 milliard de francs, soit 1 750 096 de dollars, fait râler les nationaux.
Les festivités de fin d’année approchent. Le gouvernement pense déjà au paquet de vivres qu’il va offrir aux agents et fonctionnaires de l’administration publique. Le ministre d’État en charge du Budget, Michel Bongongo Ikoli, a confié le marché à l’importateur libanais Socimex. Le marché accordé à Socimex représente une commande ferme est de plus de 20 000 sacs de riz de 50 kg et plus de 21 000 cartons de poulets de 1 200 g. Depuis la publication du rapport Mena qui a conclu à des marges de bénéfices exorbitants engrangés par les importateurs de produits vivriers, le gouvernement cherche à obtenir la baisse des prix des produits de grande consommation, essentiellement alimentaires. Mais ce secteur est largement dominé par les étrangers, Socimex, Congo Futur et Sokin…, affiliés à la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Le gouvernement avait décidé de soutenir les importateurs nationaux ou encore la production locale. C’est dans ce cadre que s’explique l’aménagement du parc de Bukanga-Lonzo et la réhabilitation du Domaine agro-industriel présidentiel de la Nsele.
Les nationaux d’abord
Des infrastructures qui auront coûté au moins 200 millions de dollars. Mais il en reste encore des importateurs nationaux que le gouvernement a prétendu qu’il va soutenir ? Du temps du ministre Jean-Paul Nemoyato, le ministère de l’Économie avait entrepris des démarches auprès de la Fédération des entreprises du Congo en vue d’élaguer de la structure des prix tous les éléments favorisant la surenchère. En réponse, la FEC avait organisé un atelier à ce sujet et a réservé la primeur des recommandations au Premier ministre. On sait comment l’homme d’affaires kasaïen Kansebu a été mis en difficulté au point de craquer. L’État a sacrifié les nationaux sur l’autel des bakchichs versés par des groupes asiatiques devenus maîtres du marché et de l’économie. Sous le mandat de Bulambo Kilosho, des agents du ministère de l’Économie sans recourir à une expertise étrangère, avaient élaboré un document détaillé sur les bénéfices que gagnent les importateurs.
À l’époque, le ministre Bolambo Kilosho avait transmis à son collègue des Finances, Matata Ponyo, ledit dossier afin de remettre l’État dans ses droits face à des importateurs véreux. Socimex, Congo Futur, Sokin, etc., avaient également souscrit, en juin 2010, au principe du rabais des prix des biens de consommation importés. Le sucre blanc, par exemple, aurait dû connaître, à cette époque, une baisse de 30 %, le prix du lait en poudre diminuerait de 18 %, celui du riz blanc thaïlandais de 13 % contre 1,56 % pour le riz venu de Vietnam. Quant aux surgelés, le prix du poulet à bouillir aurait baissé de 6,4 % alors que celui du poisson chinchard (Mpiodi) de 5 %. Au contraire, on a assisté à un yo-yo des prix sur le marché. Au nom du principe de la continuité de l’action de l’État, le nouveau cabinet devrait se préoccuper de l’applicabilité de la grille tarifaire convenue entre les experts du ministère de l’Économie et les importateurs de biens de consommation.
Consommer local
On ne connaît pas le coût de l’audit que le gouvernement vient de commander. Alors ministre, Bulambo Kilosho négociait avec une firme norvégienne en vue de la relance de la pêche industrielle. Les Norvégiens étaient prêts à injecter quelque 32 millions de dollars et à jeter une dizaine de bateaux pêcheurs sur les eaux intérieures et sur le fleuve Congo, notamment dans la zone d’embouchure… pré-carré de l’ancienne Pêcherie maritime du Zaïre, PEMARZA dont les actifs et la mission ont été repris par la Société congolaise des pêches (SOCOPE). Elle envisageait de se lancer dans une exploitation côtière n’utilisant que des moyens légers et les capacités des pêcheurs autochtones dès juin 2010. La SOCOPE n’a, depuis, mis quoi que ce soit sur le marché. Si elle n’arrive pas à attraper du poisson, c’est le fleuve du Congo, a fait savoir la direction de la compagnie. Le fleuve a un début remarquable. C’est le deuxième après celui du fleuve Amazone, en Amérique latine. Mais cet avantage, soutient la SOCOPE, devient plutôt un grand handicap au point d’empêcher une pêche côtière efficace. En se jetant dans l’océan Atlantique, les eaux du fleuve Congo troubleraient la quiétude des poissons consommés en RDC. Pourtant, des Chinois pêchent au même endroit à l’aide de deux chalutiers de fortune fabriqués avec du bois de la forêt de Mayombe. Toutefois, la SOCOPE s’essaie désormais dans la gestion des ports. Elle a déjà dans son escarcelle un contrat de réhabilitation et d’exploitation du quai de la SCPT à Ango-Ango, non loin de Matadi.
Au regard de son potentiel, la RDC peut produire jusqu’à 707 000 tonnes de poissons par an. Les richesses aquatiques du pays reposent dans les profondeurs d’un espace estimé pratiquement à près de 90 000 km² sont longtemps demeurées quasi inexploitées. La production locale avait dépassé les 250 000 tonnes du temps de la PEMARZA. Pour le moment, la RDC ne dispose pas de moyens ni financiers ni techniques pour fouiner dans les fonds marins.