Par ailleurs, les faits ont montré que la stabilisation budgétaire par la compression des dépenses (sur base caisse) a atteint ses limites. Avec 13 % du PIB des dépenses et 13 % du PIB des recettes, la marge de manœuvre pour dégager une espace budgétaire avec une meilleure gestion des dépenses est assez réduite. Mais il y avait moyen de faire la stabilisation budgétaire en mobilisant davantage les recettes tout en gardant l’équilibre. Par exemple, un budget autour de 18 % des dépenses et des 18 % des recettes constituerait un changement important, surtout si le supplément des recettes est affecté aux infrastructures et aux secteurs sociaux de base. Comme quoi, la stabilisation budgétaire à court terme ne peut pas aller de pair avec les objectifs du développement durable. Le manque de moyens est potentiellement déconnecté du potentiel, mais Matata n’a pas su mobiliser le potentiel.
Dans une économie totalement extravertie (exportation des matières premières et importation d’une grande partie des biens de première nécessité et des services), il est difficile d’engranger des recettes suffisantes. À plusieurs reprises, des spécialistes ont conseillé à Matata de tempérer son discours triomphaliste étant donné que l’économie congolaise ne dispose pas des ressorts dynamiques internes susceptibles de soutenir une croissance inclusive durable (résilience à long terme de l’économie). Si, par exemple, le Produit intérieur brut (PIB) a doublé entre 2012 et 2016, quelle est la vraie part réservée aux Congolais? Que vaut dans un pays une création des richesses dont la source est essentiellement étrangère, comme c’est le cas aujourd’hui pour la RDC avec les banques, l’industrie extractive, les télécommunications et autres nouvelles technologies de l’information et de communication, les bâtiments et travaux publics qui sont des entreprises à capitaux majoritairement étrangers ? Que vaut une création des richesses nationales sans une répartition équitable? Autant de questions que l’on est en droit de se poser.
L’évaluation du Produit national brut (PNB) qui se traduit par l’incorporation des revenus provenant de la contribution des Congolais de l’étranger et la déduction des revenus des étrangers de la production intérieure aurait pu permettre d’apprécier le réel enrichissement de la RDC et des Congolais. En réalité, le poids des revenus des étrangers anéantit pratiquement toute croissance du revenu national. Cet anéantissement explique le paradoxe entre le discours élogieux de Matata sur la croissance et la situation pernicieuse du Congolais moyen acculé au chômage, à la régression continue et ayant perdu toute dignité et toute espérance, chargeait Mokonda.