SELON les chercheurs français, « dans le pire des scénarios considérés, la hausse de la température moyenne globale atteint 6,5 à 7 °C en 2100 ». Le pire scénario de la dernière simulation réalisée en 2014 prévoyait une hausse maximale de 4,8 °C. Le scénario le plus optimiste, basé sur une forte coopération internationale priorisant le développement durable, permet de rester en dessous de la barre des 2 °C. Mais un dépassement de ce seuil sera inévitable au cours du siècle. Il faudrait donc prendre des mesures dès maintenant afin d’atteindre la neutralité carbone dès 2060. Enfin, il faudrait capter entre 10 et 15 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère par an d’ici 2100, une prouesse que les technologies actuelles ne sont pas en mesure de réaliser. « La température moyenne de la planète à la fin du siècle dépend donc fortement des politiques climatiques qui seront mises en œuvre dès maintenant et tout au long du XXIe siècle », affirment les chercheurs français.
Lors de la 21è conférence internationale sur le climat (COP 21) tenue à Paris en 2015, les États du monde se sont mis d’accord sur le maintien du réchauffement climatique sous 2 °C par rapport à la révolution industrielle d’ici 2100. Dans son dernier rapport annuel sur l’action climatique mondiale, publié à quelques jours de la COP 23 tenue à Bonn en novembre 2017, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) avait estimé que l’écart est « catastrophique » entre les promesses nationales de limiter les émissions de gaz à effet de serre et les réductions qu’il faudrait opérer pour maintenir le réchauffement en dessous de 2°C. En effet, même si les divers pays de la planète respectent leurs engagements pris à Paris, le mercure devrait grimper de plus de 3 °C à « l’horizon 2071-2100 ».
Phénomènes extrêmes
Si les émissions et concentrations gardaient leur trajectoire actuelle, le réchauffement pourrait atteindre 4 °C. Dans les deux cas, la planète se dirige donc vers un réchauffement de plus de 3°C par rapport à l’ère préindustrielle, avec son lot annoncé de phénomènes climatiques extrêmes comme les vagues de sécheresses récurrentes, les cyclones, les inondations ou encore la submersion de certains territoires par les eaux sous l’effet de la montée des océans.
Les conséquences du dérèglement climatique ne se limitent pas cependant aux phénomènes atmosphériques. Elles concernent de plus en plus la sphère économique. Dès 2006, un rapport publié par le ministère des Finances britannique et coordonné par Nicholas Stern, l’ancien chef économiste et vice-président de la Banque mondiale, a évalué le coût de l’inaction contre le changement climatique à entre 5 % et 20 % du PIB mondial par an d’ici à l’horizon 2050 ! Plus récemment, l’organisation humanitaire DARA a estimé que le réchauffement climatique pourrait faire baisser de 3,2 % du PIB mondial d’ici 2030 si rien n’est fait pour décarboniser l’économie à l’échelle planétaire.
D’après les différents modèles climatiques utilisés pour réaliser ces prévisions, les effets du réchauffement seront géographiquement inégaux. Dans ce cadre, l’idée selon laquelle l’Afrique est l’une des régions du monde qui seront les plus durement touchées par les conséquences économiques du changement climatique fait déjà consensus.
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le dérèglement du climat pourrait induire une baisse du PIB ce continent de l’ordre de 2 à 4 % d’ici 2040 et entre 10 à 25 % d’ici 2100.
Le cabinet de conseil en gestion des risques Verisk Maplecroft a de son côté révélé, dans une étude rendue publique en 2015, que le continent africain compte sept des dix pays les plus menacés au monde par le réchauffement : la Sierra Leone, le Soudan du Sud, le Tchad, le Nigeria, la Centrafrique, l’Érythrée et l’Éthiopie.