WhatsApp risque une amende record de 50 millions d’euros pour manque de transparence

Le service de messagerie WhatsApp est soupçonné par l’Irlande d’avoir enfreint le Règlement général sur la protection des données. Ce qui pourrait lui coûter une des plus fortes amendes jamais infligées pour avoir manqué de transparence quant au partage de ses données avec Facebook.

AVANT MÊME qu’il n’annonce sa nouvelle politique de confidentialité controversée, WhatsApp se trouvait déjà dans le viseur de l’Autorité de protection des données irlandaises (Data Protection Commission). Qui reprochait au service de messagerie le manque de transparence quant au partage de ses données avec Facebook qui est sa maison-mère, et ainsi avoir violé le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Si l’enquête est actuellement en cours, des sources proches du dossier estiment que compte tenu de l’ampleur de WhatsApp, l’éventuelle amende appliquée pourrait être comprise entre 30 millions et 50 millions d’euros. 

Au-delà des sanctions financières, il se pourrait également que WhatsApp soit obligé de revoir la façon dont elle utilise les données de ses utilisateurs. Interrogé, un porte-parole de l’Autorité de protection des données irlandaises a refusé de commenter l’information. Pour sa part, le porte-parole de WhatsApp a fait savoir qu’il attendait le jugement final avant de s’exprimer. Il faudra donc faire preuve de patience puisque l’issue de cette affaire pourrait encore prendre plusieurs mois.

RGPD, la bête noire des géants du tec ? Si elle venait à être appliquée WhatsApp, cette amende se rapprocherait du record de la CNIL qui, en 2019, imposait une amende de 50 millions d’euros à Google au nom du RGPD. Récemment, c’est Twitter qui a dû faire les frais de son manquement au RGPD en étant condamné à payer une amende de 450 000 euros. 

Plus globalement, le montant des amendes pour non-respect du RGPD s’est élevé à 171 millions d’euros en 2020. Un montant impressionnant en comparaison des amendes infligées en 2018 et 2019 qui, combinées, s’élevaient à 114 millions d’euros. Manifestement, l’Europe semble vouloir durcir le ton afin que les entreprises respectent enfin son règlement sur la protection des données. 

Des observateurs pensent que c’est un mal nécessaire puisqu’au début de l’année 2020, 90 % des sites analysés dans le cadre d’une étude ne respectaient pas le RGPD.

Faire de pédagogie

En attendant, WhatsApp retarde le déploiement de sa nouvelle politique de confidentialité controversée. Il s’arme de pédagogie pour la faire accepter. Au début du mois de janvier 2021, WhatsApp annonçait la mise en place imminente d’une nouvelle politique de confidentialité lui permettant de partager certaines données de ses utilisateurs avec sa maison-mère, Facebook. Suite à la réaction réprobatrice de ses usagers, le service de messagerie a finalement choisi de retarder son déploiement au 15 mai 2021. Le service de messagerie assure que cet ajournement a pour objectif de donner le temps à ses utilisateurs de comprendre les tenants et les aboutissants de cette mise à jour. 

Pas question donc d’y renoncer pour autant. WhatsApp souhaite seulement donner davantage de temps à ses utilisateurs pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ces nouvelles règles. 

Marqués par les nombreuses frasques du groupe Facebook en matière de protection des données privées, les utilisateurs craignent que les contenus de leurs discussions privées ne soient bientôt partagés avec le réseau social de Mark Zuckerberg, notamment à des fins commerciales. Une peur qui se traduit par une hausse record des téléchargements pour Telegram et Signal, deux services de messagerie concurrents.

Pourtant, selon WhatsApp, les usagers n’ont rien à craindre puisque leurs discussions seront toujours protégées de la même façon. « La confidentialité et la sécurité de vos messages et appels personnels ne changent pas. 

Ils sont protégés par le chiffrement de bout en bout et ni WhatsApp ni Facebook ne peuvent les lire ou les écouter. Nous n’affaiblirons jamais cette sécurité et nous faisons apparaître cette information dans chaque discussion afin que vous puissiez être au fait de notre engagement », explique le service de messagerie dans un billet de blog.

Plus encore, l’application promet que « l’historique des destinataires des messages envoyés ou des appels passés » ne sera pas conservé, que les groupes WhatsApp resteront privés, et que ni elle, ni Facebook, ne seront en mesure de voir la localisation partagée. Enfin, les utilisateurs seront toujours en mesure de faire disparaître leurs messages, tout comme ils pourront télécharger l’ensemble de leurs données.

En outre, le service de messagerie estime que la mise à jour de sa politique de confidentialité permettra à ses usagers de découvrir de nouvelles firmes grâce, notamment, à des publicités Facebook intégrant « un bouton permettant d’envoyer un message à une entreprise en utilisant WhatsApp ».