APRÈS avoir travaillé pendant des années pour l’agroalimentaire, Christophe Brusset a tout vu… jusqu’à en être définitivement écœuré. L’ancien trader alimentaire a décidé de dévoiler les pratiques douteuses des industriels et d’aider les consommateurs à manger plus sainement. Dans un premier opus intitulé « Vous êtes fous d’avaler ça ! » (chez Flammarion), le repenti de la malbouffe faisait des révélations fracassantes sur les coulisses de la fabrication de produits vendus en grandes surfaces. Il raconte comment du piment indien broyé avec des crottes et des cadavres de souris, du thé vert de Chine bourré de pesticides, du faux safran marocain, et bien sûr la viande de cheval « transformée » en bœuf terminent sur les étals des grands magasins.
Dans son nouvel ouvrage « Et maintenant on mange quoi ? » (chez Flammarion) Christophe Brusset veut aider les consommateurs à y voir plus clair dans les rayons. Dans une interview au « Figaro », il s’explique. À la question de savoir s’il faut se méfier de tous les produits vendus en grandes surfaces, notamment les petits pots pour bébé, les petits déjeuners, les produits diététiques…, il répond : « Oui, j’ai travaillé pour différents produits, de la vente de miel au jus de fruit en passant par les épices, pendant des années, et j’ai observé des pratiques peu reluisantes dans tous les aliments transformés. Toutes les modes culinaires, comme le bio ou le végane, sont détournées par les industriels. »
Les meilleurs et les pires
Quand on lui demande quels sont les meilleurs et les pires produits, il répond : « Par nature, tous les produits industriels sont suspects. Nous pouvons quand même avoir de bons produits mais il faut être méfiant. Les produits frais et ceux qui comptent le moins d’additifs sont les plus sains. Mais même les fruits et légumes doivent être passés à la loupe car un grand nombre contient des pesticides. La viande s’en sort plutôt mieux, sauf la charcuterie et notamment le jambon. »
Et Christophe Brusset d’ajouter : « les sodas sont certainement les pires produits, ils contiennent uniquement du sucre et les sodas light sont à proscrire car le sucre est remplacé par des produits artificiels. Les boîtes de conserve sont également à retirer de nos placards. Je n’ai aucune confiance dans ces produits. » Mais quels conseils donner aux lecteurs pour éviter les pièges de la malbouffe ? « Il faut éplucher les étiquettes des produits et fuir les longues listes d’ingrédients. Il faut privilégier les produits simples, les produits bruts, le moins transformés possibles. Les fruits et légumes bios, de saison et locaux. »
Quand on l’interroge sur les marques, les chaînes, les labels, il réagit en disant : « Les marques ne sont pas une garantie. Par exemple, le numéro un mondial du secteur, Nestlé, est aussi un champion de la malbouffe. Les slogans comme ‘élus produits de l’année’ sont également de pures stratégies marketing mais cela ne recouvre aucune réalité, c’est du mensonge ! »
D’après Christophe Brusset, certaines appellations ont toutefois leur importance : « Pour les yaourts, par exemple, il faut les préférer aux ‘spécialités laitières’ ou autres inventions de l’agro-alimentation. De fait, l’appellation yaourt est réglementée et doit remplir certains critères pour porter ce nom. Les innovations des industriels visent à contourner ces contraintes. »
Méfiance aux innovations culinaires
Et il appelle à la plus grande méfiance vis-à-vis des innovations culinaires… « La science est capable du meilleur comme du pire et plus le produit est chimique, plus il faut s’en méfier. En apparence il y a une prise de conscience et un début de rejet de la malbouffe mais la course au gigantisme dans l’agriculture, les cultures hors sols, les viandes sans viande ne sont pas rassurantes. »
Christophe Brusset conseille aux consommateurs de reprendre le pouvoir. « Oui, les consommateurs ont le pouvoir. Si nous voulons plus de transparence, c’est possible. » Et à propos de Yuka ? « Yuka est une bonne chose car elle rend les informations des emballages plus claires.
C’est une aide intéressante mais elle retranscrit les informations transmises par les industriels. Elle ne peut toutefois fournir plus que ce qu’il lui a été indiqué. Par exemple, impossible de savoir si un produit a été touché par la pollution aux métaux lourds, s’il contient des pesticides et en quelle quantité. » Et de poursuivre : « Les industriels ne sont pas, non plus, tenus d’informer sur la présence ou non d’’additifs techniques’.
Ces éléments chimiques permettent d’améliorer la texture ou la tenue d’un produit par exemple. Pour éviter qu’un jus de fruits ne mousse, certains industriels ajoutent du diméthicone. Cet élément est également utilisé comme traitement anti-poux et ajouté dans les shampoings pour donner du volume à la chevelure… »