Gécamines, meilleure entreprise en 2018 selon Business & Finances

Business & Finances recherche les partenaires pour récompenser les gagnants de ses trophées 2018 lors d’une soirée de gala à Lubumbashi, dans le Haut-Katanga. Les prix sont organisés par le journal sur la base d’une sélection des nominés par sondage du public. Depuis que ces prix existent en 2016, c’est la première fois qu’il est envisagé la cérémonie de remise des prix.

UN JURY composé d’experts du secteur économique et financière a examiné la sélection des cinq nominés dans chacune des dix catégories de prix retenues par 1000 personnes sondées. Cette année, ces prix sont : Prix de la Meilleure Entreprise de l’année, Prix de la Meilleure Entreprise performante, Prix de la Meilleure Entreprise aux idées innovantes, Prix de la Révélation de l’année, Prix du Meilleur exemple d’Engagement, Prix du Meilleur exemple d’attractivité des investisseurs et de développement économique, Prix du jeune créateur, Prix de la Personnalité de l’année, Prix du meilleur manager de l’année et Prix spécial du jury.

Les prix reconnaissent les performances des entreprises, ils reflètent la vision du journal et servent de modèles aux futurs chefs d’entreprises ou managers. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, cela doit devenir une cérémonie annuelle de remise des prix connue pour rendre hommage aux meilleurs entreprises et entrepreneurs.

Les motivations du choix du jury

Les six jurés de cette année choisis par le comité de rédaction de l’hebdomadaire Business & Finances ont rendu leur verdict : la société Gécamines s’est imposée devant une liste des cinq nominés pour remporter le prestigieux prix de l’Entreprise de l’année. Cela saute aux yeux que l’action menée aujourd’hui par le management de l’entreprise publique minière en faveur de sa reconstruction et du redéploiement de son activité minière est un test pour elle-même, mais aussi pour toutes les entreprises publiques transformées en sociétés anonymes (SA) engluées dans les difficultés depuis 2009.

Albert Yuma Mulimbi, le président du conseil d’administration, et Jacques Kamenga Tshimuanga, le directeur général, parlent de « nouvelle vision de la Gécamines » pour expliquer les contours de l’action qu’ils mènent à la tête de cette société. Et qu’ils croient être aussi, désormais, la vision de l’État congolais : refaire de Gécamines un acteur minier qui pèse. Après plus d’une décennie de partenariats industriels, ils ont fait le constat d’un « système structurellement déséquilibré en faveur des partenaires ». Un système qui ne permet ni à l’État ni à Gécamines de percevoir une « part suffisante » de la richesse produite dans le cadre de l’exploitation des richesses du sous-sol.

Les partenariats étrangers étaient censés apporter à Gécamines des dividendes et à l’État des impôts sur le bénéfice afin de reconstruire le pays et financer le développement. Gécamines est aujourd’hui partenaire minoritaire dans 12 joint-ventures en production pour un volume global de réserves de 32 millions de tonnes de cuivre et près de 3 millions de tonnes de cobalt. Le management de Gécamines a décidé de mettre fin aux « très gros profits » qui ne sont pas équitablement partagés avec l’État et avec les partenaires locaux. « Je l’ai dit et je le redis aujourd’hui : ce scandale est terminé et on va y mettre fin. Ceux qui veulent rester ou venir en RDC doivent se soumettre aux nouvelles règles du jeu », déclare Albert Yuma. 

Perspectives intéressantes

Pour rappel, Gécamines produisait à elle seule 450 000 et 500 000 tonnes de cuivre et près de 50 000 tonnes de cobalt au milieu des années 1980. Sa production annuelle moyenne de ces trois dernières années est tombée à 15 000 tonnes de cuivre et à 250 tonnes de cobalt. Pendant les cinq dernières années, la République démocratique du Congo a produit annuellement autour d’un million de tonnes de cuivre et 75 000 tonnes de cobalt, se propulsant ainsi au sommet des pays producteurs de cobalt, produit stratégique. 

Selon Jacques Kamenga, les perspectives qu’offre le cobalt devraient pourtant permettre à l’État d’engranger des revenus substantiels nécessaires au développement du pays, par l’entremise de Gécamines dont l’État congolais est l’unique actionnaire et qui dispose d’un potentiel de plus de 300 000 tonnes de cobalt dans ses différents périmètres miniers, mais aussi des autres entreprises privées opérant dans le secteur. Pour le management de la société, il y a « l’impérieuse nécessité » de poursuivre le programme de recherche et de prospection afin de mettre en évidence de nouvelles ressources géologiques.

C’est dans cette perspective que Gécamines se redéploye dans le Lualaba avec un outil industriel moderne. Plus de 60 % des réserves en cobalt de la RDC sont localisées dans cette province. Gécamines qui compte y faire son retour, va installer le premier complexe métallurgique moderne basé sur les rejets de Kingamyambo contenant 32 000 tonnes de cobalt et 141 000 tonnes de cuivre déjà certifiées. À terme, le complexe métallurgique produira par an 12 000 tonnes de cuivre et 2 200 tonnes de cobalt, avec un rendement de récupération autour de 70 % pour le cobalt. 

Le directeur général explique : « Compte tenu de l’opportunité qu’offre le cobalt, la Gécamines a décidé de ne plus le considérer comme un produit fatal de la production du cuivre. Elle veut en devenir un grand producteur et vise, à moyen terme, de produire au moins 10 000 tonnes de cobalt par an. » 

Les nouveaux choix

Face à une situation que d’aucuns ont qualifiée de « catastrophique » et de « désespérée », le management a ainsi décidé de prendre le taureau par les cornes en mettant en œuvre la « transformation profonde » de la société en la dotant d’une organisation moderne, plus décentralisée, basée sur une logique d’unités productives (Business Unit), responsabilisées et autonomes dans la majorité de leur gestion courante », fait savoir le DG.

La géologie, une priorité

Dans cette nouvelle configuration organisationnelle, la géologie a été élevée au niveau de direction et sera dotée des moyens techniques modernes pour mener rapidement à grande échelle la recherche en vue de mettre en évidence de nouvelles réserves géologiques, surtout celles de cobalt. Outre cette transformation en profondeur, poursuit Jacques Kamenga, le staff dirigeant a décidé de ne conclure désormais que des partenariats « innovants » et « gagnants-gagnants » basés, selon le cas, sur le principe CET (construction-exploitation- transfert) ou BOT (built-operate-transfer) ou encore de partage de production, à l’instar de la pratique courante dans l’industrie pétrolière. 

Le résultat est d’ores et déjà appréciable, au regard du partenariat avec le groupe chinois CNMC, à Kolwezi, pour la construction en mode BOT d’une usine moderne d’une capacité annuelle de 80 000 tonnes de cuivre et 5 800 tonnes de cobalt. L’objectif est d’atteindre in fine une production de 200 000 tonnes de cuivre et 10 000 tonnes de cobalt par an. Cette usine deviendra la propriété pleine et entière de Gécamines au terme maximum de 10 ans, délai jugé, au terme des négociations, suffisant pour la récupération de l’investissement. Gécamines est décidée à tirer le meilleur profit de ses participations actuelles, en renégociant, dans un esprit d’équité, tous ses partenariats déjà constitués pour une migration vers des partenariats basés sur le partage de production. 

C’est dans ce cadre que Gécamines et Hongkong Excellent Mining Invest Co, LTD (HKEMI) ont signé la toute première convention de partenariat en mode de partage de production relative à l’exploitation commerciale et au partage de la production des gisements de Kingamyambo et Kilamusembo. 

Les joint-ventures (JV) ont démontré leur inefficacité pour produire des dividendes au profit de Gécamines. Pire, le risque dans une JV est majoritairement supporté par le gisement de Gécamines qui rembourse tous les frais prioritairement, avant de produire le bénéfice. La gouvernance des projets n’étant pas équilibrée, Gécamines n’a que peu de pouvoirs pour influer sur le projet. À fin 2017, un seul partenaire minier avait versé à Gécamines des dividendes (en 2017), depuis 2001, soit 3,5 millions de tonnes de cuivre produites et 320 000 tonnes de cobalt. 

La conjonction des charges supplémentaires, additionnées à l’amortissement dérogatoire, ont permis aux partenaires de ne jamais déclarer un dollar de bénéfice. En conséquence, ils n’ont jamais payé un dollar d’impôt sur le bénéfice à l’État, ni un dollar de dividendes à Gécamines. Au total, l’État et Gécamines ont subi un manque à gagner de 4,9 milliards de dollars de revenus entre 2005 et 2016, par rapport aux projections qui avaient décidé du choix de leurs partenaires. Par contre, l’accord de partage de production détaille tous les termes et conditions du partenariat entre Gécamines et HKEMI.