RENAULT et Nissan ont récemment revu en baisse leur objectif de marge opérationnelle pour cette année, respectivement à 5 % et 1,4 % du chiffre d’affaires. En face, Volkswagen affiche entre 6,5 % et 7,5 %, malgré un scandale des moteurs truqués qui lui a coûté des dizaines de milliards d’euros… Et Toyota caracole à plus de 8 %. « Pour un partenariat ancien », puisqu’il a déjà 20 ans, c’est un petit peu surprenant que les synergies qui devraient exister depuis longtemps ne se voient pas dans les chiffres », relève Vittoria Ferraris, analyste pour S&P Global Ratings, agence de notation qui a récemment abaissé la notation de Renault et placé sous surveillance négative celle de Nissan.
Jean-Dominique Senard, réputé bon diplomate, espère avoir réussi à rétablir la confiance entre Paris et Tokyo. « Vous serez surpris par la force de l’alliance ces prochains mois », a-t-il lancé récemment. La dernière réunion du conseil opérationnel, qui rassemble une fois par mois les dirigeants des trois partenaires, « a été l’une des plus positives depuis mon arrivée », a-t-il assuré.
Jean-Dominique Senard, qui avait échoué au printemps à fusionner Renault avec le constructeur italo-américain Fiat Chrysler (désormais fiancé au rival français PSA), espère très vite pouvoir annoncer des initiatives industrielles communes. Le débat sur une réforme de la gouvernance de l’ensemble attendra, même si les Japonais souhaitent toujours un rééquilibrage en leur faveur.
Concernant Renault, le choix du nouveau directeur général pour succéder à Thierry Bolloré n’est pas encore arrêté, a indiqué Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie, tout en disant souhaiter « un professionnel de l’automobile ». Plusieurs noms circulent : Luca de Meo, patron de Seat (groupe Volkswagen) ; Didier Leroy, numéro deux de Toyota ; Patrick Koller, le directeur général de l’équipementier Faurecia…
Renault doit se choisir un directeur général afin de succéder à Thierry Bolloré, limogé mi-octobre pour donner un nouveau souffle au groupe au losange et à son alliance avec Nissan, dont il est le premier actionnaire avec 43 % du capital.
Renault disposera bientôt d’une « shortlist » pour le poste de directeur général mais n’entend pas agir dans la précipitation, a déclaré Jean-Dominique Senard, le président du constructeur automobile français. « Si nous sélectionnons quelqu’un d’ici la fin de l’année, tant mieux. Sinon, ce n’est pas une mauvaise chose », dit Jean-Dominique Senard, tout en saluant l’action de Clotilde Delbos, l’actuelle directrice générale par intérim. Selon Reuters, Clotilde Delbos faisait partie des candidats ayant postulé en interne pour le poste de directeur général de Renault à titre permanent.
Dans l’entretien publié par Süddeutsche Zeitung, Jean-Dominique Senard n’exclut pas une baisse de la participation de Renault dans Nissan, qui, selon lui, le réclame de longue date. « Les choses ne sont pas écrites pour toute éternité », dit le président de Renault.
« Cependant, une réduction de la participation doit avoir du sens. » Renault, bien implanté en Europe, et Nissan, puissant aux États-Unis et en Chine, sont géographiquement complémentaires. Les deux pourraient mettre en commun leur expertise du véhicule électrique. « Le marché difficile va être une incitation très forte à trouver une base commune, mais le problème est le temps que ça peut prendre… », redoute cependant Vittoria Ferraris.
Dacia sauve Renault
Les ventes mondiales du groupe Renault plongent de 5,2 % sur dix mois, d’après les statistiques internes. Le « haut de gamme » est à la ramasse en Europe comme en Chine. Heureusement, les modèles à bas coûts de Dacia (vendues sous le label Renault hors d’Europe) ainsi que la gamme de petites Clio sauvent les meubles. Un an après l’arrestation de son ex-PDG Carlos Ghosn, Renault est toujours en difficulté. Après un avertissement sur résultat le 17 octobre dernier, la firme au losange voit ses ventes reculer sensiblement sur les dix premiers mois de l’année, selon ses chiffres internes.