Fin de l’aventure. À la veille des festivités de fin d’année, la société britannique SOCO E&P/RDC a plié bagage et quitté le pays sur la pointe des pieds.
Cadres et agents ont perçu leur décompte final. Tout le mobilier de bureau a été vendu. Dans la concession Sintexkin, siège de l’entreprise à Kinshasa, portes et fenêtres sont closes. À en juger par les résultats de la sismique réalisée sur le bloc III du Graben Albertine, il y a bel et bien de l’or noir enfoui sous les Virunga. Mais, les choses en restent là, à moins que Kinshasa ne lève une autre option pour la poursuite de l’activité. La société britannique n’en pouvait plus d’essuyer les critiques et le harcèlement des ONG et de la société civile.
En 2010, le gouvernement avait signé avec SOCO un contrat de partage de production portant sur une concession à cheval sur le parc des Virunga. Or, cette aire est classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Il y a eu, par conséquent, une levée de boucliers qui a fini par avoir raison de la l’entreprise britannique. Confronté à un dilemme, Kinshasa avait suspendu le permis d’exploration en 2011. Malgré les perspectives intéressantes qui se présentaient, les tergiversations dans la capitale ont exaspéré les responsables de SOCO qui n’avaient pas bien digéré l’échec cuisant lors de la campagne menée dans le bassin côtier, au Kongo-Central. Plus de 140 millions de dollars avaient alors été investis pour cette opération visant l’exploitation du bloc Nganzi.
Les aléas de l’exploitation
La fermeture des installations pétrolières était consécutive aux différents revers essuyés après des perspectives mirobolantes de production avoisinant les 150 000 barils/jour. Manque de pot, la société avait enregistré trois essais infructueux à l’issue des travaux de forage démarrés en juillet 2010. Tous les puits forés ne contenaient pas de quantités d’or noir commercialement exploitables.
Un expert expliquait que, dans le secteur pétrolier, les aléas de l’exploitation sont de l’ordre de 80 % contre 20 % de réussite. Cotée au London Stock Exchange, SOCO International était détenue par des actionnaires physiques (29 %). Parmi les investisseurs institutionnels, on cite Chemsa Ltd, EFG Private Bank, BlockRock Investment, Morgan Stanley et Crédit suisse. L’Église anglicane, qui détenait des parts d’actions d’un montant de près de 3 millions de dollars, s’était désengagée de l’entreprise après des accusations de corruption. SOCO est également présente en Angola, au Congo-Brazzaville et au Vietnam.