Cobalt : l’axe Kinshasa-Pékin fait peur

Il est prouvé que la République démocratique du Congo fournit plus de deux tiers de la production mondiale de cobalt et que la Chine raffine près de la moitié (48 000 tonnes par an) du cobalt vendu sur le marché international. Dans ce circuit, surtout en Occident, on s’agace à l’idée de dépendre ainsi de l’axe qui s’installe, RDC et Chine. L’industrie automobile (véhicules électriques) et celle du téléphone mobile (Smartphone) y voit déjà un « véritable danger ». Dans un article publié par The Conversation, un site de vulgarisation scientifique, le chercheur Ben McLellan de l’université de Kyoto au Japon estime que « l’industrie automobile devrait se soucier du fait que l’approvisionnement d’un de ses minéraux essentiels pourrait être trop centralisé dans un seul pays ».

Décryptage : si la Chine est considérée économiquement comme un État « fiable », ça n’est pas le cas de la RDC qui reste un pays « vulnérable » et donc « instrumentalisable à souhait », laissent entendre des observateurs. Qui rappellent la période de 2009 à 2012 ou celle du fameux Contrat chinois (en pleine période de crise d’approvisionnement en matières premières), montrant que Pékin peut avoir un usage « politique » des ressources naturelles de la RDC. Cela n’a pas du tout plu en Occident où on ne veut visiblement pas laisser le marché mondial du cobalt entre les seules mains de la Chine et de la RDC, pourrait-on ainsi dire.

Le géant minier suisse Glencore a averti qu’il y aura une « pénurie d’approvisionnement » en cobalt lorsque le marché des automobiles électriques va connaître son expansion. En 5 ans, déjà, le cours du cobalt est passé quasiment du simple au triple et la tendance haussière va perdurer encore, pronostiquent des spécialistes qui suivent de près les activités de London Metal Exchange ou la Bourse de métaux de Londres. La raison est bien simple : la France et la Grande-Bretagne ont annoncé qu’elles vont abandonner la production de véhicules à essence et diesel à l’horizon 2040 au profit de celle de véhicules électriques. Et on sait que le cobalt et le lithium entre dans la composition des batteries lithium-ion qu’utilisent les véhicules électriques.

Les fabricants des Smartphones, comme Apple et Samsung, ainsi que des véhicules, comme Volkswagen ou Tesla sont donc dépendants des approvisionnements en provenance des pays producteurs, surtout la RDC (3 400 000 tonnes), l’Australie (1 000 000 tonnes), Cuba (500 000 tonnes), les Philippines (290 000 tonnes), le Canada (270 000 tonnes), la Zambie (270 000 tonnes), la Russie (250 000 tonnes), Madagascar (130 000 tonnes), la Chine (80 000 tonnes) et la Nouvelle-Calédonie (64 000 tonnes).

Le marché international de ces batteries va peser quelque 63 milliards de dollars d’ici 2024 contre quelque 26 milliards en 2015. Cette évolution s’explique par la forte demande de l’industrie automobile. Comme le projette le cabinet de conseil Morgan Stanley, le marché des véhicules électriques devrait représenter la moitié des ventes automobiles mondiales d’ici 2050.