Tshibala confond les priorités en voulant construire un nouveau palais présidentiel

Le projet n’est pas nouveau. Matata en avait l’idée après avoir réfectionné à son goût la primature. Mais le chef de l’État lui aurait fait savoir que ça n’était pas une priorité. 

 

Comme la Maison-Blanche aux États-Unis ou l’Elysée en France, le 1ER Ministre Tshibala a estimé que la République démocratique du Congo devrait avoir le palais présidentiel pour son chef de l’État. Un projet allant dans ce sens figure dans la mouture du budget pour l’exercice 2017 soumise à l’examen du Parlement par le gouvernement. Lors de sa plénière du 9 juin, l’Assemblée nationale n’aura fait qu’avaliser le projet de loi de finances 2017 comportant le budget de cette année lui présenté par le 1ER Ministre, Bruno Tshibala. Les députés y ont apporté quelques amendements.

Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, n’a même voulu d’un vote, article par article. Au contraire, il s’est félicité du travail de la commission ECOFIN, composée essentiellement d’élus PPRD. Et il s’est engagé à transmettre le projet de budget 2017 le soir même de son adoption au Sénat pour une seconde lecture. Nul doute, à la Chambre haute, le budget de Tshibala ne passera pas comme une lettre à la poste. Les « Sages » devraient, fort probable, s’intéresser notamment à ce projet sur la construction d’un nouveau palais présidentiel.

Difficile à ce stade d’avoir des données techniques et architecturales du futur palais présidentiel ou encore du site où il sera érigé. Seule certitude, l’argent semble disponible. Le montant initial avancé est de 1,4 milliard de FC, soit environ 1 million et demi de dollars, dont 400 millions de FC pour les nouveaux bureaux du chef de l’État. Difficile également d’attribuer à Joseph Kabila la paternité de ce projet. En son temps, le 1ER Ministre, Augustin Matata Ponyo Mapon, avait mûri un projet similaire, après avoir retapé les bâtiments de la primature. Mais, selon nos sources, le chef de l’État n’aurait guère apprécié, estimant que le projet était fort onéreux.

Et contrairement à la polémique à laquelle s’enamoure une certaine presse sur les dépassements exponentiels des crédits budgétaires par l’institution Président de la République, le ministère du Budget rapporte que la présidence de la République est restée, à quelques écarts près, dans les limites de ses prévisions pour l’exercice 2016. Elle a consommé 43 644 306 283 FC sur des dépenses de rémunérations de 43 329 511 554 FC, soit un taux d’exécution de 100.7 %.

Si le chef de l’État s’est réservé, dans sa dernière interview qu’il a accordée au journal allemand Der Spiegel, sur la tenue des élections en décembre 2017, le 1ER Ministre a donné, par contre, sa parole d’honneur. Il a promis des élections présidentielle et législative de plus réussies. Dans son projet de loi de finances publiques pour l’exercice 2017, Bruno Tshibala consacre une bonne part, près de 10 % de l’enveloppe des dépenses du budget général de l’État. Et la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO), après avoir déployé l’essentiel des kits électoraux et matériels connexes sur l’ensemble du territoire national, s’est engagée à financer la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec  10 883 558 400FC, un peu plus de 10 millions de dollars, en 2017. Le porte-parole de la  MONUSCO, Félix Basse, a rappelé le 7 juin que la MONUSCO s’en tient à l’Accord politique du 31 décembre 2016 qui prévoit les élections présidentielle et législative au 31 décembre 2017.

Depuis son accession à la souveraineté nationale et internationale, le 30 juin 1960, la RDC a connu 4 chefs d’État qui n’ont jamais procédé à une remise et reprise et ne se sont jamais, par conséquent, succédé au même logis ni cabinet de travail. Si en 1960, Joseph Kasa-Vubu, le premier président de la République, avait repris la résidence du gouverneur général Pétillon sur les hauteurs du Mont Ngaliema, le lieutenant-général, futur maréchal, Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko Kuku Ngwendu waza Mbanga, qui l’a évincé le 24 novembre 1965, a préféré le camp militaire Etienne Tshatshi, après avoir vécu un bref instant au Mont Ngaliema. Trente-deux ans plus tard, son tombeur, Laurent-Désiré Kabila, fera de la résidence des hôtes de marque de l’ancien Zaïre, le Palais de Marbre,  le palais présidentiel. Il  y a aménagé une ferme de fortune. Le 16 janvier 2001, « Mzee », le sage, comme il se faisait appeler, est assassiné au palais de marbre et le 24 janvier 2001. Son fils, alors chef d’état-major de la force terrestre des Forces armées congolaises (FAC), le général-major Joseph Kabila Kabange, lui succède et opte pour résidence la cité de l’UA bâtie, du temps de Mobutu, ainsi que la résidence secondaire du 1ER Ministre à la Gombe. Officiellement, le chef de l’État a des bureaux au Palais de la Nation. Il a aussi d’autres bureaux au Palais du peuple. A l’immeuble dit Intelligent, il lui est aussi réservé des bureaux. Quant au projet de Tshibala, wait and see.