LE MINISTÈRE des Transports et des Voies de communication avait, en effet, sollicité 920 492 876 883 FC, soit 526 658 014 dollars, au ministère du Budget. Outre les projets précités, il était également question de construire un chemin de fer entre Kimbanseke et Kisenso, d’acquérir des équipements de transport ferroviaire, des voitures voyageurs, des équipements portuaires, ou encore des pièces de rechange pour des navires et des aéronefs pour Congo Airways des pièces de rechange la construction d’un port sec à Songololo et Beni, un air de stockage à Lufu…
Mais la plupart de ces projets ne devraient guère connaître même un début de commencement à moins que le collectif budgétaire programmé pour la prochaine rentrée parlementaire de mars accorde davantage des crédits au ministère des Transports et des voies de communication, font comprendre des experts maison.
Budget au rabais
Les prévisions actuelles de financement de ces projets sont, en effet de 69 967 344 420 FC, soit 40 031 665 de dollars, donc moins de dixième du budget sollicité. Selon nos sources, les projets envisagés et besoins financiers y afférents sollicités par le ministère des Transports ont déjà été repris tels quels ou imbriqués dans d’autres projets.
Selon les termes du protocole d’accord signé entre la firme émiratie DP World et le gouvernement de la RDC, en date du 9 février 2017, ce projet devrait à moyen terme intégrer la construction du chemin de fer de 142 km entre Matadi et Banana et 144 km de route reliant Boma et Muanda. Pour mémoire, la construction du port se fera en quatre phases. Dans sa première phase (valeur d’investissement total 539,5 millions de dollars, dont 118,5 millions de dollars d’apport du Gouvernement financé par DP World; construction de deux quais de 400 et 200 m (longueur totale 600 m). Dans la deuxième phase (valeur d’investissement total 168 millions de dollars dont 3 000 000 de dollars d’apport du Gouvernement financé par DP World, construction d’un troisième quai de 200 m). Dans la troisième phase (valeur d’investissement total 236 millions de dollars, 6 millions d’apport du gouvernement financé par DP World.
Enfin dans la quatrième phase (valeur d’investissement : 226 millions de dollars dont 6 millions de dollars d’apport du Gouvernement financé par DP World).
En phase finale, le Congo disposera d’un port en eaux profondes d’une longueur de 1 600 m avec 5 quais, un tirant d’eau de 15,5 m – rien de tel dans les ports proches de la sous-région -, d’une capacité électrique de 20 Méga VA et d’une zone logistique et industrielle. Selon la Feuille de route du gouvernement 2012, la construction du port en eau profonde devrait se faire avec celle du chemin de fer Banana-Matadi.
Une autre convention de collaboration entre l’Etat congolais et DP World devrait créer un service public dénommé « Port en eaux profondes ». En pratique, il s’agirait d’une société concessionnaire commune dans laquelle, contrairement aux concessions classiques, l’État congolais aura 30 % de participation non-dilluables au capital social et DP World 70 %. Par conséquent, la société concessionnaire aura, pour la partie congolaise, des mandataires nommés par le président de la République conformément à la loi n°08/010 du 7 juillet 2008 fixant les règles relatives à l’organisation et à la gestion du Portefeuille de l’État et ce, tant au niveau du conseil d’administration qu’au niveau de la Direction générale.
Une parenthèse : le tout nouveau président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, est très attendu dans ce dossier dont les lanceurs d’alerte disent déceler des faisceaux d’indices de malversations financières. Selon la convention précitée, le ministre du Portefeuille de la RDC couvrira, par sa procuration spéciale, la participation de l’Etat à l’Assemblée générale, instance où toutes les grandes décisions de la société sont prises à 71% de vote sachant que les 30 % de l’État sont non diluables.
En ce qui concerne la gestion du port, l’État aura au moins deux postes, celui du président du conseil d’administration et du directeur général adjoint. Naturellement, les postes stratégiques du directeur général et du chargé des finances reviendront au groupe émirati DP World si jamais le nouvel ordre politique incarné par Félix Tshisekedi n’amende pas les conventions lui léguées par l’administration Kabila.
Subventions de l’État
D’après José Makila Sumanda, le vice-Premier ministre et ministre sortant des Transports et des Voies de communication, le projet de l’érection du port en profonde au large de banana ainsi que des travaux connexes porte sur une mise en concession de trente ans avec possibilité de renouvellement de vingt ans après évaluation concluante. Par ailleurs, il est rappelé que le gouvernement prévoit pour 2019, une subvention de 260 milliards de FC, soit 148 758 439,18 dollars au taux budgétaire de 1747,8 FC/le dollar pour les Lignes maritimes congolaises, (LMC), la société TRANSCO, etc.
Des projets qui, apprend-on, échapperaient au contrôle du ministère des Transports. L’État prend, en effet, en charge, le ravitaillement en carburants et lubrifiants pour TRANSCO. En ce qui concerne les LMC, le gouvernement a annoncé l’acquisition de 3 navires cargo polyvalent ou multipurpose et de 2 000 conteneurs, à court terme. À ce jour, les Lignes maritimes congolaises louent, dans le cadre d’un partenariat on ne peut plus obscur avec le belge Marinvests, des navires au coût de 10 000 dollars le jour.
En d’autres termes, les LMC dépensent environ 150 000 dollars à chaque voyage Anvers-Boma-Matadi. L’armateur public organise deux rotations le mois. Avec des navires polyvalents (multipurpose), les Lignes maritimes ont dans le viseur l’Afrique du Sud, la côte ouest-africaine, le moyen et extrême Orient… le trafic méditerranéen. Hélas, selon nos sources, les Lignes maritimes ont perdu un juteux marché faute de navire approprié, le transport des hydrocarbures.
Toutefois, les Lignes maritimes congolaises demeurent encore l’épine dorsale du commerce extérieur de la RDC comme par le passé. Les LMC rêvent, en fait, de sa gloire d’antan. Les Lignes maritimes congolaises seront également dotées de 2 000 conteneurs ! Il s’agit de 1 450 conteneurs secs 20 pieds, 400 conteneurs secs 40 pieds et 150 conteneurs frigorifiques 40 pieds. En clair, l’Etat actionnaire unique des LMC signe son grand retour sur un marché longtemps dominé par des privés et des intérêts étrangers qui parfois se paient l’outrecuidance d’imposer au pays la fréquence et l’horaire des navires.
Il sied de rappeler que les Lignes maritimes congolaises, ambitionnent de passer dans le multimodal. Après le transport maritime et routier encore timide et limité à quelques camions-citernes, l’ex-CMZ vise la voie ferrée. Instrument privilégié du commerce extérieur de l’Etat Congolais, les LMC ont la latitude de sceller des joint-ventures avec des partenaires privés. Quant aux projets inhérents au port sec de Songololo et de Beni, il nous revient que les services prestataires, dont l’Office de gestion du fret multimodal (OGEFREM), devraient les prendre en charge.