LA République démocratique du Congo a toujours été fortement représentée aux assises d’Indaba Mining. Arrivé le dimanche 2 février à Cape Town où il a été accueilli par Bene Impoko, l’ambassadeur de la République démocratique du Congo en Afrique du Sud, ainsi que par des membres de son cabinet, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre et chef du gouvernement, a pris la parole le lundi 3 février du haut de la tribune de ce forum qui permet aux décideurs politiques, aux opérateurs miniers, aux investisseurs, aux scientifiques et à la société civile d’échanger et de réfléchir sur des questions du secteur minier de l’Afrique. Cela va de soi qu’il a focalisé son propos sur le secteur minier de la RDC.
Trancher dans le vif
Il a rappelé que ce secteur est régi par la loi 007/2002 du 11 juillet 2002 portant code minier, tel que modifié et complété par la loi 018/001 du 9 mars 2018, lequel reflète les aspirations du peuple congolais dans la gestion des ressources minières. Il a en outre coupé court aux rumeurs, et pour que cela soit bien entendu une fois pour toutes, il a déclaré : « Cette loi minière doit être pérennisée et mise en application dans l’objectif de permettre aux Congolais d’être les premiers à jouir de leurs ressources, et de garantir également un environnement attractif et incitatif aux investisseurs. »
Sylvestre Ilunga a, à ce propos, réaffirmé la vision de son gouvernement de « promouvoir dans ce secteur un type de partenariat gagnant pour toutes les parties ». Ainsi, pour le 1ER Ministre, les axes prioritaires de la politique minière de la RDC peuvent se résumer à peu près à ceci : le respect des dispositions du code en vigueur par tous les intervenants, l’assainissement de l’exploitation minière artisanale pour lutter efficacement contre la fraude minière, la présence et le travail des enfants ainsi que des personnes vulnérables.
« La lutte contre le travail des enfants est le cheval de bataille de mon gouvernement pour éradiquer ce fléau social d’ici à l’horizon 2050, en conformité avec les recommandations de l’Organisation internationale du travail, d’une part, et pour répondre aux exigences des consommateurs finaux de nos minerais, d’autre part », a souligné le 1ER Ministre.
Et de poursuivre : « C’est dans cette optique que l’encadrement et l’assistance techniques des exploitants artisanaux par le Service d’assistance et d’encadrement de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle ont été renforcés. Enfin, mon gouvernement veillera à ce que l’exploitation artisanale n’envahisse pas les périmètres miniers concédés. »
Autres axes de la politique minière : l’instauration des chaînes d’approvisionnement responsables des minerais, conformes aux exigences de la loi minière nationale et aux normes régionales et internationales relatives à la traçabilité et à la certification des minerais d’exploitation artisanale. Il y a aussi la lutte contre le gel des périmètres miniers. En effet, le gouvernement a pris la décision d’appliquer rigoureusement la loi quant à la mise en valeur des droits et titres miniers. À l’expiration des délais, tous les droits et titres miniers non mis en valeur seront récupérés par l’État.
Le gouvernement poursuivra également l’approfondissement de la connaissance du sous-sol de la RDC par l’intensification des travaux de recherches géologiques et de la certification des réserves minières, a encore dit le 1ER Ministre. Dans ce contexte, il entend poursuivre les campagnes géophysiques aéroportées et des études géologiques régionales sur toute l’étendue de la République. Le gouvernement prévoit aussi la promotion de l’entreprenariat congolais à travers la mise en œuvre effective de la loi sur la sous-traitance.
Enfin, il entend renforcer sa politique de la transformation des ressources minières sur place en vue de leur conférer une plus-value avant toute exportation. Pour ce faire, le gouvernement va favoriser le partenariat public-privé pour réduire le déficit énergétique.
Carte de visite de la RDC
Les meetings internationaux ont toujours été des occasions pour vendre son image, présenter ses atouts, etc. Sylvestre Ilunga n’a pas dérogé à cette pratique : « La République démocratique du Congo offre d’abondantes opportunités d’investissements dans le secteur minier car les potentialités minières sont immenses et variées mais faiblement exploitées. C’est pourquoi, mon pays a besoin d’investisseurs dans la recherche géologique et dans l’exploitation des gisements. »
Dans ce contexte, le gouvernement a initié des réformes qui portent sur la création du Fonds minier pour les générations futures pour financer, entre autres activités, les campagnes des recherches géologiques, ainsi que sur la mise en place de l’Autorité de régulation et de contrôle des substances minérales stratégiques, particulièrement le cobalt en vue d’assurer leur traçabilité.
Sur l’importante question d’intégration africaine dans le secteur minier, le 1ER Ministre a dit que la RDC tient à « l’application stricte des lignes directrices de la Vision minière africaine, qui appelle à l’industrialisation de l’Afrique à partir de l’exploitation rationnelle et durable des ressources minières en vue d’entraîner des effets positifs dans les autres secteurs d’activités de la vie économique de nos États ».
Pour se faire, a estimé Sylvestre Ilunga, le renforcement des intégrations des réseaux et structures nationales, comme, par exemple, des réseaux ferroviaires, des réseaux routiers ou des politiques minières, dans la coopération inter-États, à partir des regroupements sous-régionaux, comme la SADC, est indispensable pour renforcer l’harmonisation des politiques minières. Le 1ER Ministre a par ailleurs indiqué que les ressources minières des États doivent servir au développement du continent africain en général et à l’éradication de la pauvreté en particulier, et plus jamais au financement des conflits et des guerres. « La République démocratique du Congo s’inscrit résolument dans cette voie, et combattra avec détermination l’exploitation frauduleuse de ses ressources minières », a conclu Sylvestre Ilunga.