Long de quinze mètres, l’ouvrage construit à Lufu, à une soixantaine de kilomètre de Matadi, relie la province angolaise du Zaire à sa voisine congolais. Il s’est écroulé après le passage d’une remorque chargé d’environ 1.900 sacs de ciment. Pour les habitants et les services de l’Etat, c’est un énorme manque à gagner.
Le pont Kwilu date de l’époque coloniale. C’est le seul point de passage au niveau du poste frontalier de Lufu.
Un responsable de la DGDA au Bas Congo n’a pas caché son inquiétude quant aux conséquences financières de cette situation. D’autant plus que, affirme t il, c’est le deuxième poste routier frontalier le plus important du pays après Kasumbalesa au Katanga, avec une affluence de plus de 500 voyageurs transfrontaliers par jour, une moyenne de 80 à 100 véhicules par jour en provenance d’Angola. ». Le trafic s’est particulièrement intensifié, ces derniers temps, depuis que l’Angola qui construit un port en eaux profonde dans la province de Cabinda (enclave coincée entre les deux Congo) fait transiter via Lufu l’essentiel de son matériel et engins lourds en provenance de Luanda. D’autre part les commerçants congolais ont pris l’habitude d’importer de Luanda du matériel de construction dont du ciment bon marché sur le marché angolais (7 dollars le sac) revendu 16 dollars. Le barrage de Zongo II que construit une firme chinoise importe également l’essentiel de son ciment et d’autres matériels d’Angola, renseigne un ingénieur affecté au site.
Les conséquences économiques inestimables
La localité de Lufu est surtout réputée pour son marché transfrontalier qui attire chaque samedi près de 20.000 commerçants et acheteurs congolais et angolais. Les véhicules qui traversent la frontière s’acquittent des droits et taxes qui avoisinent 900 dollars par véhicule, selon un spécialiste de l’immigration. Une remorque de 30T de ciment rapporte à la douane congolaise exactement 1.620 dollars, affirme le chef du poste de Lufu. Les autorités de deux pays qui ont mesuré l’ampleur du problème ont déjà visité le site et des mesures urgentes ont été annoncées dont la construction prochaine d’un pont provisoire préfabriqué avec un tonnage réduit en attendant une structure définitive tenant compte des besoins actuels et futurs. En attendant, une pirogue assure la traversée des personnes entre les cités frontalières de Lufu et Lovo coté angolais. Mais la population, qui redoute des accidents à cause de la rusticité de ce moyen de transport et surtout de l’importance du trafic, en appelle aux autorités pour une réhabilitation urgente de cet ouvrage. Joignant sa voix à celle de la population, la société civile exige aussi l’entretien de tronçon routier de douze kilomètres qui sépare la nationale N°1 au poste frontalier de Lufu, l’état de ce tronçon contraste spectaculairement avec l’état de la route angolaise impeccablement goudronnée donnant l’impression à la Rdc d’être un parent pauvre et insouciant de l’état de ses routes.