Actuellement, l’inclusion financière est un thème majeur au pays, autour duquel s’articule l’activité bancaire et financière étant donné qu’elle est devenue l’élément le plus important pour mobiliser des fonds et les utiliser efficacement. Et dans ce contexte, les banques étant au cœur de ce processus essaient de relever le défi. Ces dernières s’efforcent d’être présentes partout, notamment dans les provinces. Différentes solutions ont été préconisées, notamment le recours au mobile banking.
Dans le cadre de la stratégie nationale d’accroissement de l’inclusion financière, la Banque centrale, les banques commerciales et les institutions de micro-finance mettent l’accent sur l’éducation financière et la protection des consommateurs de services financiers. La situation économique générale est marquée par la persistance de l’économie informelle qui est soutenue par une désintermédiation financière dont témoigne la vigueur du marché de change parallèle et la circulation monétaire hors banque (autour de 4 milliards de dollars) contre des dépôts bancaires de quelque 3 milliards de dollars, logés dans environ 1 million de comptes bancaires.
Ces effectifs de comptes sont insignifiants au regard d’une population autour de 70 millions d’âmes. Il s’agit sans doute de l’un des taux de bancarisation les plus faibles au monde. Malgré les progrès enregistrés ces dernières années, le taux d’inclusion financière en RDC est passé de 2,2 % à 5,7 % de l’ensemble de la population entre 2002 et 2016. Cette « performance » est essentiellement due à la bancarisation « décrétée » de la paie des salaires des agents et des fonctionnaires de l’État, y compris celle des policiers et des militaires.
Le processus de bancarisation de la paie dans le secteur public a été mis en place sur base d’un protocole d’accord entre l’ACB et l’État congolais. C’est à l’ACB qu’il est revenu de déterminer quelle banque recevrait tel groupe de fonctionnaires et agents.
Perspectives d’avenir
Le gouvernement a demandé aux employeurs du secteur privé de payer également les salaires de leurs travailleurs par voie bancaire. Un arrêté interministériel a été signé par les ministres des Finances ; de l’Économie et du Commerce, ainsi que celui de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale.
Au vu du nombre potentiellement croissant d’acteurs dans le système financier national ainsi que de la diversification des produits offerts, les spécialistes s’attendent à une plus grande inclusion financière dans les années à venir.
Dans le MasterCard African Cities Growth Index (ACGI) des villes à plus forte croissance inclusive, les villes de Kinshasa et de Lubumbashi figurent respectivement à la 15è et 23è places. Depuis quelques années, l’ACGI analyse à la loupe l’évolution des villes africaines à travers leur dynamisme dans l’utilisation des services financiers formels. L’indice de MasterCard se base sur plusieurs critères, dont le nombre d’habitants, la croissance économique, le produit intérieur brut (PIB) par habitant, l’accès à l’électricité et à l’eau en milieu urbain, la santé, l’éducation, la bancarisation des citoyens, la participation des investissements directs étrangers (IDE) dans le PIB ou encore la croissance des dépenses des ménages. Ainsi que sur d’autres indicateurs comme la gouvernance, la lutte contre la corruption, la croissance démographique, la stabilité politique, l’absence de violence et la part de la classe moyenne dans l’ensemble de la population… Selon MasterCard, le géant mondial des solutions de paiement, ces deux villes peuvent améliorer leurs scores pourvu qu’elles relèvent quelques défis. Parmi lesquels la décentralisation, la réduction de la pauvreté, l’intégration des migrants ruraux, la promotion de la santé, l’éducation, la formation et l’emploi en faveur des personnes déplacées…
En publiant chaque année son indice de croissance inclusive, MasterCard poursuit un seul objectif : inciter les villes africaines à améliorer l’inclusion financière. En développant et en diversifiant des produits, davantage de personnes vivant dans la pauvreté pourront avoir accès à des services financiers sécurisés, abordables et pratiques. MasterCard travaille avec les gouvernements et les institutions financières dans plus de 210 pays et territoires en vue de l’inclusion financière à travers les paiements électroniques. En RDC, le géant mondial de la monétique collabore avec des banques et d’autres institutions financières dans l’utilisation des produits acceptés partout à l’international. Par exemple, en collaboration avec MasterCard, la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) a imaginé la carte prépayée Heyano destinée prioritairement aux populations non bancarisées afin d’encourager l’accès aux services financiers.
Les goulets d’étranglement
Plusieurs raisons sont avancées pour justifier la faible bancarisation de la population. Le recours au circuit bancaire aujourd’hui est simplement un effet d’époque, c’est-à-dire détenir un gadget électronique. L’afflux des investisseurs est un clair-obscur. Soit, ils viennent pour blanchir de l’argent sale dans ce qui pourrait passer pour une nouvelle frontière du capitalisme casino, où peuvent se réfugier encore les fonds toxiques contre lesquels le G-20 a, au nom de la moralisation du capitalisme, engagé une lutte impitoyable. Soit, ils sont véhiculés par des trusts financiers internationaux, qui tiennent à garder une position forte, en attendant que se calme la tempête pour profiter de la relance d’une économie aux potentialités pétillantes.
L’autre raison, c’est la quasi-absence de ces institutions financières dans l’arrière-pays et leur concentration dans leur tour d’ivoire kino-lushoise. L’autorité monétaire devrait demeurer vigilante. Le gouvernement devrait fournir des efforts de réforme pour répondre au souci d’assainissement de l’environnement économique et du climat des affaires, car il ne peut y avoir prospérité des institutions financières sans celle des entreprises.
La modernisation du système national de paiements et de la centrale des risques, ainsi que la mise en place d’un fonds de garantie des dépôts devraient déboucher sur une amélioration de la qualité des services rendus par les institutions financières et une plus grande satisfaction de leurs clients. Concernant la modernisation du Système national de paiements, il a été question notamment d’incorporer les principes relatifs à la protection des consommateurs dans la loi et dans l’instruction sur la normalisation des moyens et systèmes de paiement. Il s’agit du droit au compte (la promotion des instruments de paiement), de la communication à la clientèle des informations sur les services financiers et de la preuve électronique