Volkswagen chute de 8% à la Bourse de Francfort

L’action Volkswagen a dévissé de plus de 8% à l’ouverture à Francfort ce 4 novembre et s’enfonçait rapidement, après l’aveu la veille de (nouveaux) mensonges sur les émissions de CO2 de 800.000 véhicules.

Le titre, qui a perdu plus du tiers de sa valeur depuis mi-septembre, lâchait 9,96% à 99,94 euros dans les premiers échanges, entraînant le Dax à la baisse (-0,19% à 10.929,89 points à 08H11 GMT).

Le cours de l’action Volkswagen

Le scandale de tricherie sur les émissions polluantes du groupe allemand s’est étendu le 3 novembre avec la découverte d’”irrégularités” sur le niveau de CO2 de 800.000 véhicules, et l’annonce que Porsche suspendait la vente des modèles diesel de son 4×4 Cayenne aux Etats-Unis et au Canada.

La filiale nord-américaine de Porsche a annoncé mardi soir qu’elle cessait de vendre les Cayenne diesel des années 2014 à 2016 “jusqu’à nouvel ordre”, au lendemain d’accusations “inattendues” de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), selon lesquelles ces voitures auraient été équipées de logiciels truqueurs.

92 000 moteurs essence concernés pour la première fois

“Nous travaillons intensément à résoudre ce problème dès que possible”, a-t-elle ajouté, sans commentaire sur le fond des accusations.

Pas assez convaincant pour la Commission européenne qui a demandé mercredi au constructeur d’”accélérer son enquête interne”. “Il est du devoir de Volkswagen de faire la lumière de manière transparente et complète” sur ces accusations, a dit Steffen Seibert, porte-parole d’Angela Merkel.

Même son de cloche à Bruxelles. “La Commission invite Volkswagen à accélerer son enquête interne. On doit clarifier sans délai quels types d’irrégularités au CO2 ont été découverts, la cause, les véhicules concernés, où ils ont été enregistrés, quelles mesures le groupe va prendre pour remédier à la situation”, a déclaré Lucia Caudet, une porte-parole de la Commission, lors d’un point presse à Bruxelles.

Fort de ses 12 marques et 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, le numéro deux mondial de l’automobile a annoncé par ailleurs en Allemagne avoir découvert “au cours d’enquêtes internes, des incohérences inexpliquées concernant la mesure des niveaux de CO2”, le dioxyde de carbone.

Le niveau d’émissions mentionné s’est révélé trop bas par rapport à ce qu’il aurait dû être. Cette nouvelle affaire concerne selon une première estimation environ 800.000 véhicules essentiellement diesel, des marques VW, Skoda, Audi et Seat. Parmi eux, et pour la première fois, 92.000 moteur essence sont également concernés.

Le groupe a décidé de passer en revue toutes ses différentes procédures sur les moteurs diesel, après l’éclatement fin septembre d’un scandale portant sur l’installation d’un logiciel faussant les résultats des tests anti-pollution sur onze millions de véhicules. Ce logiciel servait à masquer le niveau réel d’émission d’oxydes d’azote (NOx), polluants atmosphériques toxiques, et non de dioxyde de carbone comme c’est aussi désormais le cas.

VW risque deux milliards d’euros d’amendes supplémentaires

Pour l’heure, les risques financiers de ces nouvelles irrégularités pour le constructeur sont évalués “à environ deux milliards d’euros”. Cela vient s’ajouter aux 6,7 milliards d’euros de provisions pour faire face aux premières conséquences et engager le gigantesque rappel des véhicules équipés du logiciel truqueur incriminé.

“Depuis le début, je me suis engagé à ce que nous expliquions les événements complètement et sans ménagement. Rien ni personne ne nous arrêtera. C’est un processus douloureux, mais il n’y a pas d’autre alternative”, a déclaré dans le communiqué Matthias Müller, qui a pris les rênes du groupe en septembre après l’éviction de Martin Winterkorn quand l’affaire des moteurs truqués a émergé.

La direction de Volkswagen a promis le 3 novembre de “commencer immédiatement à discuter avec les autorités concernées des conséquences” du volet CO2 du scandale, tandis que son conseil de surveillance a exprimé son “inquiétude” suite aux nouvelles révélations. Le scandale des moteurs truqués avait déjà connu un nouveau rebondissement le 1er novembre lorsque l’EPA, qui avait la première révélé la tricherie, a accusé le groupe allemand d’avoir violé les normes d’émission de gaz polluants également avec des moteurs diesel 3 litres des marques haut de gamme Audi et Porsche. Le groupe allemand avait aussitôt rejeté ces nouvelles accusations, tout en se disant prêt à “coopérer pleinement” avec les autorités américaines.

Les berlines de luxe Audi et Porsche dans le collimateur

Jusqu’alors la tricherie initiale sur le niveau d’émission d’oxydes d’azote n’était avérée que pour de plus petits moteurs, de 1,2, 1,6 et 2 litres, et ne concernait aux Etats-Unis que les marques VW et Audi.

“Il s’agit évidemment d’une mauvaise nouvelle pour Volkswagen”, a réagi mardi Holger Schmidt, analyste d’Equinet, “dans la mesure où cette dernière accusation inclut également Porsche”.

Or le nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, qui a pris les rênes au pied levé après le début du scandale, était précédemment à la tête de Porsche et “a dû avoir connaissance de ce problème, même si cela reste encore à prouver”, avance l’analyste.

Selon l’EPA, au moins 10.000 véhicules seraient concernés aux Etats-Unis par les nouveaux soupçons. En Allemagne, “les moteurs diesel en question sont déjà soumis à des tests supplémentaires conduits par l’agence fédérale des transports. (…) Dès que cet examen sera terminé seront alors présentés les résultats complets”, a promis le ministère des Transports. Face aux accusations en provenance des Etats-Unis, Volkswagen a affirmé qu’aucun programme n’avait été installé sur ces moteurs pour modifier de “manière inappropriée” les tests antipollution. Les moteurs sont “conformes à la loi”, a renchéri mardi sa filiale Audi. Dans ce contexte, les derniers chiffres d’immatriculations de nouvelles voitures en octobre n’ont guère été réjouissants pour Volkswagen: recul de 0,7% sur un an en Allemagne, baisse de 3% pour la France, et aux Etats-Unis, une faible progression (+0,2%) de ses ventes alors que ses principaux concurrents ont connu des progressions de l’ordre de 10%.