Tenue d’un atelier national de validation du Document de la politique et des stratégies industrielles

Le gouvernement a approuvé l’organisation, du 24 au 26 février prochain de ces assises, qui constituent le prélude à l’élaboration du Plan directeur d’industrialisation de la RDC et à l’organisation de la table ronde des bailleurs de fonds, précise-t-on au ministère de l’Industrie.

LE DOCUMENT de travail a été techniquement apprêté par les experts du ministère de l’Industrie, au cours d’un atelier organisé les 5 et 6 novembre 2019 à Kinshasa. À cette occasion, Julien Paluku Kahongya, le ministre de l’Industrie, avait promis à ces experts qu’il allait s’impliquer pour les deux étapes qui restent, à savoir la tenue de l’atelier national de validation et l’adoption du document par le gouvernement. 

« Aujourd’hui, face à tous les pays voisins, nous allons être dotés d’une politique industrielle. C’est ce qui nous manquait et nous avons raté plusieurs occasions. Voilà pourquoi, je vous remercie beaucoup pour votre participation à cette élaboration. Je présume que la SADC, le Comesa et tous les pays de la CIGRL attendent ce moment », avait déclaré Julien Paluku. D’après lui, la République démocratique du Congo se doit d’être fière d’avoir une politique industrielle. Car c’est cette politique qui permettra l’octroi des crédits pour les projets afin de réduire la pauvreté. 

À partir de 1991, le tissu économique national a commencé à se détériorer, au point que le pays est entré dans un cycle de désindustrialisation, avec ce que tout cela comporte comme conséquences. Il fallait donc commencer par le début, c’est-à-dire définir une politique nationale de l’industrie. Les experts soulignent qu’une politique présuppose les actions à mettre en œuvre par l’État pour atteindre des objectifs préalablement fixés dans un domaine.

D’après eux, la politique industrielle désigne l’intervention publique en vue de développer le secteur industriel du pays. Elle vise principalement à stabiliser, voire relancer en période de crise l’industrie nationale. Elle peut prendre l’aspect de crédit d’impôt, de fond d’investissement, d’une planification ou d’une organisation stratégique du tissu industriel. Vu sous cet angle, la politique industrielle est un ensemble d’actions et mesures prises par les autorités politiques et économiques pour modifier l’évolution naturelle des activités industrielles. 

Secteur d’avenir 

L’industrie est un secteur d’avenir économique pour la RDC. Elle regroupe les activités de transformation des produits (matières premières ou produits semi-finis). Pour les experts, c’est un secteur essentiel de l’économie car elle produit des biens qui servent à fabriquer d’autres biens, par exemple les machines. Qu’il s’agisse de l’industrie manufacturière, de l’industrie agro-alimentaire ou de l’industrie énergétique, l’état de la situation montre que la RDC a pris un grand retard.

L’industrie manufacturière pour la production des biens intermédiaires (sidérurgie, métallurgie, chimie, verre, papier, matières plastiques), des biens d’équipement des entreprises (machines-outils, matériel électronique, construction mobile, électroménager), des biens de consommation courante (pharmacie, textile, ameublement, parachimie, presse et édition notamment) essaie tant bien que mal à survivre malgré les difficultés.

Bref, le pays a besoin d’un ensemble d’opérations coordonnées par les pouvoirs publics pour atteindre les objectifs considérés comme importants. En effet, à travers le monde, l’industrie joue un rôle décisif dans la croissance nationale. Les relations entre croissance, investissement et productivité exercent un puissant attrait au niveau des secteurs industriels. L’ensemble des activités industrielles contribue à créer des effets externes positifs sur tous les secteurs nationaux. 

Aujourd’hui, avec la mondialisation, les effets de la concurrence internationale doivent être accompagnés par les pouvoirs publics, car l’industrie nationale est soumise à la concurrence des producteurs étrangers. Un spécialiste explique que les mouvements de réaffections de facteurs de production entre différents secteurs prennent du temps, ont des conséquences sociales et économiques très onéreuses (coûts de reconversion d’un bassin industriel tels que la sidérurgie ou les mines). Les pouvoirs publics doivent donc intervenir de manière à garder une certaine cohérence du système productif.

D’après lui, les modalités d’intervention des pouvoirs publics peuvent prendre plusieurs formes : des mesures directes pour promouvoir l’ensemble des entreprises (politique d’aide aux exportations, de soutien des prix, de concurrence) ou certaines d’entre elles (politiques d’aides financières, constitution des pôles industriels, recherche de synergie par des rapprochements entre entreprises…). 

Ce sont aussi des mesures indirectes visant à modifier l’environnement économique (politique budgétaire, fiscale, monétaire) ou à provoquer un dynamisme industriel (politique d’aménagement du territoire, politique de transport, soutien à la recherche et à l’innovation…). Ce sont également des mesures de protectionnisme (prohibitions, quotas, tarifs, douaniers, normes…) ou de création de grands leaders nationaux (nucléaire, défense, énergie…) ; mais aussi de transfert de propriétés. Il faudra également tenir compte des économies industrialisées ouvertes aux échanges internationaux. Lesquelles connaissent des recompositions sectorielles importantes et rapides. Des secteurs entiers disparaissent sous la pression conjuguée de la diminution de la demande mondiale, de l’apparition des nouveaux concurrents ou des mauvais choix stratégique. Par exemple, dans la plupart des chantiers navals, les industries du cuir, le textile, les productions de matériels électriques et électroniques, la chimie lourde… face à cette perte de compétitivité, des nouveaux secteurs apparaissent dans le domaine de la technologie de l’information et de la communication (NTIC).

La logique du marché

Dans la réalité, les États opèrent des choix industriels. Les facteurs de production (travail, capital) doivent pouvoir être affectés différemment. Or certains secteurs génèrent des coûts irrécupérables (sidérurgie) seul l’État peut assumer une fraction des pertes de capital.

En raison des richesses naturelles d’une rare abondance et d’une rare variété dont elle est dotée, la RDC est qualifiée de « scandale géologique ». Le pays offre en effet de nombreux atouts aux investisseurs et c’est dans tous les secteurs d’activités économiques. La RDC constitue l’un des plus grands marchés d’Afrique avec plus de 80 millions de consommateurs. Son territoire est immense et propice à de grandes exploitations agricoles et minières. Son secteur minier offre une gamme extrêmement variée de minerais autant que d’énormes possibilités d’exploitation. 

On peut exploiter notamment le bauxite dans le Kongo-Central ; le charbon au Katanga et dans le Bandundu ; le colombo tantalite (coltan) dans le Kivu, le Maniema et le Katanga ; le diamant au Kasaï, dans le Bandundu, à l’Équateur et dans l’ex-province Orientale. On peut aussi exploiter l’étain (Katanga, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema) ; le fer (Kasaï, ex-province Orientale, Katanga) ; le gaz méthane (Kivu) ; le manganèse (Katanga, Kongo-Central) ; le pétrole (Kongo-Central, Équateur, Bandundu, Ituri et lac Tanganyika) ; les schistes bitumeux (Kongo-Central) ; etc.

La RDC est également un grand pays à vocation agricole, grâce à son sol arable très riche qui s’étend sur plus de 100 000 ha, dont 1% seulement est jusque-là exploité. La forêt congolaise, deuxième méga forêt tropicale humide dans le monde, représente plus de 45 % de l’ensemble de la forêt africaine, avec une possibilité d’exploitation de 6 millions de m3 de bois en grumes et de transformation locale de bois avant l’exploitation. Ses essences sont très recherchées : Afromasia, ébène, Wengen, iroko, sapelli, Sipo, Tiana, tola, kambala, lifaki, etc. 

Le fleuve Congo possède un débit le plus régulier et le plus puissant au monde (40 000 m3 par seconde) après l’Amazone. Les potentialités énergétiques de toute la RDC sont estimées à environ 100 000 MW. Près de 44 % de ces ressources sont concentrées au barrage d’Inga. Sa capacité productive est telle qu’il pourrait alimenter tout le continent, voire au-delà. Par ailleurs, le fleuve Congo offre d’énormes possibilités de navigation intérieure et constitue une réserve poissonneuse extrêmement riche. Les côtes atlantiques, le fleuve Congo ainsi que les lacs frontaliers présentent un potentiel halieutique estimé à 700 000 tonnes de poissons par an.

Bref, la RDC est un pays aux multiples opportunités d’investissement. Toutes ses potentialités offrent d’extraordinaires opportunités d’investissements dans tous les secteurs d’activités économiques. Les industries de toutes sortes peuvent être installées en RDC, qui en éprouve un énorme besoin dans toutes les filières.